29 février 2012

La Chariâa dans la constitution : une provocation mal saine


La question posée par l’actualité n’est pas seulement une question d’attitude vis-à-vis de la  religion et de sa relation avec l’Etat. La réalité, c’est que la politique en faillite du gouvernement provisoire, face à la crise, consiste à prendre le peuple en étau entre deux fascismes, celui, de plus en plus agressif, de la classe dirigeante et celui d’un autre fascisme menaçant : des intégristes salafistes s’appuyant sur la religion. Des deux côtés, le danger est grand...
Vouloir introduire la Chariâa dans la nouvelle Constitution est une provocation et une déclaration de guerre aux tunisiens qui ont appris à vivre en bonne entente avec l’Islam malikite et hanafite. La Chariâa, c’est cent interprétations, c’est ouvrir une voie royale au fascisme et à la dictature. La chariâa islamique comme  source essentielle pour l’élaboration des lois,  c’est  est aussi accepter des attitudes agressives de ces jihadistes, intégristes et salafistes et leur diktat, c’est aussi la répudiation et les quatre femmes  et tant d’autres choses. Non, les tunisiens et surtout les tunisiennes n’en veulent pas de cela. Ce n’est pas le projet de la révolte du 14 janvier. Les tunisiens n’ont pas dégagé Ben Ali pour instaurer la chariâa dans le pays. C’est la contre-révolution qui s’installe dans le pays, c’est un projet de société diamétralement opposé à celui du peuple dans son écrasante majorité. La Constituante joue avec le feu et si elle persiste elle perdra !
Sadok Chourou, député d’Ennahdha et membre de la commission du préambule, a déjà donné le ton dans les débats de sa commission en déclarant que « le préambule doit se faire suivant trois références fondamentales, qui sont le Coran, la Sunna et l’unanimité des savants de la Umma islamique. C’est l’unique référence fondamentaliste islamiste reconnue et les théologiens de l’Islam sont unanimes là-dessus ».  Ces propos de ce salafiste  constitue une déclaration de guerre que tous les Bourguibistes et Hachedistes ont bien compris et ne mettront pas beaucoup de temps pour s’opposer à cette agression lâche. Nos moyens sont énormes pour faire face à cette dérive et à ce complot.
N’oublions pas l’introduction de la chariâa au Soudan a abouti in fine à imploser ce pays frère. Il est vrai que la Tunisie n’est pas le Soudan mais les tunisiens n’en veulent pas d’une Constitution basée sur la chariâa. Le risque est énorme et le clivage est net. Le Littoral refuse l’arrogance de ces  salafistes comme un certain Chourou et tant d’autres émirs d’ennahdha qui cherchent à déstabiliser notre pays en introduisant des concepts archaïques et anachroniques.
L'Islam est dans notre coeur et dans notre pratique quotidienne, il ne doit pas être la source de la Fetna et de la division de notre peuple.
Mustapha STAMBOULI