19 février 2012

Mourou, serpent de mer, il se mordra un jour la queue !


Un journal électronique a titré aujourd’hui dans l’un de ses articles « Abdelfattah Mourou, islamiste, républicain et démocrate ». C’est  un titre provocateur car on ne peut pas être Islamiste et  républicain de même que islamiste et démocrate. C’est un non sens. Un islamiste pense à la Oumma islamique comme territoire et à Charia comme dogme de gouvernance. Le pluralisme ne fait pas partie du vocabulaire des islamistes. La République est intimement liée  à la laïcité de l’Etat, ce que refusent les islamistes. Donc arrêtons d’utiliser des termes inappropriés pour qualifier Mourou.
Les tunisiens n’ont pas oublié que ce dernier est  le géniteur et le fondateur d’Ennahda en 1989, avec, entre autres, Rached Ghannouchi et Salah Karker. Il est aussi un des théoriciens de  l’islamisme politique. Cessons de faire de ce respectable personne une denrée rare !  Oui, Mourou est un personnage  fort  sympathique, un bel homme et un vrai  « beldi », un orateur hors pair ... mais il est  toujours islamiste. Certains ou plutôt certaines trouvent en lui  la trempe bourguibienne. Mourou est  tout simplement une caricature de Bourguiba.  Le Combattant suprême est d’abord un grand patriote, un  visionnaire hors pair, un fin stratège politique, un réformateur  courageux, homme de  culture sans limite. Bourguiba avait les qualités d’un homme politique et le leader qui avait marqué le plus le  XXème siècle. Si Lahbib a été de tous les combats, combats gagnés à chaque fois : émancipation de la femme, laïcité à la tunisienne et plutôt bourguibienne, développement économique et social,  contrôle des naissances.... Bourguiba est le père  de l’approche systémique avant date. Bourguiba a construit le bourguibisme : une approche méthodologique pragmatique  de combat politique, un ensemble de concepts, de convictions et un système d’outils d’organisation et de gestion de la vie politique en adoptant la politique des étapes et l’essentiel sur l’important. Bourguiba avait construit quelque chose qui tiendra la route … la Tunisie républicaine  du «juste-milieu». Le Combattant suprême a toujours revendiqué l’arabité et l'islam tolérant. Cependant, il s’opposait à l’arabisme et à l'islamisme. Bourguiba a croisé la « roue de l’Histoire » au point de devenir l’incontournable référence politique en Tunisie.
Où est Mourou dans tout cela ? Lui, c’est un champion du double langage, il change son discours selon ses auditeurs. Je connais cette personne depuis 30 ans. Il a toujours le même objectif : installer un pouvoir «traditionaliste» à référence islamique, exactement à  l’opposé de Bourguiba qui a su écarter  la religion de la sphère politique pour la préserver.  Pour Bourguiba,  la laïcité c'est un axiome qu'on ne peut pas violer et qu’on n’a pas besoin de démontrer.
Mourou a un problème avec Bourguiba, il a déclaré dans son discours en 1998 : "Notre cause est qu’il n’y ait pas de Bourguiba après Bourguiba.". Aussi, dans la conclusion de ce même discours, Mourou s'est dévoilé et a donné la stratégie d'ennahdha une fois au pouvoir : "En bref, cela signifie qu’Ennahda utilise le terme démocratie dans un but tactique, politique, en s’adressant au citoyen tunisien moyen et aux occidentaux , tout en sachant que « la conception islamique du pouvoir n’est pas la conception démocratique ». "Dans la conception islamique du pouvoir, telle que comprise par Ennahda, le peuple peut décider uniquement dans les domaines qui n’ont pas été réglés par Dieu: « établir une municipalité ici ou là, imposer un impôt quelconque, tant que cela est permis par Dieu ». Ennahdha nous promet une République Islamique, chère Madame.
Mourou est un  serpent de mer qui se mordra un jour la queue .  C’est un homme vaniteux, orgueilleux, facile à abattre. Il n’a pas de l’endurance.