11 mai 2012

Elections législatives algériennes : l’abstention a triomphé!


Selon les chiffres officiels, le taux de participation a atteint 44,38 % sur le territoire national et 14 % à l’étranger, soit un total de 42,9 %. Ce sont donc 57,1% des Algériens et Algériennes qui ont choisi de s’abstenir. Cette masse silencieuse n’a pas rejeté seulement le pouvoir de Boutaflika,  elle a  aussi désavoué les 44 partis qui ont pris part au scrutin, des islamistes en particulier.

 Le Mardi 08 avril, dans un discours prononcé à Sétif, Bouteflika a déclaré que les élections législatives marqueraient une étape décisive dans le programme de ses réformes, et il a appelé la population à se rendre massivement aux urnes. "Cette élection sera un test pour la crédibilité du pays". Avec une  telle abstention, le régime actuel n’a-t-il pas perdu définitivement ladite crédibilité ? Les prochaines semaines seront décisives pour l’Algérie et ses voisins. Les islamistes «purs et durs » exclus de ces élections engageront-ils une nouvelle guerre contre le pouvoir ? L’opposition démocratique qui n’a pris part aux élections prépare-t-elle des actions de contestations civiles ?
 Par ailleurs, la campagne électorale n’a pas marqué les esprits. Les partis politiques ont brillé par leur incapacité à proposer une nouvelle feuille de route pour le pays qui demeure prisonnier de son pétrole et de son gaz et incapable de construire une vraie machine productive. Le marché intérieur algérien s’alimente exclusivement de produits de consommation  importés. La classe politique algérienne doit avoir le courage de sortir le pays de ce blocage : l’Etat algérien  doit  se retirer de la sphère économique et  rester présent uniquement dans des secteurs stratégiques, condition nécessaire pour construire une industrie locale performante et un secteur privé capable d’investir et pourquoi pas d’exporter.
Le FLN a écrasé ses concurrents et arrache pas moins de 220 sièges dans le futur Parlement. Le FLN ne doit pas oublier que plus de la moitié des algériens et algériennes ont boudé ces élections et qu’il y une autre majorité dans la rue. Ce parti doit comprendre que rien ne sera comme avant. Espérons que le FLN tire les bonnes conclusions de ce succès électoral. Sans un code électoral partisan, le FLN n’aurait jamais obtenu un tel score. Si le code avait prévu un second tour, les résultats seraient autres !
 Le grand hic de ces élections est la loi sur la représentation féminine. Cette loi prévoit un taux de 20 % pour les wilayas de 4 sièges, 30 % pour plus de 5 sièges, 35 % pour 14 sièges et plus, et enfin 40 % pour plus de 32 sièges. Ce choix constitue une anomalie flagrante et un casse-tête qui risquent de poser de sérieux problèmes. Cas d’école : si la  liste d’un parti remporte deux sièges et que les deux premiers de la liste sont des hommes, le numéro deux devra laisser sa place à la première femme de la liste même si celle-ci n’est listée qu’en dernier. C’est  une loi antidémocratique voire anticonstitutionnelle.
Le principal perdant de ces élections algériennes est le parti islamiste tunisien «Ennahdha» qui espérait que ses acolytes algériens fassent un ras-de-marrée sur le Parlement algérien. Une carte de moins aux mains des nahdhouis d’autant plus que le FLN a accusé le parti islamiste tunisien Ennahdha de soutenir les candidats islamistes de la communauté algérienne en Tunisie . L’étau se resserre encore davantage sur la Troïka au pouvoir en Tunisie. Après l’échec électoral humiliant de Sarkozy en France, voilà maintenant le FLN confirmée dans  son redressement par un succès électoral inattendu. Le fantasme d’un Maghreb islamiste ne s’est pas accompli !