Selon
les chiffres officiels, le taux de participation a atteint 44,38 % sur le
territoire national et 14 % à l’étranger, soit un total de 42,9 %. Ce
sont donc 57,1% des Algériens et Algériennes qui ont choisi de s’abstenir. Cette masse silencieuse n’a pas rejeté seulement le
pouvoir de Boutaflika, elle a aussi désavoué les 44 partis qui
ont pris part au scrutin, des islamistes en particulier.
Le
Mardi 08 avril, dans un discours prononcé à Sétif, Bouteflika a déclaré que les
élections législatives marqueraient une étape décisive dans le programme de ses
réformes, et il a appelé la population à se rendre massivement aux urnes.
"Cette élection sera un test pour la crédibilité du pays". Avec une
telle abstention, le régime actuel n’a-t-il pas perdu définitivement ladite
crédibilité ? Les prochaines semaines seront décisives pour l’Algérie et ses
voisins. Les islamistes «purs et durs » exclus de ces élections engageront-ils
une nouvelle guerre contre le pouvoir ? L’opposition démocratique qui n’a
pris part aux élections prépare-t-elle des actions de contestations
civiles ?
Par ailleurs, la campagne électorale n’a pas marqué les esprits. Les partis
politiques ont brillé par leur incapacité à proposer une nouvelle feuille de
route pour le pays qui demeure prisonnier de son pétrole et de son gaz et
incapable de construire une vraie machine productive. Le marché intérieur algérien
s’alimente exclusivement de produits de consommation importés. La classe politique algérienne
doit avoir le courage de sortir le pays de ce blocage : l’Etat algérien
doit se retirer de la sphère économique et rester présent uniquement
dans des secteurs stratégiques, condition nécessaire pour construire une
industrie locale performante et un secteur privé capable d’investir et pourquoi
pas d’exporter.
Le FLN a écrasé ses concurrents et arrache pas moins de 220 sièges dans le
futur Parlement. Le FLN ne doit pas oublier que plus de la moitié des
algériens et algériennes ont boudé ces élections et qu’il y une autre majorité
dans la rue. Ce parti doit comprendre que rien ne sera comme avant. Espérons
que le FLN tire les bonnes conclusions de ce succès électoral. Sans un code
électoral partisan, le FLN n’aurait jamais obtenu un tel score. Si le code
avait prévu un second tour, les résultats seraient autres !
Le grand hic de ces élections est la loi sur la représentation féminine.
Cette loi prévoit un taux de 20 % pour les wilayas de 4 sièges,
30 % pour plus de 5 sièges, 35 % pour 14 sièges et plus, et enfin
40 % pour plus de 32 sièges. Ce choix constitue une anomalie
flagrante et un casse-tête qui risquent de poser de sérieux problèmes. Cas
d’école : si la liste d’un parti
remporte deux sièges et que les deux premiers de la liste sont des hommes, le
numéro deux devra laisser sa place à la première femme de la liste même si celle-ci
n’est listée qu’en dernier. C’est une loi antidémocratique voire
anticonstitutionnelle.
Le principal perdant de ces élections algériennes est le parti islamiste tunisien
«Ennahdha» qui espérait que ses acolytes algériens fassent un ras-de-marrée sur
le Parlement algérien. Une carte de moins aux mains des nahdhouis d’autant plus
que le FLN a accusé le parti islamiste tunisien Ennahdha de soutenir les candidats islamistes de la communauté algérienne en Tunisie .
L’étau se resserre encore davantage sur la Troïka au pouvoir en Tunisie. Après
l’échec électoral humiliant de Sarkozy en France, voilà maintenant le FLN
confirmée dans son redressement par un succès
électoral inattendu. Le fantasme d’un Maghreb islamiste ne s’est pas accompli !