15 juillet 2013

Atiggate : dérapage fascisant qui en dit long …

Quatre évènements majeurs ont bouleversé la donne politique dans la région arabe : i- la victoire éclatante de l’armée Arabe syrienne sur la multinationale jihadiste a provoqué un séisme politique de force 9 sur sur l'échelle de « Richter-géopolitique », ii- l’échec de Morsi en Egypte et son dégagement par la rue et l’institution militaire inscrit une nouvelle victoire des forces républicaines en Egypte, iii- la remise en cause par la société civile républicaine laïque de la légitimité du pouvoir des islamistes sans barbe à Ankara donne un coup fatal à l’islam politique, iv- enfin, l’éviction du « Rajel Moza» sur recommandation de l’oncle Mam suite à l’échec l’émir à renverser Bachar Al Assad, le nouveau Héros National Arabe.

Une boule de neige qui commence à grossir empêchant les islamistes à dormir et surtout à les pousser à dire n’importe quoi …

C’est dans ce contexte que le parti islamiste au pouvoir a organisé le 13 juillet dernier un meeting de soutien au président déchu Morsi.  Sahbi Atig, président du groupe parlementaire à la Constituante a prononcé un discours haineux et menaçant à l’intention de ceux et celles qui soutiennent le mouvement Tamarrod dont l’objectif la dissolution de la Constituante. Les termes choisis pour menacer les tamarrodistes et leurs sympathisants sont clairs. N’a-t-il pas dit en substance : « Toute personne qui piétine la légitimité en Tunisie, sera piétinée par cette légitimité et toute personne qui ose tuer la volonté du peuple en Tunisie ou en Egypte, la rue tunisienne sera autorisée à en faire ce qu’elle veut y compris de faire couler son sang (youstabahou) ». 

A notre connaissance, Atig n’est pas n’importe qui. Ce n’est pas un vulgaire malfrat-baltagi qu’on peut lui pardonner un dérapage incontrôlé. Non, Il est le président du groupe du parti majoritaire à la Constituante. 

C’est la quatrième personne dans la hiérarchie du pouvoir. Pourquoi a-t-il osé prononcer sciemment ces mots horribles et indignes ? Cherche t-il à détourner l’intention du peuple tunisien du mouvement tamarrod ? A-t-il des instructions de son parti pour agir ainsi ? Il n’est pas nécessaire que Atig ait réellement eut l’intention de mettre ses menaces à exécution pour être reconnu coupable. C’est le sens des mots qui importe.

La justice doit se préoccuper rapidement de cette affaire avant qu’elle ne se banalise. Venant d’une personne ayant des responsabilités aussi importantes, la justice doit mettre son dispositif en état d’alerte et accuser ce hors-la-loi par voie d’acte criminel et de le condamner comme le font les pays démocratiques d’une peine allant de 2 à 5 ans.

Ne pas réagir maintenant, c’est accepter toutes les dérives fascistes et dictatoriales car le fascisme, c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève...

Devant ce silence et ce laisser-faire du pouvoir, j’en appelle à la société civile et aux partis de l’opposition pour nous mobiliser massivement et rapidement sinon nous serons tous coupables d’une guerre civile annoncée et de non-assistance à peuple en danger… L’opposition est menacée d’extermination si elle ne bouge pas aujourd’hui. Les Centrales syndicales doivent réagir vite en organisant une grève générale d’une journée prouvant que syndicalisme en Tunisie a son mot à dire et qu’il ne tolérera pas des dérapages aussi graves.

La société civile a réagi violemment contre la diatribe de cet imbécile de constituant. La militante Leila Toubel n’a pas manqué  de lui dire les quatre vérités : « Monsieur Atig, je n'ai pu fermer l’œil de la nuit, tellement - et certainement comme beaucoup de tunisiennes et tunisiens- j'étais excitée à l'idée de parfumer la terre de mon sang... de colorer de rouge ma patrie et de retrouver les martyrs qui nous manquent tant... Mr. Atig, il ne vous est pas possible d'imaginer une seconde l'impact de vos menaces sur nous... nos tripes et nos cœurs dansent sur les rythmes de la rébellion et nos corps chantent l'hymne de la désobéissance... Mr. Atig vous n'aviez pas besoin de le dire si haut... nous avons déjà rencontrés la monstruosité de vos visages , l'atrocité de vos mots et l'horreur de votre projet... Mr. Atig nous serons dans la rue... venez donc nous en empêcher ».

La ligne de fracture est devenue claire : Ahmed Khaskhoussi, député à l'ANC du Mouvement des démocrates socialistes (MDS)  a montré le chemin par l’annonce de sa démission en direct à l'assemblée.  Tous nos respects par cet homme ! L'histoire retiendra le courage de ce républicain ... Tant pis pour les khobsistes...

En cette période estivale, la roue de l'histoire tourne vite, au point que la physionomie générale de la région arabe se métamorphose en mettant entre parenthèses la politique  cauchemardesque des islamistes venus par l’appui massif des américains. A en croire le tartour en chef américain, l’Administration US a dépensé plus de 25 Milliards de $ pour assoir le traitre Morsi au pouvoir en Egypte.

Mustapha STAMBOULI