06 mars 2015

La classe politique est morte ! Vive l'Etat !

"إلى أرض تونس أرض المزج والنّار" محمود المسعدي

Le surendettement et la faillite de l'Etat tunisien est à l’ordre du jour. Sommes-nous capables d’éviter le pire ? Irons-nous vers un traité semblable au traité du Bardo de 1881 qui avait préparé la colonisation de notre pays durant 75 ans.   

 Déficits budgétaires énormes, une dette publique en devises de plus 40 Milliards de DT, déficits historiques des balances extérieures,  caisses de retraite menacés de faillite, banques publiques au bord de l’implosion, chômage dépassant les 30% de la population active, une mafia qui impose sa loi et gère l’équivalent  de 50% du PIB et dispose de plus   10.000 MDT en devises fortes, absence de vision et la liste est longue : un bilan chaotique … Ce chaos est-il voulu et organisé ? Les 5 gouvernements post 14 janvier 2011  ont-ils participé directement ou indirectement au massacre de l’économie tunisienne et des finances publiques ? Tout indique que ces gouvernements sont complices avec les « amis de Tunisie» pour rendre notre pays un Etat sans souveraineté …


L’Etat tunisien ne dispose plus de moyens financiers pour aborder la gestion 2015, il faudrait trouver plusieurs milliards de dinars pour combler un gap budgétaire de l’équivalent de 7% du PIB voire plus. Le climat social est tendu au point qu’on croit revivre la crise de l’UGTT-Gouvernement Nouira en 1978. Plusieurs régions vivent en état de rébellion donnant le sentiment d’un « remake » du mois de décembre 2010. L’inventaire de cet état de fait déplorable est long et large prouvant que la feuille de route choisie est mal conçue. La classe politique dans son ensemble en est responsable. La crise systémique est réelle et le pays se trouve à deux doigts de la banqueroute. Les prêts de l’UE peuvent-ils sauver une classe politique à l’agonie ? Personnellement, je dis non car ces emprunts sont conditionnés par les exigences des bailleurs de fonds. Ces derniers sont difficiles et à mettre en place comme :

(i) réduction des dépenses de la fonction publique,
(ii) maitrise des dépenses de la Caisse de compensation,
(iii) capitalisation des banques publiques,
(v) octroi plus d’autonomie de la BCT.

L’Etat doit entrer en guerre contre la mafia pour gagner la guerre contre DAECH …  Tout pense à croire que les prochains mois seront décisifs pour le futur tunisien : une approche globale de lutte contre l’extrémisme de tout bord doit être mise en place avec une priorité consistant à étouffer les réseaux mafieux dans les plus brefs délais.

L’Etat tunisien doit s’organiser autrement et rapidement pour mettre fin à la destruction de l’autorité de l’Etat et l’assèchement des revenus publics. Faute de quoi, nous serons facilement attaqués par Daech et  ses tentacules locaux. La lutte contre le mal «daechien» passe par l’extermination de la mafia frontalière et ses tentacules dans les grandes villes du Littoral.

Tous les problèmes qui agitent la Tunisie  en ce moment critique de l’histoire de notre pays ont un dénominateur commun : l’incompétence de la classe politique. Cette "caste", doit s’éclipser rapidement et remettre l’Etat tunisien à ceux qui peuvent stopper cette l’hémorragie … ,

Il va falloir redéfinir le rôle de l’Etat et ses principales missions et opérer immédiatement une décentralisation poussée voire intégrale  laissant aux communes, aux régions et aux districts la responsabilité de la gestion des affaires publiques et ne laissant à l’Etat central que la sécurité extérieure, la diplomatie et la politique monétaire et la justice.

L’Agenda que doit suivre l’Etat tunisien aurait ce contour :

(i)  eu égard de la gravité de la situation sécuritaire et des difficultés financières de l’Etat, la dissolution du Parlement et la suspension de la Constitution s’impose,   

(ii) remettre tous les pouvoirs aux trois présidents (chef de l’Etat, président de l’ARP, chef de gouvernement) qui auront  la responsabilité de mettre en place un gouvernement de crise pour sortir le pays du gouffre,

(iii) demander aux institutions internationales le rééchelonnement de la dette tunisienne avec un délai de grâce de 10 ans,

(iv) mettre fin aux pratiques d’endettement et interdire tout prêt qui ne participe pas à l’investissement,

(v)  procéder à un audit du secteur énergétique et renégocier tous les anciens contrats,

(vi) mener une guerre contre la mafia financière et insérer le secteur informel dans l’économie contrôlée,

(vii) procéder à une reforme structurelle et systémique des caisses de retraite,

(viii)  nul ne doute que la Caisse de compensation plombe le budget de l’Etat. On affecte la somme de six (6) milliards de dinars à la compensation (alimentation, énergie). Ce montant est supérieur au budget de l’investissement public. Inadmissible et incohérent pour un pays qui manque de moyens financiers et qui fait appel au marché monétaire international pour prêter de l’argent avec des taux relativement élevés eu égard des mauvaises notes des agences de notation. Seul un ciblage des couches marginalisées permettrait aux réels nécessiteux de bénéficier directement de ces subventions, tout en allégeant les charges de la caisse.

Dans les années 80, il a fallu le coup d’Etat du 7 novembre 1987 opéré par ZABA et ses acolytes avec le parapluie occidental pour finaliser le PAS, cette fois-ci, il faudra soit un changement radical démocratique de la majorité pour dessiner un projet de restructuration de la Tunisie  acceptable et réalisable  par un changement autoritaire par la mise en place d’une nouvelle transition capable de sauver le pays menacé d’une dérive exceptionnelle comparable à celle des années 80 et d’une banqueroute certaine.

Mustapha STAMBOULI

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