Widad Bouchamaoui-présidente de l’UTICA, au pouvoir
risquerait de subir le sort de Marc Ravalomanana, l’homme d’affaires le plus
puissant de Madagascar, promu président de la République. Il a échoué
terriblement car lui était difficile de faire la part des choses : un
homme d’affaires demeure toujours soucieux de ses intérêts et de sa
corporation.
L’initiative de l’UTICA de sortir des seconds rôles est une
bonne nouvelle mais aller jusqu’à occuper la Kasbah, c’est prendre le risque de
payer les pots cassés.
Widad au poste de Chef de gouvernement radicalisera
forcément les positions de l’UGTT. La patrone des patrons doit rester en dehors
des tiraillements politiques dans
l’intérêt de son Holding et celui de l’UTICA qui n’a pas besoin d’une
nouvelle crise.
Widad est bien là où elle est ! L'UTICA n'est pas une
mince affaire. Widad est arrivée à stabiliser cette organisation après plusieurs mois de concertation et de
négociation, alors pourquoi vouloir recommencer l'exercice ? Si elle est
intéressée par la politique, elle aura le temps de s'engager aux prochaines
élections. Le futur chef de gouvernement ne devrait pas avoir une couleur trop
visible. Bouchamaoui représente le capital et les affaires...
Ceux qui cherchent à pousser cette Dame de fer dans les
affaires politiques ont certainement des arrières pensées bien claires :
transformer le conflit politique en conflit social. Il est certain que le parti
islamiste au pouvoir tente par tous les moyens de faire oublier au moins pour
une petite période le conflit idéologique qui devise la société tunisienne.
L’UTICA ne sortira pas indemne du passage de Bouchamaoui au
gouvernement car la dernière transition durera longtemps et non 6 à 8 mois
comme le supposent certains. Le gourou fera tout pour faire durer cette
transition, le temps de refaire une santé pour son mouvement. Rien n’empêche si
les conditions lui seront favorables de remettre en cause tout le processus de
transition forcée si la Constituante n’est pas dissoute.
Dans tous les cas, nous ne
désespérons pas et continuons de croire que la classe politique tunisienne dans son ensemble peut réussir là
où elle a déjà échoué depuis le 14
janvier 2011. Elle trouvera certainement le profil qu’il faut pour diriger le
pays durant la dernière transition.
Un Chef de gouvernement doit avoir la confiance de tous les
tunisiens et tunisiennes. Il doit être digne, prêt à mener la Transition
consensuelle avec le Chef de l’Etat à son terme et conduire le pays à des
élections libres, transparentes et surtout justes selon un calendrier clair. Un
Chef de Gouvernement doit maîtriser la paix sociale et être compétent et
capable de convaincre les partenaires sociaux et la communauté internationale. Un
Chef de Gouvernement doit maîtriser les difficultés de la population et le
social et être un véritable authentique patriote. Le Chef de Gouvernement doit
avoir une expérience solide dans les affaires publiques et surtout celles en
rapport avec les finances, l’économique et les aspects sécuritaires. Sans ces
qualités, le locataire d’Al Kasbah n’a aucune chance de mener à bien le pays, à
bon port.
Malheureusement Widad Bouchamaoui ne répond pas aux termes
de référence d’un chef de gouvernement de crise. Rien ne sert de vouloir forcer
les choses dans la vie et surtout dans la vie politique. Un échec d’un
gouvernement des compétences après l’échec d’un gouvernement politique risque
de livrer le pays à l’inconnu et l’inconnu dans ce cas, c’est la dictature.
Espérons que ce n’est pas la stratégie tracée par certains.
La désignation de Widad à la Kasbah est une manouvre pour
donner un nouveau souffle au gourou qui se trouve actuellement au bord de l’asphyxie
…
La stratégie du patron du parti islamiste consiste à diviser
pour régner : en offrant à Widad Bouchamaoui la primature, il obtient
implicitement le ralliement de l’UTICA et l’affaiblissement du Front du Salut
National. Une neutralité de l’UTICA vaut une victoire pour le pouvoir. Le
Gourou est en train de tester une méthode d’intégration par parties. Ce
puissant outil mathématique sert à transformer l'intégrale d'un produit de fonctions en
d'autres intégrales, dans un but de simplification du calcul. En casant Widad à
la Kasbah, c’est le début de l’intégration par parties. ..
Si l’intégration de Bouchamaoui réussie, alors, le gourou
serait tenté de faire une OPA sur l’UGTT en offrant Carthage à l’incontournable
Abassi, Boss de la principale centrale syndicale. Dans cette logique de
l’intégration par parties, Ghannouchi pourra faire de BCE le Fabius tunisien,
tant qu’à faire… Si ce scénario se met réellement en place, cela voudrait dire
que le renard de Mont-plaisir a atteint son objectif –corrompre tous les hommes
et femmes influents du pays.
Mustapha STAMBOULI