Dans le cadre de la préparation du budget de l’Etat 2014, le
staff du ministère des Finances lancent des idées de réformettes pour tester l’opinion
publique et surtout les institutions internationales. Le Ministre des Finances
et le Directeur Général de la douane ont fait le point devant les députés de l’ANC.
Fakhfakh, ministre des finances cherche à tester des idées peu convaincantes
pour camoufler son échec dans la gestion des finances publiques. Le déficit
budgétaire a atteint cette année plus de 12% (7,5% du PIB).
Les réformes structurelles Fakhfakhiennes consisteraient (i)
à remplacer l’intervention des banques publiques par la microfinance et la
finance islamique, (ii) à imposer les sociétés totalement exportatrices, à un
taux de 10%, (iii) à déclarer la guerre au "terrorisme économique"
pratiqué par la contre bande.
Le très compétent ministre des finances a-t-il les moyens d’imposer
ses réformettes ? Pourrait-il s’attaquer aux ventes illicites des marchandises
de tout genre (carburant, cigarettes et équipements de tout genre …).
Comment a-t-il fixé le taux d’imposition qui serait appliqué
aux entreprises totalement exportatrices ? Fakhfakh croit-il sérieusement que
la microfinance et la finance islamique ? Ces deux outils des « sous
développés » seraient-ils en mesure de résoudre les problèmes des petits
investisseurs tunisiens ? Sait-il que le taux réel appliqué en microfinance
atteindrait 25 à 35 %. J’invite Fakhfakh de se documenter sur ces deux modes de
financement avant de penser à liquider les banques publiques.
Un voyage d’études en Afrique –que je connais parfaitement-
peut l’aider à se rendre compte de la réalité de la microfinance. J’ai eu
l’occasion dans mes anciennes fonctions aux Nations Unies de constater que la
mafia de la microfinance exploite bel et bien les pauvres artisans et paysans.
Le microcrédit est une pratique usurière.
Aussi, l'absence d'imagination est une caractéristique constante de
ce gouvernement : comment peut-on augmenter d'un seul trait le prix des vignettes de voiture (25%) ?
Les automobilistes payent doublement le coût de l'infrastructure à travers les
taxes sur le consommables et la taxe de circulation. D’après nos estimations, l’Etat
récupère 2 fois ce qu’il dépense pour l’infrastructure y compris l’amortissement
de cette dernière. Il faut arrêter ce pillage facile et systématique.
De son côté, le directeur général de la Douane avoue son
échec en matière de maitrise de nos « frontières commerciales » :
la vente des cigarettes de la contrebande coûte à l'Etat un manque à
gagner de plus 300 millions de dinars.
La mafia de la de la contrebande accapare plus de 50% du marché des cigarettes
en Tunisie. La peste des cigarettes introduites par la contre bande est un
certainement un problème financier pour l’Etat mais constitue aussi un problème
de santé publique car ces cigarettes sont fabriquées dans des usine
clandestines ne respectant nullement les règles d’usage de fabrication.
Pourquoi la douane n’attaque-elle pas tout le circuit des cigarettes
prohibées : harceler la contrebande ne suffit pas à stopper ce commerce
illégal, les revendeurs en gros et en détail ne sont nullement inquiétés et
vendent leurs marchandises ? L’approche de lutte contre la mafia doit être
globale et systémique sinon les pv rédigés ne font que gonfler les archives du
ministère des finances. Arrêtons de chercher les prétextes et appliquons juste
la loi existante.
Les nouvelles orientations de la Loi des Finances visent à
déconstruire un système cohérent de l’intervention de l’Etat dans les secteurs
prioritaires de l’économie à travers l’outil fiscal. Fakhfakh nous informe les
dividendes distribués sur les actions détenues par les personnes physiques seraient
imposées à concurrence de 10%, alors qu'elles en étaient exonérées. Le
gouvernement est-il conscient de la dangerosité de cette orientation qui poussera
fatalement les actionnaires à liquider leurs portefeuilles et faire fructifier
l’argent ailleurs et autrement … C’est une politique d’assèchement de liquidité
sur nos entreprises, manière de vendre le capital de ces dernières aux
investisseurs étrangers à bas prix.
Arrêtons la démagogie svp et faisons le point sur la gestion
désastreuse de la loi des finances 2013. Il est inadmissible qu’un gouvernement
oublie de faire une révision budgétaire sachant que les écarts entre le budget initial
et inputs/outputs sont énormes et hors normes. La Cour des comptes doit
s’en occuper de cette affaire dès le 1er janvier 2014.
Mustapha STAMBOULI