Le conflit UGTT-pouvoir en
place est en apparence d’ordre syndical et de revendications sociales. En
réalité, il n’en est rien. Il est fondamentalement politique et même de
positionnement stratégique. L’UGTT sait pertinemment que le
gouvernement Jebali a échoué et n’est plus en mesure de poursuivre
sa mission après son échec de ramener des fonds et de
l’investissement massif golfiques, seuls moyens pour calmer des
tunisiens totalement et affreusement désespérés.
L’UGTT est consciente que des
négociations informelles sont en cours et qu’un déblocage serait en discussion
entre la classe politique influente pour trouver une issue consensuelle
qui ne serait pas interprétée comme humiliante pour Ennahdha.
L’UGTT cherche à influencer par
tous les moyens l’arrangement, le déblocage et surtout le futur pouvoir
exécutif. L’UGTT chercherait à placer dans le futur gouvernement des technocrates
sympathisants à la centrale syndicale pour régler tous les problèmes en instance et
Dieu sait qu’ils sont très nombreux !
Les locataires de la Place
Mohamed Ali ont utilisé l’artillerie lourde, grève de quatre jours des services
municipaux, jamais tentée dans le passé, pour sonner le coup de grâce d'un
gouvernement agonisant et fatigué à ne rien faire.
Par ailleurs, l’UGTT n’a jamais
admis son exclusion de la Constituante, lieux de toutes les décisions
stratégiques pour le futur de la Tunisie. La centrale syndicale est-elle en
mesure maintenant après ce bras de fer avec le pouvoir d’arrêter une
feuille de route cohérente pour affronter des situations délicates
de l’économie et de la politique dans le pays ?
Le tunisien est en droit de se poser la question
suivante : qui est en train de tirer les ficelles et d’agencer la « Maison
Tunisie » ? Mieux encore, il peut se demander aussi s’il y a un
pilote qui se soucie de la Tunisie ?
Le conflit opposant la prestigieuse
centrale syndicale et le pouvoir exécutif n’est que la partie visible de l’Iceberg. La déstabilisation
de notre pays rentre dans un cadre plus large et plus géopolitique celui du
partage du monde et plus particulièrement de la région arabe et de l’Afrique
noire. La Tunisie ne disposant pas des richesses gazières n’intéresse pas les
futurs barons de ce monde. C’est plutôt une charge, surtout dans une période de
crise et de faillite des économies occidentales. La Tunisie est tombée dans un guet- apens dressé par
nos ennemis avec notre connivence et notre inconscience. La feuille de route
mise en place pour la transition est mauvaise et dangereuse pour notre sécurité
et notre économie. Sommes-nous capables d’y échapper ? Car cette situation de flou et
d’insécurité génère un
état de décomposition pouvant transformer un état unifié en « poussière
d’individus » : on assiste au délitement de la société ouvrant une
voie royale aux courants séparatistes et jihadistes.
Bourguiba, peut-être, m’inspirerait
pour développer une stratégie de sortie de crise en
six points, c’est l’objet de ma prochaine contribution que je j’intitulerai
« Lettre ouverte aux partis politiques : sauvons ce qui reste de la
République».
Mustapha STAMBOULI