Dans nos sociétés modernes,
l’autonomie et la mobilité redéfinissent ce que nous attendons d’un engagement
affectif. Le motif qui mérite interrogations n’est pas l’amour, mais le cadre
dans lequel on choisit de le vivre. Le mariage à vie, tel qu’il est traditionnellement
pensé, peut devenir une contrainte qui empêche l’évolution personnelle et la
réévaluation des choix de vie.
Premièrement, l’évolution
personnelle va souvent plus vite que les cadres juridiques ou culturels. Les
valeurs, les objectifs professionnels, les dynamiques familiales changent, et
un lien figé dans une promesse éternelle peut freiner l’adaptation nécessaire
sans pour autant préserver le bien-être commun.
Deuxièmement, l’institution peut
devenir source de pression. L’attente d’une fidélité sans faille et d’une
stabilité permanente peut engendrer culpabilité ou honte lorsque les réalités
vécues divergeaient des idéaux. Chercher le bonheur ailleurs ou mettre fin à
une relation qui ne convient plus ne devrait pas être perçu comme un échec,
mais comme une évaluation honnête et responsable.
Troisièmement, les coûts humains et
financiers d’une rupture après des années d’inertie peuvent être lourds. Des
cadres plus souples, contrats de cohabitation, pactes révisables, unions
renouvelables, offrent des garde-fous clairs sans figer l’avenir, et permettent
de protéger le bien-être des personnes impliquées.
Face à ces constats, une vision
alternative de l’engagement s’impose : des formes d’union modulables, des
outils juridiques adaptés et une attention soutenue à la santé émotionnelle de
chacun. Des mécanismes de révision (par exemple tous les 3 à 5 ans) ne
diminuent pas l’intensité de l’affection ; ils la renforcent en la rendant
compatible avec les trajectoires personnelles.
Bien sûr, des objections subsistent.
Certains diront que cela dévalorise l’amour durable ; je réponds que l’amour
peut être profond et stable sans être irrévocable. D’autres craindront
l’insécurité émotionnelle ; une sécurité réelle vient de la clarté, de la
communication et de cadres prévus pour évoluer ensemble. Quant à la stabilité
pour les enfants, elle peut être assurée par des arrangements qui privilégient
le bien-être des parents et des enfants sans imposer une fondation éternelle et
rigide.
En conclusion, l’engagement n’a pas
besoin d’être une captivité. Il peut et doit être stable, profond et
responsable tout en restant flexible et renouvelable. En favorisant des cadres
d’union qui respectent l’autonomie et l’évolution des personnes, nous construisons
des liens qui soutiennent le bonheur sur le long terme sans sacrifier la
liberté individuelle.
Mustapha STAMBOULI, le 28/09/2025
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