Introduction
Le plan Trump pour GAZA est présenté
comme une tentative de résoudre le conflit israélo-palestinien en imposant un
accord de paix radical à GAZA. Mais derrière les promesses de reconstruction et
de sécurité, se cachent des éléments qui soulèvent de sérieuses inquiétudes
quant à leur équité et à leur faisabilité. À travers l'analyse des 21 points du
plan, cet article met en lumière les aspects les plus problématiques, qui
risquent d'aggraver la situation plutôt que d'y remédier.
1. La paix à tout prix : une démilitarisation
imposée
L'un des points les plus
controversés du plan est la démilitarisation du Hamas (Point 12).
Imposer à un groupe qui se considère comme une résistance légitime contre
l'occupation israélienne de se désarmer revient à priver les Palestiniens de
leur capacité à se défendre face à une occupation qui perdure depuis des
décennies. Cette demande est perçue non seulement comme une humiliation pour le
peuple palestinien, mais aussi comme une tentative de supprimer toute forme de
résistance légitime à l'occupation. De plus, la mise en place de forces de
sécurité internationales (Point 14), dirigées par les États-Unis, soulève des
questions sur la véritable neutralité de ces forces et sur le contrôle
palestinien qu'elles laisseraient.
2. Une reconstruction sans autonomie
Le plan propose une reconstruction
de Gaza (Point 1), mais elle serait placée sous une supervision
internationale dirigée par les États-Unis et leurs alliés, ce qui remet en
cause la souveraineté de Gaza et de la Palestine dans son ensemble. Au lieu
d'une autonomie pleine et entière pour les Palestiniens, ce plan crée un
système où la reconstruction se fait sans réelle participation ou contrôle
local. Gaza serait gouvernée par un gouvernement de transition composé de
technocrates palestiniens (Point 8), supervisé par un comité international.
Cela renforce l’idée que la Palestine est incapable de gérer ses propres
affaires sans l'intervention d'acteurs étrangers, ce qui risque de réduire
davantage les capacités de décision des Palestiniens.
3. L’exclusion de la voix
Palestinienne
Un autre problème majeur est
l'absence de représentation palestinienne véritablement indépendante
dans le processus. Le plan prévoit une zone économique avec des impôts
et frais réduits (Point 10) et d'autres incitations économiques pour
attirer des investissements étrangers, mais à quel prix ? L'absence d’un
dialogue inclusif avec les différentes factions palestiniennes – en particulier
le Hamas et le Jihad islamique – conduit à une solution imposée de l’extérieur.
Ce type de solution ignore les réalités politiques et sociales internes
palestiniennes et ne peut qu'engendrer une instabilité à long terme.
4. Un équilibre de paix fragile
La question de la sécurité
est au cœur du plan, avec des garanties de sécurité par les États régionaux
(Point 13) et la création d'une force de stabilité internationale temporaire
(Point 14). Cependant, le rôle prépondérant des États-Unis dans cette structure
est problématique. Les États-Unis, traditionnellement perçus comme un allié
inconditionnel d'Israël, ont peu de crédibilité en tant que médiateurs
impartiaux. Le plan de Trump ne semble pas envisager un véritable équilibre des
pouvoirs entre Israël et la Palestine, mais plutôt une imposition de la volonté
israélienne sur les Palestiniens, ce qui rend toute garantie de sécurité
déséquilibrée et fragile.
5. Une promesse de futur sans contenu
pratique
Le point le plus déstabilisant
pour l’avenir des Palestiniens est la promesse d’un futur État palestinien
(Point 19). Bien que cette promesse semble un pas vers la reconnaissance
internationale d'un État palestinien, elle reste trop vague et conditionnée à
des éléments qui fragilisent l’autonomie palestinienne. Il n’y a aucune mention
claire des frontières ou de la souveraineté de ce futur État, et la priorité
semble donnée à des réformes internes palestiniennes (comme la gestion de Gaza
par un gouvernement de transition) plutôt qu'à la création d’un véritable État
souverain.
6. Une paix parfaite pour l’entité
sioniste, incomplète pour la Palestine
Enfin, ce plan semble beaucoup plus
favorable à Israël qu'à la Palestine. Le retrait progressif de l’armée
israélienne (Point 15) est un élément positif, mais il ne prend pas en compte
les violations systématiques des droits humains commises par Israël pendant son
occupation, ni les conditions de vie insoutenables des Palestiniens dans les
territoires occupés. En fait, plutôt que de proposer un véritable équilibre de
paix, le plan propose un statu quo où Israël conserverait une large part de son
pouvoir, et les Palestiniens, au mieux, seraient soumis à une tutelle
internationale avec peu de pouvoir politique réel.
Conclusion : un plan de paix ou de soumission
?
En somme, le plan Trump pour le
Moyen-Orient, bien qu'il cherche à instaurer une sorte de paix, repose sur des
bases profondément injustes. En effaçant les droits des Palestiniens et en les
forçant à accepter une tutelle internationale, il risque de prolonger le
conflit plutôt que de le résoudre. La paix durable ne peut être imposée par des
solutions extérieures ou des compromis unilatéraux. Elle nécessite un dialogue
authentique et respectueux entre les peuples, une reconnaissance des droits
légitimes des Palestiniens, et un véritable engagement à mettre fin à
l'occupation israélienne.
Mustapha STAMBOULI
Annexe : Liste des 21 points du plan Trump
0. Faire de Gaza une zone
débarrassée du radicalisme et du terrorisme.
1. La reconstruction de Gaza.
2. Après l’accord des deux parties sur le plan, la guerre prend fin
immédiatement, les opérations israéliennes cessent et le retrait progressif de
Gaza commence.
3. Dans les 48 heures suivant l'acceptation publique par Israël de l'accord,
tous les otages vivants ainsi que les corps des morts sont libérés.
4. Après la libération des otages, Israël libère des centaines de prisonniers
palestiniens condamnés à perpétuité, ainsi que plus de 1000 détenus de Gaza
depuis le début de la guerre, en plus de la restitution des corps de centaines
de Palestiniens.
5. Une amnistie conditionnelle pour les membres du Hamas et une facilitation
pour ceux qui souhaitent quitter Gaza.
6. L’afflux d’aide vers Gaza, au moins aux niveaux stipulés dans l'accord
d'échange des otages de janvier 2025 (600 camions par jour), avec la
réhabilitation des infrastructures et l'entrée de matériel pour enlever les
décombres.
7. L’aide est distribuée par les Nations Unies, le Croissant-Rouge et des
organisations internationales neutres, sans l’intervention d’aucun parti.
8. La gestion de Gaza par un gouvernement de transition composé de technocrates
palestiniens, sous la supervision d’un nouveau comité international dirigé par
les États-Unis en coopération avec des partenaires arabes et européens, jusqu’à
la mise en œuvre des réformes de l'Autorité palestinienne.
9. L'élaboration d’un plan économique pour la reconstruction de Gaza.
10. La création d'une zone économique avec des impôts et des frais réduits.
11. L'absence de déplacement forcé des Palestiniens.
12. L’interdiction pour le Hamas de gouverner et la démilitarisation de ce
dernier.
13. Des garanties de sécurité de la part des États régionaux pour assurer que
toutes les parties respectent leurs engagements.
14. La formation d’une force de stabilité internationale temporaire sous
conduite américaine et arabe, pour superviser la sécurité et former la police
palestinienne locale.
15. Le retrait progressif de l’armée israélienne.
16. La possibilité de mettre en œuvre partiellement le plan en cas de refus du
Hamas.
17. Israël s’engage à ne pas mener de frappes en Qatar.
18. Lancement de programmes pour démanteler la pensée extrémiste.
19. L'ouverture d'une voie vers un futur État palestinien.
20. Lancement d’un dialogue politique entre Israël et les Palestiniens.
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