Avant les années 60, Monastir était une ville solidaire et unifiée. Cependant, durant les années 60-70, un essor urbain s'est produit, entraînant une fragmentation de la ville en différents quartiers distincts. Les riches ont pu s'approprier des zones urbaines prospères, les pauvres se sont souvent retrouvés aux marges de la ville, tandis que la classe moyenne est restée au cœur de l'agglomération. Cette division urbaine a inévitablement créé des tensions au sein de la communauté monastirienne, entraînant une fragmentation dans tous les aspects de la vie.
L'implosion de Monastir a été largement provoquée par cette scission sociale. Les quartiers prospères se sont isolés du reste de la ville, créant une disparité flagrante entre les différentes classes sociales. Les riches, bénéficiant de ressources et de services de qualité, ont pu se développer dans un environnement favorable, tandis que les couches les plus défavorisées ont été reléguées en périphérie, souffrant souvent d'un manque d'infrastructures et de services de base.
Cette division spatiale a également eu un impact sur la cohésion sociale de Monastir. Les interactions entre les habitants des différents quartiers se sont réduites, laissant place à des préjugés et des stéréotypes entre les différentes classes sociales. Les disparités économiques se sont creusées, entraînant une fracture dans les opportunités et les perspectives d'avenir pour les habitants de la ville.
Monastir a subi une dégradation progressive de ses services publics et de ses infrastructures, en particulier dans les quartiers défavorisés. L'accès à l'éducation, aux soins de santé et aux emplois décents s'est avéré limité pour de nombreuses personnes vivant en périphérie. Le tissu social de la ville en a été affecté, avec une diminution de la solidarité et de l'entraide entre ses habitants.
Afin de reconstruire Monastir en tant que ville unifiée, il est essentiel de repenser la manière dont l'urbanisme est abordé. Il est nécessaire de favoriser une planification urbaine inclusive et durable, en veillant à réduire les inégalités spatiales et sociales. La création de liens entre les différentes parties de la ville, la mise en place d'infrastructures adéquates dans les quartiers défavorisés et la promotion d'une participation citoyenne active sont autant de moyens pour rétablir la cohésion et favoriser le développement équilibré de Monastir.
Malheureusement, les problèmes actuels de Monastir sont directement liés à cette explosion sociale et spatiale. Les anciennes maisons arabes, autrefois magnifiques symboles du patrimoine de la ville, ont été défigurées par des constructions anarchiques et ont été transformées en ghettos pour les plus démunis. Cette transformation a entraîné la perte de l'âme et de la beauté de ces lieux historiques.
Le Ribat de Monastir, un site emblématique et historique, n'a pas non plus été épargné. Les constructions anarchiques et la détérioration du cadre architectural ont eu un impact néfaste sur cet espace magnifique. Des structures disgracieuses et sans respect pour l'esthétique originelle ont désormais remplacé une partie de la grandeur passée du Ribat.
Il est urgent de reconnaître l'importance de la préservation de l'histoire et de l'identité de Monastir. Il est essentiel de mettre en place des politiques de développement urbain cohérentes et respectueuses de l'environnement, afin de préserver la beauté et l'intégrité de cette ville historique. Recréer une unité et réduire les fractures sociales sont des objectifs clés pour une Monastir prospère et harmonieuse.
Mustapha STAMBOULI
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