26 décembre 2023

Dans l'ombre du désenchantement démocratique : l'échec cuisant des élections municipales en Tunisie. (Mustapha STAMBOULI)

 

Dans l'effervescence des déclarations présidentielles, la Tunisie s'est récemment retrouvée à la croisée des chemins démocratiques avec les élections municipales. Le président de la République, en exhortant le peuple à exprimer ses aspirations à travers les urnes, plaçait ces élections au cœur de la volonté populaire. Cependant, le déroulement de ces élections a révélé une déconnexion entre les espoirs du gouvernement et la réalité du désintérêt croissant de la population. Retour sur des élections municipales ratées, reflet d'un mécontentement profondément ancré dans le tissu social tunisien.


Le président, ardent défenseur de l'importance des conseils locaux dans la démocratie tunisienne, n'a pu que constater l'échec cuisant des élections municipales. Lors de sa visite aux urnes, il avait souligné l'importance de cette consultation en tant que moyen pour les Tunisiens d'exprimer leurs aspirations et de participer à la création du Conseil national des régions et des districts. Cependant, les chiffres officiels ont trahi ces espoirs, avec un taux de participation alarmant de seulement 11,66 %. Plus d'un million de citoyens, sur un registre de plus de 9 millions, ont choisi de rester à l'écart, signe d'un désintérêt massif.

Ce désaveu flagrant n'est pas simplement une déception pour le gouvernement en place, mais il met également en lumière un mécontentement profond parmi la population. Les élections municipales, traditionnellement considérées comme un indicateur de l'opinion publique, ont cette fois-ci révélé une crise de confiance généralisée. Les citoyens ont clairement exprimé leur sentiment d'abandon et de désillusion à l'égard d'un gouvernement perçu comme insensible à leurs préoccupations.

La responsabilité de cette désaffection repose en grande partie sur les épaules du gouvernement, qui n'a pas réussi à inspirer la confiance ni à mobiliser les électeurs. Les lacunes dans le système électoral lui-même sont également apparentes. Il est impératif de revoir les mécanismes de participation, d'accroître l'accessibilité aux urnes et d'améliorer l'information des citoyens sur les enjeux et les candidats. Sans ces ajustements, la confiance du public et la participation future resteront compromises.

En conclusion, le faible taux de participation aux élections municipales est un signal d'alarme que le gouvernement ne peut ignorer. C'est le reflet d'un mécontentement profond qui ne peut être balayé d'un revers de main. La légitimité du gouvernement est directement mise en question lorsque des portions significatives de la population choisissent de rester en marge du processus démocratique. Pour éviter une détérioration plus poussée de la situation, le gouvernement doit prendre des mesures immédiates et tangibles pour reconstruire la confiance du peuple et encourager une participation citoyenne plus active. Faute de quoi, la stabilité et la légitimité du gouvernement tunisien pourraient être compromises de manière irréversible.

Mustapha STAMBOULI

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