17 octobre 2025

Facilités de crédit sans intérêt : un pari risqué pour les finances publiques

L'État prévoit de contracter un emprunt auprès de la Banque Centrale, d'un montant de 11 000 millions de dinars sur une période de 15 ans, avec un taux d'intérêt nul, afin de combler le budget national estimé à 63,575 milliards de dinars. Cette décision stratégique soulève des interrogations quant à ses impacts potentiels sur l'économie tunisienne.. Voici quelques éléments à commenter :

Taux d'intérêt nul :
L'absence de taux d'intérêt sur les facilités de crédit accordées par la Banque centrale à la trésorerie de l'État est un point majeur. D'un côté, cela représente un soulagement pour le Trésor public, car il ne devra pas rembourser de frais supplémentaires liés à l'emprunt.
Cependant, d'un autre côté, un prêt sans intérêt est atypique dans la gestion des finances publiques, car cela peut entraîner des distorsions dans le système financier et affecter la confiance des investisseurs. À long terme, cela pourrait aussi inciter à la création monétaire excessive, avec les risques d'inflation et de dévaluation de la monnaie.
Délai de remboursement :
La période de remboursement de 15 ans, dont 3 ans de différé, montre que l'État cherche à lisser les remboursements pour ne pas surcharger ses finances immédiates. Ce type de mécanisme est souvent utilisé dans des périodes de crise ou pour faire face à des tensions budgétaires. Cependant, il est essentiel de s'assurer que l'économie sera en croissance suffisante dans les années à venir pour pouvoir rembourser cette dette sans affecter trop gravement la stabilité économique.
Accord entre le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale :
La mise en place d'une convention entre le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale pour définir les modalités précises de l’opération est une démarche normale. Toutefois, cela soulève aussi des questions de transparence et de contrôle. Ces accords doivent être clairs sur les modalités de retrait des fonds, ainsi que sur la gestion de leur remboursement. Une telle opération pourrait aussi être perçue par certains comme une forme de "monétisation de la dette", ce qui peut entraîner une pression sur la monnaie nationale si elle n'est pas bien gérée.
Risques et enjeux économiques :
En fin de compte, cette décision montre l'urgence de la situation financière de l'État tunisien. Si cette facilité de crédit permet à court terme de financer des besoins de trésorerie, elle peut aussi accroître la vulnérabilité du pays face aux fluctuations économiques, notamment en cas de tensions inflationnistes. La question centrale reste donc celle de savoir si cette mesure va s'accompagner d'une stratégie de croissance réelle pour éviter des problèmes de dette à long terme.
Conclusion :
Ce mécanisme de financement semble être une réponse à la pression financière de l'État, mais il comporte des risques à long terme, notamment en termes de stabilité monétaire et de contrôle de l'inflation. Il est crucial que cette facilité de crédit soit accompagnée de réformes économiques profondes et de mesures visant à stimuler la croissance pour ne pas alourdir la charge de la dette future. La transparence dans la mise en œuvre et la gestion de ces fonds sera essentielle pour garantir que cette solution ne devienne pas un fardeau pour les générations futures. MUS, 17/10/205

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