01 novembre 2011

Non aux IDE non-exportateurs, oui au déficit zéro


Le plan « Jasmin» de sauvetage de l’économie tunisienne se base sur une stratégie archaïque et perdante car il  invite à approfondir l’accord de libre-échange avec l’Union Européenne, ainsi qu’à accélérer l’influence  des IDE non-exportateurs sur l’économie tunisienne. Cette stratégie prônée et exécutée via la vente des "bijoux de famille"
(cimenteries, cession d’une part importante du capital de Tunisie Télécom, concessions de téléphonie, banques, assurances, tourisme, etc..) essentiellement par Ben Ali sous pression des institutions internationales risque de poser de sérieux problèmes pour la balance des paiements de la Tunisie. Des études récentes se basant sur les statistiques de l’INS montrent que, pour la période comprise entre  2000 et 2008,  les dividendes exportés ont été multipliés par 3,47 alors que le PIB ne l’a été que par 1,85.
Cette situation résulte d’une politique de liquidation de tous les projets rentables au profit de l’investissement direct étranger. Ces IDE non-exportateurs participent à l’endettement et creusent le déficit de la balance des paiements. Ces IDE fabriquent l’appauvrissement du pays. Est-ce un hasard ou une pratique mûrement réfléchie par Ben Ali et son clan ? Les tunisiens se demandent  si ces investisseurs étrangers sont des sociétés-écrans servant d’abri au clan mafieux. Un audit indépendant devra être mené au plus vite pour connaître la vérité sur  ces IDE. A son insu, le peuple tunisien serait en train de payer environ 2 Milliards de dollars par an en tant que bénéfices exportés des IDE au profit du clan Ben Ali et lui permettre un exil doré. L’Etat tunisien devrait s’atteler sérieusement à cette question des IDE, car sont en jeu sa crédibilité et l’intérêt national. La Tunisie est en droit de nationaliser les entreprises cédées d’une manière peu transparente aux investisseurs soi-disant étrangers.
« L’acceptation des investissements extérieurs non exportateurs et l’autorisation d’exporter leurs profits à l’étranger (lois de 1993 et 1997) est une régression par rapport à la réappropriation par la Tunisie des profits de son économie, réappropriation engagée à la fin des années 50 par Bourguiba, et qui nous a permis d’augmenter notre taux d’épargne, clé du développement efficace de notre économique.

Par ailleurs, l’un des enseignements essentiels de la crise financière de 2008-2009 c’est celui de la fin des stratégies économiques fondées sur la stimulation artificielle de la croissance et de la consommation par l’endettement, de leur caractère illusoire et contreproductif. L’exemple allemand est édifiant : la rigueur budgétaire loin d’être en conflit avec cet objectif en devient une condition. Les stratégies de long terme fondées sur la modération salariale et l’accumulation financière dans le bilan des entreprises se sont avérées être la meilleure solution pour absorber le choc de la crise et éviter le gonflement du taux de chômage. De toutes les façons, si un Etat peut bien compter sur la solidarité à court terme de ses partenaires, il ne pourra recouvrer sa capacité à long terme de rétablir croissance économique et capacité de désendettement qu’en développant un système productif vigoureux et compétitif. De plus, quand on est en situation keynésienne comme ce fut le cas après la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008, faire face à des chocs de cette ampleur est plus efficace avec un solde public positif comme l’Allemagne (+0,1% du PIB en 2008, -3,3% en 2010) que d’être dans la situation de  déficit chronique de la France (-3,3% du PIB en 2008, -7% en 2010). 

L’exemple irlandais montre bien que la mise en œuvre de la solidarité européenne combinée à une politique de rigueur assumée crée les conditions de la croissance (+1,6% au 2e trimestre), notamment par les exportations (+25%). Inversement, les doutes sur la solidarité financière européenne et les contretemps de la mise en œuvre des mesures grecques de redressement (privatisations, réductions de dépenses) alimentent le scénario de la faillite et de la dépression.
 Ce qui se passe actuellement au niveau financier mondial, c’est un braquage organisé avec la complicité des gouvernements en place qui participent à ce gigantesque transfert de richesses des pays attaqués par le FMI vers les caisses de Wall street et les banques privées européennes.
Mais là le braquage international prend une autre dimension puisqu’il a deux finalités bien précises: s’emparer des stocks d’or mondiaux et faire main basse sur le patrimoine des pays. Rien de moins! Ce que l’on demande à la Grèce en échange de lui fournir quelques milliards qui ne serviront strictement à rien si ce n’est à continuer d’acheter des armes au complexe-militaro-industriel (un scandale en ce temps de crise pour le peuple!) et à rembourser les banques, est de vendre son patrimoine. C’est ce que le FMI appelle "accentuer les réformes".

Pour nous protéger et éviter la réédition des abus et délits précités, la Tunisie devra, à l’occasion de la rédaction de sa Constitution, établir un système coercitif sans faille. Elle devra aussi se protéger des vautours du système capitalistique en adoptant des dispositions fermes et simples dans la Constitution prévoyant : i-l’interdiction du déficit public, seul moyen pour nous éviter gaspillage et projets "bidons" et nous permettre d’avoir un meilleur recouvrement fiscal en criminalisant la fuite fiscale ii- l’obligation pour la Banque Centrale de garantir un solde positif, au pire nul, de l’encours de la balance des paiements, unique paravent de notre souveraineté et indépendance nationale. Ainsi, ces deux règles d’or, garde-fous constitutionnels, génèreront une nouvelle conception de développement économique et social fondée sur une juste redistribution des richesses du pays et l’épargne nationale afin de nous éloigner du cercle infernal de l’endettement, porte ouverte au néocolonialisme et à l’asservissement du peuple tunisien.