18 octobre 2012

Conférence de la palabre nationale : l’ugtt joue-t-elle avec le feu ?


La Centrale syndicale a fini par organiser sa conférence du dialogue national sans préparation préliminaire ni concertation sérieuse avec les forces vives de la Nation. Pour l’ugtt rassembler tout le monde sous sa houlette constitue l’objectif majeur de la Conférence, message clair pour les petites centrales syndicales concurrentes ! En contrepartie, l’ugtt a sauvé le pouvoir de la Troïka et surtout a offert sur un plateau en or une légitimité inespérée à l’ANC au-delà du 23 octobre prochain. Le secrétaire général de l’ugtt n’a-t-il pas déclaré lors de son discours d’ouverture que la conférence propose et l’ANC dispose ?


En tout cas, Béji Caïd Essebsi, en boudant cette mascarade de conférence de la palabre nationale (CPN), a refusé de donner un chèque en blanc à la Centrale car, il savait pertinemment qu’un marché avait été conclu pour sauver la légitimité électorale et maintenir un statu quo avec pour but d’écarter Nidaa Tounès en dehors du jeu politique. Personne n’est dupe,  l’ugtt est sous l’emprise de l’extrême gauche qui cherche à écarter le mouvement politique de Caïd Essebsi du débat national et du partage du gâteau, car ces gens cherchent à : imposer un code électoral favorable à eux et aux régions-fiefs du front populaire. Des calculs mesquins qui n’apportent rien en définitive ni à eux ni à la Nation  car l’ennemi est mille fois plus cynique qu’eux.

Ce scénario de décompression était-il conçu lors de la visite de la délégation de la Centrale aux Etats Unis, il y a quelques semaines ? Rien d’étonnant puisque la Tunisie depuis le 14 Janvier 2011 a perdu un pan de sa souveraineté au profit des pays concepteurs et réalisateurs des révoltes arabes !

Nous avons l’impression qu’un remake de la Kasbah, sous d’autres formes et une autre appellation, est en train de se jouer devant nous pour sortir une nouvelle feuille de route ficelée, cette fois-ci, essentiellement par l’extrême gauche et son parrain. Les partis ni-ni auront les miettes du gâteau pour occuper des postes tartoriens.

Espérons que nos craintes ne se confirment pas et que la Centrale de Hached retrouve  sérénité et objectivité pour aider toute la Tunisie et pas uniquement les régions préférées par l’extrême gauche afin de stabiliser le pays  et retrouver la prospérité pour tous. La Tunisie est indivisible et unie surtout dans l’intérêt des régions marginalisées. Qui est derrière cet appel de  sécession de la ville de Thala et de ses environs ? Pourquoi personne ne s’est inquiétée contre cette menace lourde de conséquences sur l’unité nationale ?

En tout cas nous suggérons à l’UGTT d’organiser la conférence en deux rounds : le premier doit se terminer le 21 octobre prochain en établissant un rapport préliminaire détaillant les objectifs et résultats attendus de la conférence ainsi que les dates des grands rendez-vous électoraux et du référendum sur la Constitution. Ce rapport doit contenir la démarche et le processus de concertation ainsi que le listing de toutes les exigences pour redresser la situation du pays. L’ANC devra réagir avant le 23 octobre sur ce rapport préliminaire. Au cas où il y a concordance de points de vue, la conférence passera au second round pour finaliser les travaux mentionnés au rapport préliminaire. Dans tous les cas, la conférence devra prendre fin avant le 10 décembre prochain pour permettre l’élaboration des textes juridiques de mise en œuvre des décisions de la Conférence. A partir du 1er Janvier 2013 commencera une ultime transition d’une année pour mettre en place la feuille de route consensuelle. 

Par ailleurs, l’UGTT doit préparer en parallèle un plan B en cas d’échec de ce cycle de dialogue national. Sans ce plan, cette initiative ne sera pas prise au sérieux et poussera le pouvoir à jouer aux prolongations jusqu’à ce que les conditions lui soient favorables.

Le bilan de deux jours de la conférence :  sauvetage de l’ANC et de la Troïka. Il faut attendre la suite car je crains que nous sommes tous les dindons de la farce.


Mustapha STAMBOULI