Le PDP, suite à son
échec retentissant lors des élections de l’ANC, suite à des débats internes
conflictuels, s’est évaporé au profit du parti républicain «Al Jamhouri». Ainsi
Chabbi est-il devenu le patron de ce parti. Soit ! Al Jamhouri : c’est
une appellation claire, c’est net, c’est sans ambigüité, c’est une prise de
position, c’est un appel de la défense de la République et de ses acquis. C’est
une contre-offensive aux assauts agressifs et répétitifs de la droite islamiste
et de son pendant salafiste jihadiste. Al jamhouri, c’est un slogan rassembleur,
à forte valeur affective, émotionnelle chargée de grandeur, de combat glorieux,
bref d’Histoire. Et voilà Chabbi bardé de toutes ces références, ces espérances
et ces choix … en visite chez le gourou de Montplaisir. Nous disons bien chez
le gourou. Lui, s’est déplacé tel un courtisan, pour proposer quoi ? Pour céder
quoi, pour négocier quoi, au nom de qui ? De ses partisans, des adhérents
de son parti, suite à un vote favorable donc démocratique engagé au sein de
Jamhouri ? Mystère … et nous en doutons en toute bonne fois. Chabbi n’a-t-il
pas déclaré pendant la campagne électorale : « c’est nous (les républicains)
ou eux (les islamistes)».
En quoi la politique gouvernementale inspirée par le gourou
donne-t-elle à croire que des pourparlers seraient possibles sinon
souhaitables. Imposture ou posture de futur présidentiable. On place ses
espoirs là où on peut ! D’ailleurs, Chabbi ne compte-t-il pas rendre
visite au bolchévique Hamma Hammami ? Un concurrent pourtant ! Lui,
du moins, s’affirme républicain tout comme ses militants et militantes. A ce
sujet, aucun doute. Là aussi, Chebbi a-t-il obtenu, suite à une palabre interne
démocratique l’aval de son parti ? Mais Chebbi, un centriste, que va-t-il pêcher
chez le Front populaire sinon l’espérance d’être accepté/reconnu comme futur
présidentiable … CQFD…
Et pendant toutes ces manœuvres, combines, échanges
courtois, au-dessus de la République et des républicains/républicaines, le
peuple tunisien s’enfonce dans la misère, se révolte, désespère d’un avenir non
pas radieux, mais digne de ses sacrifices, de son engagement pour une Tunisie
libre, autonome et solidaire, pour une Tunisie qui ne serait pas une
marionnette déchirée entre les mains des superpuissances occidentales ou
golfiques !
Alors, de grâce, Chebbi, oubliez votre super égo et vos
ambitions personnelles et penchez-vous sur les maux de votre pays. Analysez-les,
offrez un programme cohérent de gouvernement et de sortie de crise
socio-économique. Etiez-vous présent sur le terrain des affrontements à Siliana, à Kasserine, à travers le pays ?
Ce pays profond, réel, celui qui a déterminé la victoire de votre ennemi
antirépublicain, vous le lui abandonnez encore et encore. Plutôt que de vous accommodez
avec le gourou, tireur de ficelles, tisseur de réseaux, bien infiltré dans les
villes, les villages et les campagnes, allez au-devant des pauvres, des sans-emploi,
des travailleurs, travailleuses en grève qui se battent pour leur survie et la
République au lieu de vous contenter de petits communiqués de soutien rédigés
bien à l’abri depuis votre QG de Tunis.
Votre jeu de girouette vous aliénera les républicains et
républicaines, vous échouerez car ils vont déserteront comme ils l’ont déjà
fait. Ecoutez, entendez les voix du peuple tunisien : elles exigent des
hommes et des femmes sincères, courageux, compétents, tolérants, inventifs, à
la hauteur des défis et de leurs espoirs et luttes, c'est-à-dire des vrais
républicains. Ces voix veulent en finir avec un passé passif, honteux de compromis,
d’accommodements.
Le peuple désire une Tunisie démocratique où il ne sera ni méprisé
ni juste une monnaie d’échange ou un réservoir de votes au service d’ambitions
personnelles.
Nijib Chabbi, êtes-vous si peu renseigné que vous ne le
sachiez ? Avez-vous si peu de militants/militantes que vous l’ignoriez ?
Dans ce cas, pourquoi visez-vous Carthage. Le peuple tunisien refusera un
tartour bis entre les mains d’un gourou de Montplaisir. Et là, vous serez à
jamais balayé du paysage politique de la Tunisie.
Danièle Chauchix-STAMBOULI, Docteur en littérature comparée