05 janvier 2013

La course à la présidence : tombeau de nos politiciens !


Le PDP, suite  à son échec retentissant lors des élections de l’ANC, suite à des débats internes conflictuels, s’est évaporé au profit du parti républicain «Al Jamhouri». Ainsi Chabbi est-il devenu le patron de ce parti. Soit ! Al Jamhouri : c’est une appellation claire, c’est net, c’est sans ambigüité, c’est une prise de position, c’est un appel de la défense de la République et de ses acquis. C’est une contre-offensive aux assauts agressifs et répétitifs de la droite islamiste et de son pendant salafiste jihadiste. Al jamhouri, c’est un slogan rassembleur, à forte valeur affective, émotionnelle chargée de grandeur, de combat glorieux, bref d’Histoire. Et voilà Chabbi bardé de toutes ces références, ces espérances et ces choix … en visite chez le gourou de Montplaisir. Nous disons bien chez le gourou. Lui, s’est déplacé tel un courtisan, pour proposer quoi ? Pour céder quoi, pour négocier quoi, au nom de qui ? De ses partisans, des adhérents de son parti, suite à un vote favorable donc démocratique engagé au sein de Jamhouri ? Mystère … et nous en doutons en toute bonne fois. Chabbi n’a-t-il pas déclaré pendant la campagne électorale : « c’est nous (les républicains) ou eux (les islamistes)».

En quoi la politique gouvernementale inspirée par le gourou donne-t-elle à croire que des pourparlers seraient possibles sinon souhaitables. Imposture ou posture de futur présidentiable. On place ses espoirs là où on peut ! D’ailleurs, Chabbi ne compte-t-il pas rendre visite au bolchévique Hamma Hammami ? Un concurrent pourtant ! Lui, du moins, s’affirme républicain tout comme ses militants et militantes. A ce sujet, aucun doute. Là aussi, Chebbi a-t-il obtenu, suite à une palabre interne démocratique l’aval de son parti ? Mais Chebbi, un centriste, que va-t-il pêcher chez le Front populaire sinon l’espérance d’être accepté/reconnu comme futur présidentiable … CQFD…

Et pendant toutes ces manœuvres, combines, échanges courtois, au-dessus de la République et des républicains/républicaines, le peuple tunisien s’enfonce dans la misère, se révolte, désespère d’un avenir non pas radieux, mais digne de ses sacrifices, de son engagement pour une Tunisie libre, autonome et solidaire, pour une Tunisie qui ne serait pas une marionnette déchirée entre les mains des superpuissances occidentales ou golfiques !

Alors, de grâce, Chebbi, oubliez votre super égo et vos ambitions personnelles et penchez-vous sur les maux de votre pays. Analysez-les, offrez un programme cohérent de gouvernement et de sortie de crise socio-économique. Etiez-vous présent sur le terrain des affrontements  à Siliana, à Kasserine, à travers le pays ? Ce pays profond, réel, celui qui a déterminé la victoire de votre ennemi antirépublicain, vous le lui abandonnez encore et encore. Plutôt que de vous accommodez avec le gourou, tireur de ficelles, tisseur de réseaux, bien infiltré dans les villes, les villages et les campagnes, allez au-devant des pauvres, des sans-emploi, des travailleurs, travailleuses en grève qui se battent pour leur survie et la République au lieu de vous contenter de petits communiqués de soutien rédigés bien à l’abri depuis votre QG de Tunis.

Votre jeu de girouette vous aliénera les républicains et républicaines, vous échouerez car ils vont déserteront comme ils l’ont déjà fait. Ecoutez, entendez les voix du peuple tunisien : elles exigent des hommes et des femmes sincères, courageux, compétents, tolérants, inventifs, à la hauteur des défis et de leurs espoirs et luttes, c'est-à-dire des vrais républicains. Ces voix veulent en finir avec un passé passif, honteux de compromis, d’accommodements.

Le peuple désire une Tunisie démocratique où il ne sera ni méprisé ni juste une monnaie d’échange ou un réservoir de votes au service d’ambitions personnelles.

Nijib Chabbi, êtes-vous si peu renseigné que vous ne le sachiez ? Avez-vous si peu de militants/militantes que vous l’ignoriez ? Dans ce cas, pourquoi visez-vous Carthage. Le peuple tunisien refusera un tartour bis entre les mains d’un gourou de Montplaisir. Et là, vous serez à jamais balayé du paysage politique de la Tunisie.

Danièle Chauchix-STAMBOULI, Docteur en littérature comparée