Nul ne doute que cette ultime intervention de Jbèli est le
fruit d’une mise en scène d’un de ses plus proches fans et conseiller informel
qui n’est autre que Karoui Jr. En effet, malgré la cacophonie du trio des journalistes et de la mauvaise prestation de ces derniers, Jbèli a su dessiner le
contour de sa stratégie de sauvetage de son gouvernement et de son parti Ennahdha :
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(3) sachant que la deadline du 23 octobre constitue pour tous
les tunisiens une date charnière et une «station terminus», il concède et
accepte d’aller discuter avec tous les partis politiques sous la houlette de la
Centrale syndicale. Manière de «refiler la patate chaude» à l’UGTT
et sortir du blocage institutionnel au moins coût.
Son plan d’attaque et de défense est simple : sauver sa
peau, enfoncer le gourou et compromettre l’UGTT en la sortant de son rôle social et de revendication
et la plaçant dans un rôle éminemment politique afin de marginaliser les partis
politiques et plus particulièrement Nidaa Tounès, seul rival sérieux de la Troïka.
Jbèli a-t-il l’accord du gourou sur cette stratégie de
sortie de crise ? Le président des présidents, en acceptant l’analyse de Jbèli,
deviendrait certainement la cible de tout le monde eu égard à son désir d’installer
une dictature parlementaire.
Mustapha Ben Jaafar et Moncef Marzouki seront les principaux
perdants du plan de sortie de Karoui Jr : le forum de l’UGTT serait l’occasion
pour Ennahdha d’amorcer des alliances avec d’autres partis centristes afin de
repousser ces deux partis qui ne pèsent plus grand-chose sur le plan politique.
Le lifting proposé permettrait à Ennahdha de rester encore au moins 12 autres mois
au pouvoir, le temps d’asseoir son autorité définitivement sur toutes les institutions de l’Etat et préparer sa campagne électorale aux frais du
contribuable.
Cette stratégie a-t-elle une chance de réussir ? Dans l’absolu
non, mais elle permettrait d’éclater définitivement le parti Jamhouri qui
cherche à se positionner en tant qu'alternative au CPR et Ettakattol pour
prendre part au prochain gouvernement. Ses cadres sincères et patriotiques quitteraient
ce parti pour aller définitivement à Nidaa Tounès. L’UGTT risque elle aussi d’avoir
des grandes difficultés internes en cas d’échec de la conférence.
Il y a une chose essentielle non prise en compte par la
classe politique qui cherche à arranger la nouvelle donne politique : la
situation économique et financière de la Tunisie est gravissime, capable de
balayer tous les accords politiques. Les
indicateurs sont au rouge, nos réserves en devises ont franchi le seuil
psychologique de 100 jours avec des perspectives défavorables en matière de
tourisme.
Encore une fois, la Tunisie se perd dans les calculs
partisans et les intérêts étriqués de certains ! Notre échec est double
voire total car nous n’avons plus d’Hommes et de Femmes d’Etat capables de redresser des
situations de crise.
Un constat amer qui nous rend plus pessimiste sur l’avenir
proche et lointain de la Tunisie. Un constat qui n’arrange que ceux qui veulent
transformer notre pays en un Emirat salafiste et obscurantiste.
Jbèli a joué à la ZABA, grâce aux Karoui, pour diviser l’opposition
et placer l’UGTT comme soi-disant arbitre ! C’est une stratégie de
court terme, juste pour endormir certains et diviser le camp moderniste.
Arrivera-t-il à ses fins ? Non, comme je l’ai bien expliqué plus haut ,
Jbèli sera rattrapé par son désastreux bilan économique et sécuritaire !
Mustapha STAMBOULI