29 septembre 2012

Intervention Jbèli : signature Karoui & Karoui !

Nul ne doute que cette ultime intervention de Jbèli est le fruit d’une mise en scène d’un de ses plus proches fans et conseiller informel qui n’est autre que Karoui Jr. En effet, malgré la cacophonie du trio des journalistes et de la mauvaise prestation de ces derniers, Jbèli a su dessiner le contour de sa stratégie de sauvetage de son gouvernement et de son parti Ennahdha :


(1) il reconnait explicitement que l’ANC est bloquée-embourbée dans la rédaction de la Constitution et qu’il impossible d’achever l’élaboration de celle-ci sans le recours au référendum pour  arrêter le régime politique à instaurer. Un témoignage clair sur l’échec de la Constituante à propos de sa mission principale ! Dans ce cas,  pourquoi Mustapha Ben Jaafar continue-t-il à raconter des histoires sur l’imminence de l’achèvement de la rédaction de notre loi fondamentale ?


(2) il refuse catégoriquement de reconnaitre l’échec de l’action gouvernementale : il nie des évidences et continue à sortir des chiffres absurdes de croissance et cherche à oblitérer toutes les « sanctions » internationales concernant notre gouvernance politique, sécuritaire, économique et financière. Ce message est très explicite traduisant ses intentions profondes et sa stratégie personnelle. Jbèli n’accepterait pas de quitter le poste de chef de gouvernement quelle que soit les circonstances. Il s'incruste et s’enracine à la Kasbah et pour toujours, espère-t-il !

(3) sachant que la deadline du 23 octobre constitue pour tous les tunisiens une date charnière et une «station terminus», il concède et accepte d’aller discuter avec tous les partis politiques sous la houlette de la Centrale syndicale. Manière de «refiler la patate chaude» à l’UGTT et sortir du blocage institutionnel au moins coût.

Son plan d’attaque et de défense est simple : sauver sa peau, enfoncer le gourou et compromettre l’UGTT en la  sortant de son rôle social et de revendication et la plaçant dans un rôle éminemment politique afin de marginaliser les partis politiques et plus particulièrement Nidaa Tounès,  seul rival sérieux de la Troïka.

Jbèli a-t-il l’accord du gourou sur cette stratégie de sortie de crise ? Le président des présidents, en acceptant l’analyse de Jbèli, deviendrait certainement la cible de tout le monde eu égard à son désir d’installer une dictature parlementaire.

Mustapha Ben Jaafar et Moncef Marzouki seront les principaux perdants du plan de sortie de Karoui Jr : le forum de l’UGTT serait l’occasion pour Ennahdha d’amorcer des alliances avec d’autres partis centristes afin de repousser ces deux partis qui ne pèsent plus grand-chose sur le plan politique. Le lifting proposé permettrait à Ennahdha de rester encore au moins 12 autres mois au pouvoir, le temps d’asseoir son autorité définitivement sur toutes les institutions de l’Etat et préparer sa campagne électorale aux frais du contribuable.

Cette stratégie a-t-elle une chance de réussir ? Dans l’absolu non, mais elle permettrait d’éclater définitivement le parti Jamhouri qui cherche à se positionner en tant qu'alternative au CPR et Ettakattol pour prendre part au prochain gouvernement. Ses cadres sincères et patriotiques quitteraient ce parti pour aller définitivement à Nidaa Tounès. L’UGTT risque elle aussi d’avoir des grandes difficultés internes en cas d’échec de la conférence.

Il y a une chose essentielle non prise en compte par la classe politique qui cherche à arranger la nouvelle donne politique : la situation économique et financière de la Tunisie est gravissime, capable de balayer tous les accords politiques.  Les indicateurs sont au rouge, nos réserves en devises ont franchi le seuil psychologique de 100 jours avec des perspectives défavorables en matière de tourisme.

Encore une fois, la Tunisie se perd dans les calculs partisans et les intérêts étriqués de certains ! Notre échec est double voire total car nous n’avons plus d’Hommes et de Femmes d’Etat capables de redresser des situations de crise. 

Un constat amer qui nous rend plus pessimiste sur l’avenir proche et lointain de la Tunisie. Un constat qui n’arrange que ceux qui veulent transformer notre pays en un Emirat salafiste   et obscurantiste.

Jbèli a joué à la ZABA, grâce aux Karoui, pour diviser l’opposition et placer l’UGTT comme soi-disant arbitre ! C’est une stratégie de court terme, juste pour endormir certains et diviser le camp moderniste. Arrivera-t-il à ses fins ? Non, comme je l’ai bien expliqué plus haut , Jbèli sera rattrapé par son désastreux bilan économique et sécuritaire !

Nous continuons à croire que seule une Conférence Nationale Souveraine des Forces Vives de la Nation est en mesure de créer un débat national se basant sur le dialogue, le consensus et le choix collectif des décisions afin d’éviter l’irréparable.  Ce processus de la dernière chance serait l’occasion de débattre de tous les problèmes cruciaux de notre pays et établir en toute transparence une feuille de route claire et efficace, capable de sortir la Tunisie de son impasse. Tout autre bricolage est voué d’avance à l’échec. L'initiative de l'UGTT n'est plus viable car elle ne propose pas un cadre contraignant. Sans préparation préalable, elle est vouée forcément à l'échec. C'est encore une perte de temps pour le pays en général et plus encore pour les milliers et milliers de tunisiens et  tunisiennes en recherche désespérée d'un emploi, c'est à dire, de dignité !

Mustapha STAMBOULI