20 février 2013

La crise politique tunisienne : un système d’équations incompatibles ?!


L’assassinat de Chokri Belaid, figure emblématique de l’opposition progressiste tunisienne, a provoqué un réveil du peuple tunisien et a secoué toute la classe politique- majorité comme opposition. Jbali, chef du gouvernement et n°2 d’Ennahdha s’est vu obligé de se démarquer du patron du parti islamiste. Ainsi, il a lancé une initiative relative à la mise sur pied d’un gouvernement composé essentiellement par des technocrates sans appartenance politique. Cette initiative est une bonne/fausse idée car trop tardive eu égard à  la situation économique et sécuritaire explosive du pays – dérapage sécuritaire et banqueroute en vue. En réalité, la démarche du Chef du gouvernement n’a qu’un objectif : redistribuer les cartes au sein de la scène politique en vue des prochains rendez-vous électoraux, particulièrement celui concernant  l’élection du futur président de la République.

Jbali est apparemment très bien conseillé par ses amis RCDistes : encore une fois, il arrive à tirer les marrons du feu. Sa démission est une fausse démission et surtout une mise sur la touche de la Constituante, de facto inutile et superflue dans la mesure où elle n’a plus un droit de regard sur le gouvernement intérimaire : découplage inattendu et réussi ! En effet, en tant que  gouvernement de gestion des affaires courantes, cet exécutif intérimaire qui serait sans fin n’a plus à se référer  à cette institution. Nous sommes certain qu’aucune personnalité ne serait en mesure de former un nouveau cabinet. Jbali a-t-il réussi un second coup royal ? Je crains que oui !

La situation politique en Tunisie est semblable à un problème mathématique où il y a plus d’équations que d’inconnues. Jbali a proposé un système de solutions incomplet qui a vérifié l’équation de l’opposition et s’est planté dans les autres équations. Ainsi, nous pouvons dire que notre système d’équations est incompatible. Dans ce cas, il est impératif d’abandonner soit la piste du système de solution-Jbali ou de  larguer le système d’équations dans sa configuration actuelle. Cette démarche exige la présence d’un Homme d’Etat à l’image de Habib Bourguiba pour jongler avec les deux systèmes d’équations et de solutions. Pour le moment, rien n’indique qu’il y a au sein de la classe politique un homme ou une femme de cette envergure. Dans ce cas, il ne reste qu’une solution prévoyant de faire table rase de l’expérience fâcheuse post 14 janvier 2011 et reconstruire la maison Tunisie à travers une Conférence Nationale Souveraine des Forces Vives de la Nation.

Jbali n’est sans doute pas fort en mathématiques car il a mal posé son système d’équations et son système de solutions est fatalement incomplet donc erroné. Le résultat est chaotique ! Marzouki, président sans prérogative, n’appartient pour le moment ni au système d’équations ni au système de solutions. Alors, s’il veut rester à Carthage, il doit obligatoirement trouver le complément du système de solutions de Jbali capable de satisfaire les  équations restantes non satisfaites sinon il doit s’écarter le plus tôt possible de la scène politique et laisser la place à un président capable de compléter le système de la solution cqfd la Conférence Nationale Souveraine.

Mustapha STAMBOULI