L’assassinat de Chokri Belaid, figure emblématique de l’opposition
progressiste tunisienne, a provoqué un réveil du peuple tunisien et a secoué toute
la classe politique- majorité comme opposition. Jbali, chef du gouvernement et
n°2 d’Ennahdha s’est vu obligé de se démarquer du patron du parti islamiste. Ainsi,
il a lancé une initiative relative à la mise sur pied d’un gouvernement composé
essentiellement par des technocrates sans appartenance politique. Cette
initiative est une bonne/fausse idée car trop tardive eu égard à la situation économique et sécuritaire explosive
du pays – dérapage sécuritaire et banqueroute en vue. En réalité, la démarche
du Chef du gouvernement n’a qu’un objectif : redistribuer les cartes au
sein de la scène politique en vue des prochains rendez-vous électoraux,
particulièrement celui concernant l’élection
du futur président de la République.
Jbali est apparemment très bien conseillé par ses amis
RCDistes : encore une fois, il arrive à tirer les marrons du feu. Sa
démission est une fausse démission et surtout une mise sur la touche de la Constituante,
de facto inutile et superflue dans la mesure où elle n’a plus un droit de
regard sur le gouvernement intérimaire : découplage inattendu et
réussi ! En effet, en tant que gouvernement de gestion des affaires
courantes, cet exécutif intérimaire qui serait sans fin n’a plus à se
référer à cette institution. Nous sommes
certain qu’aucune personnalité ne serait en mesure de former un nouveau cabinet.
Jbali a-t-il réussi un second coup royal ? Je crains que oui !
La situation politique en Tunisie est semblable à un problème
mathématique où il y a plus d’équations que d’inconnues. Jbali a proposé un
système de solutions incomplet qui a vérifié l’équation de l’opposition et s’est
planté dans les autres équations. Ainsi, nous pouvons dire que notre système
d’équations est incompatible. Dans ce cas, il est impératif d’abandonner soit la
piste du système de solution-Jbali ou de larguer le système d’équations dans sa
configuration actuelle. Cette démarche exige la présence d’un Homme d’Etat à l’image
de Habib Bourguiba pour jongler avec les deux systèmes d’équations et de
solutions. Pour le moment, rien n’indique qu’il y a au sein de la classe
politique un homme ou une femme de cette envergure. Dans ce cas, il ne reste qu’une
solution prévoyant de faire table rase de l’expérience fâcheuse post 14 janvier
2011 et reconstruire la maison Tunisie à travers une Conférence Nationale
Souveraine des Forces Vives de la Nation.
Jbali n’est sans doute pas fort en mathématiques car il a
mal posé son système d’équations et son système de solutions est fatalement
incomplet donc erroné. Le résultat est chaotique ! Marzouki, président
sans prérogative, n’appartient pour le moment ni au système d’équations ni au
système de solutions. Alors, s’il veut rester à Carthage, il doit
obligatoirement trouver le complément du système de solutions de Jbali capable
de satisfaire les équations restantes non
satisfaites sinon il doit s’écarter le plus tôt possible de la scène politique et
laisser la place à un président capable de compléter le système de la solution
cqfd la Conférence Nationale Souveraine.