Sidi Bouzid privée d’alcool ce week-end. Ce n’est pas de
l’intox, c’est une histoire vraie et rapportée par des pro dignes de foi. Le
journal online, Tunisie Numérique, nous informe que de violents affrontements
ont opposé des salafistes à des clients de bars et de consommateurs de boissons
alcoolisées dans la ville de Sidi Bouzid, en fin de journée samedi 19 mai 2012.
L’information précise que
des barbus salafistes ont averti la veille
les propriétaires des bars et certains revendeurs de boissons alcoolisées de
s’abstenir de commercialiser leurs marchandises durant le week-end. Les
mécontents (revendeurs et consommateurs), révoltés par cette menace sont allés
manifester auprès du district de la police de la ville, reprochant aux forces
de l’ordre de ne pas veiller au respect de la loi, laissant les barbus établir
leur ordre et leur loi dans la ville. Cette réaction-protestation légitime
n’était pas du goût des barbus qui n’ont pas manqué l’occasion pour attaquer
les protestataires au su et au vu d’une police incapable de rétablir l’ordre
républicain.
Certains s’étonnent et tentent de minimiser l’incident et
justifier l’injustifiable. Nous proclamons avec vigueur que cette action s’intègre dans une stratégie bien
réfléchie et conçue en haut lieu du wahhabisme saoudien et que ces barbus ne
sont que les sous-traitants de l’internationale salafiste. Ces salafistes ne
font qu’appliquer leur idéologie et leur concept de vie. En fait, ces salafistes
représentent une version de l’Instance de la promotion de la vertu et la
prévention du vice, plus connue sous le nom de « police religieuse ».
Rappelons-le, cette instance a obtenu, vendredi 17 février 2012 l’autorisation
d’exercer son activité en Tunisie. Ce n’est qu’une antenne de l’instance-mère se
trouvant en Arabie Saoudite.
La Mutawa (police religieuse) a pour mission de faire
respecter les soi-disant principes religieux islamiques. En Arabie
Saoudite, une des actions les plus spectaculaires de cette police fasciste a
eu lieu le 11 mars 2002 au matin, lors de l’incendie d’une école de
jeunes filles à La Mecque. La police religieuse a empêché
celles-ci de sortir de l’école, car leurs tenues n’étaient pas
strictement conformes au code vestimentaire islamique. Quatorze d’entre elles
sont mortes dans les flammes.
Autre information, on apprend que la commission de « La
promotion de la vertu et la prévention du vice », ou police religieuse en
Arabie Saoudite, a annoncé qu’elle obligera les femmes à se voiler les yeux,
spécialement celles aux yeux excitants. Heureusement que le ridicule ne tue pas.
Voilà où va la Tunisie. Son modèle : le régime obscur et hypocrite d’Al Saoud où règne le vice, précisément!
Riadh Sidaui, intellectuel, écrivain, politologue tunisien
et directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales
(Caraps) basé à Genève est un fervent opposant au wahhabisme et à ses
dérives. Il qualifie le wahhabisme
saoudien de dogmes réactionnaires empêchant toute réflexion
intellectuelle. Sidaoui pense que les fondements politiques de l'islam résident
dans l'esprit républicain démocratique et non l'esprit monarchique wahhabite.
Pour lui, le wahhabisme saoudien est donc un danger qui menace l'islam, les
musulmans ainsi que l'humanité entière.
Voilà où va la Tunisie. Son modèle : le régime obscur et hypocrite d’Al Saoud où règne le vice, précisément!
Pourquoi nos partis politiques républicains se taisent-ils devant
cette marche bien balisée vers l’obscurantisme ?
Mustapha STAMBOULI