Le multipartisme, s’il
témoigne de la bonne santé/volonté démocratique d’un pays, d’une soif de participation citoyenne à la construction
de ce dernier, reflète également le désarroi et le manque de confiance dans
l’offre politique existante, ce qui, à notre avis, correspond au cas de la
Tunisie.
Compte tenu de la dimension de notre pays, du nombre assez modeste
d’électeurs et électrices, de l’immaturité relative, du peu de préparation des
tunisiens – résultats de l’oppression passée – nous estimons que seuls quatre –
cinq courants politiques majeurs mais traversés par des courants intérieurs
pourraient suffire et agencer l’éventail de l’échiquier politique : libéral, socialiste,
conservateur, centriste, avant-gardiste et écologiste, à l’instar des pays
enracinés dans la démocratie. Rien d’original, à l’évidence, dans cette
nomenclature.
L’émiettement, l’éparpillement,
la division feront le lit du courant conservateur fondamentaliste, plus
organisé, moins divisé, par la même plus mobilisateur, disposant, de plus,
d’une logistique et de moyens financiers énormes.
Certains partis ont été créés
avec pour seul objectif la promotion
d’une personne, sans réelle vision politico-socio-économique, d’autres, malgré la
bonne foi de leurs organisateurs et de leurs militants ne parviendront jamais à
s’imposer sur la scène nationale faute de moyens financiers, de créneau idéologique
à leur disposition et sans ancrage populaire sur l’ensemble du territoire.
Tout parti politique se
construit à partir d’une communauté d’individus partageant une même vision de
développement sociétal sur tous les plans, une méthodologie, une démarche de
mise en œuvre et une militance au
service du collectif, c'est-à-dire que le moi individuel doit se fondre dans le
moi collectif en vue de faire avancer et triompher idéaux et projet proposé au
peuple.
Nous assistons ces derniers temps, après la catastrophe du 23 octobre dernier, à un réveil et une prise de conscience des partis d’opposition. Ces derniers commencent à fusionner, à s’unir pour former des grands rassemblements et c’est bonne chose. Trois grands mouvements ont vu le jour, donnant un nouveau système politique moins éparpillé capable de faire face à une troïka contre-nature et de constituer une vraie opposition et surtout une nouvelle alternative.
Nous assistons ces derniers temps, après la catastrophe du 23 octobre dernier, à un réveil et une prise de conscience des partis d’opposition. Ces derniers commencent à fusionner, à s’unir pour former des grands rassemblements et c’est bonne chose. Trois grands mouvements ont vu le jour, donnant un nouveau système politique moins éparpillé capable de faire face à une troïka contre-nature et de constituer une vraie opposition et surtout une nouvelle alternative.
En outre, tout parti cherche
à influencer la décision politique, qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition.
En Grande-Bretagne, par exemple, le parti d’opposition constitue un ‘shadow Cabinet’ ou contre-gouvernement
posant et proposant des alternatives dans
l’optique d’une prise de pouvoir et pour porter une voix unique, claire,
cohérente et contradictoire sur le programme gouvernemental de l’équipe en
place. Pourquoi ne pas introduire dans notre système politique ce modèle
efficace de pouvoir et de contre-pouvoir lors de la rédaction de la
Constitution ? Ce mode de gouvernance requiert un regroupement de l’offre
politique, il évite le flou et permet la circulation institutionnelle de
l’information entre le gouvernement et l’opposition, non prise au dépourvu lors
du changement de majorité. Les citoyens et citoyennes sont de vrais
acteurs-témoins, juges du contenu des propositions et des compétences de leurs
représentants, d’autant plus que les échanges au Parlement sont transmis en
direct à la télévision, autre facette de la démocratie.
Aussi, j’invite
vivement les trois grandes formations
récemment constituées («Grand Parti du Centre»,
le «Parti Alwatani Ettounsi » et le futur parti fruit de la fusion d’Ettajdid,
le PTT et des militants du PDM) de trouver un terrain d’entente pour créer un
front alternatif à la Troïka et former, à titre expérimental, un ‘shadow Cabinet’, une structure de proposition
et d’opposition constructive au pouvoir en place en attendant les prochains
rendez-vous électoraux ou aux changements imprévisibles de la vie politique
dans le pays.
Mustapha STAMBOULI