L'assassinat de Chokri Belaïd marquera
pour longtemps les esprits et les mémoires des Tunisiens et Tunisiennes. Cet
évènement met à nu la fragilité de la Tunisie. Les voyous ont
franchi un nouveau palier de haine et de rancœur. Cet acte horrible dénote que ces fascistes
sont des incultes, t ennemis de la Nation.
Résistons et unissons-nous
contre ces barbares intolérants et arriérés. Cette barbarie doit être condamnée
par toutes les forces vives du pays.
Si le
pouvoir politique refuse de prendre ses responsabilités pour endiguer le
danger de la somalisation de la Tunisie avant qu'il ne soit trop tard, c’est à
l’Institution Militaire, garante de la République et de ses institutions,
de prendre l’initiative pour mettre fin à cet état de gabegie et de guerre
civile unilatérale.
Espérons que le peuple se
réveille et comprenne les objectifs réels de ces barbouzes: la division et
la haine pour affaiblir l’Etat, démoraliser le peuple et instaurer un
pouvoir fasciste, c'est-à-dire confisquer toutes les libertés.
Aujourd'hui plus que jamais, il convient de se demander : à qui profite cette gabegie ? La société civile a le devoir de faire face à ce phénomène de la radicalisation et de l’extrémisme cherchant à anéantir la République et ses acquis.
La situation est extrêmement grave et exige une prise de conscience collective pour sortir le pays de ce guet-apens !
Le temps n’est pas aux compromis boiteux : l’opposition républicaine doit exiger un règlement définitif de tous les problèmes en instance : constitution, code électoral, ISIE, date du référendum sur la constitution, élections générales. Tout accord partiel constituera un pas en arrière et une prolongation à l’infini de l’actuelle transition.
Cet état de dégradation de la
sécurité met le pays à deux doigts de l’implosion. Compte tenu des conséquences
graves qui découleront de cette situation, nous appelons avec force à une refonte
rapide et objective de la feuille de route pour préserver ce qui reste de la
République et nous éviter une «somalisation» certaine de la Tunisie. Ce plan de sortie
de crise pourrait se dérouler en quatre temps :
(1) Compte tenu de l’échec du
gouvernement, la majorité actuelle n’a plus de légitimité morale et
d’efficacité pour poursuivre l’exercice du pouvoir. Il est donc obligatoire
qu’une nouvelle majorité s’organise autour d’un pôle républicain pour diriger le
pays, le temps de trouver une solution pérenne pour la prochaine transition.
(2) Activation, sans délai,
de la Constitution de 1959 pour installer de nouveau l’Etat de droit car la
«petite constitution» n’est qu’une compilation de textes contradictoires et
incohérents.
(3) Lancement par le
président de la République d’un processus de Conférence Nationale Souveraine des Forces vives de la Nation pour
dégager une feuille de route consensuelle et une nouvelle transition pour
diriger le pays jusqu’aux prochaines élections législatives et présidentielles.
(4) Lancement d’une opération
d’épuration de la Tunisie des éléments des ligues de protection de la
révolution.
Sans la mise en œuvre rapide de cette feuille de route, la Tunisie sombrera dans la violence et l’instabilité. En seront personnellement responsables les trois présidents.
Pour conclure, l’opposition,
dans sa version rénovée, sera-t-elle en mesure de voir grand et de placer l’unité nationale au cœur de son combat pour l’instauration d’une réelle
démocratie et la préservation de la République et de ses acquis ? Sera-elle capable de concevoir un Contrat social pour sortir le pays du marasme actuel et restaurer la dignité des sans emploi, et des sans-abri et des sans voix ?
Mustapha STAMBOULI