Nul ne doute
que le « printemps arabe » a déstabilisé la région au lieu
d’engendrer une meilleure gouvernance,
prospérité et démocratie. Le terrorisme financé par certains pays
golfiques, sous-traitants d’Israël, ouvre une voie royale à l’installation de
l’Occident dans la région et favorise le retour des facho-dictateurs. Ainsi, la
boucle serait bouclée.
L’échec de
la transition islamiste – assassinats politiques, effondrement de l’économie et
de la monnaie nationale, fragilisation
de la sécurité, érosion de l’autorité de l’Etat, non respect des engagements
pris, n’est plus à démontrer. Ces faits ont plombé le présent et risquent d’handicaper
le futur de la Tunisie. Le vrai blocage politique vécu par la Tunisie résulte essentiellement
de l’incapacité de la classe politique à s’entendre sur un projet de société.
Les déchirements à l’intérieur de la constituante concernant la formulation du
projet de la loi fondamentale le prouve.
Tout indique
que la Tunisie se prépare à faire table-rase de la transition de la honte et
entamer un nouveau processus démocratique. En effet, la Constitution promise ne sera probablement pas
adoptée par la Constituante faute de
majorité qualifiée définie par la petite constitution : ni les islamistes
ni les progressistes ne voteront ce torchon truffé de contradictions et de
pièges.
Comment le
camp républicain votera-t-il une constitution avec son article 38 ? Ce
dernier annule les quelques avancées de ce projet. Il installe de facto un Etat
fasciste dont la mission est « d’implanter à travers l’école exclusivement
l’identité islamique» ; cela veut dire oblitérer notre passé si riche en
diverses cultures et peuplements variés. Même Yadh Ben Achour qualifia de «jour noir», le jour où les
constituants islamistes votèrent massivement pour cet article fasciste,
rétrograde. Il ajouta en parlant des islamistes : «ces gens qui ont été
pendant très longtemps absents du pays».
Par
ailleurs, comment les intégristes de la constituante oseront-ils voter pour
cette constitution qui autorise des tunisiens musulmans à quitter l’Islam pour
une autre religion ? Comment pourront-ils accepter les dispositions
permettant l’apostasie et la liberté de culte ? Notons les contradictions avec
la volonté d’imposer une identité islamique …
Nous pensons
que le gourou a torpillé le processus constitutionnel en obligeant ses
béni-oui-oui à voter pour les articles contradictoires. Il a compris qu’il
n’est plus le maitre de la situation. Il passe l’éponge en acceptant sciemment
de soumettre la Constitution à l’avis du peuple par voie référendaire.
La fin d’un
cauchemar prend forme : il est certain que le peuple entier votera contre
ce projet inacceptable : les républicains bourguibistes ne peuvent pas accepter
cet article 38 dans leur loi fondamentale. De même, les islamistes ne voteront
pas oui pour une Constitution protégeant les athées … Le non est garanti pour
ce projet ridicule de Constitution.
Le refus
massif et populaire de ce torchon suppose la dissolution automatique de la Constituante
et la remise des pouvoirs législatifs à l’exécutif- Chef de gouvernement et
Président. Dans ce scénario annoncé, le tartour serait déchu de ses fonctions
pour de multiples raisons – son livre noir entre autres. Un BCE à la présidence
n’est pas exclu – l’Occident serait là pour appuyer cette candidature et le
himar watani ne peut que l’accepter - cf MEJO !
La Tunisie,
laboratoire de l’Occident, a choisi une méthode « soft » pour dégager
les incompétents islamistes : une méthodologie pouvant être proposée à
d’autres pays !
La suite du
processus démocratique de la Tunisie se simplifie énormément :
(i)
mise en place d’un comité d’une vingtaine de
personnalités nationales pour proposer une Constituante en faisant la synthèse
de la Constitution de 1959 et du projet rejeté en incluant aussi des
dispositions avant-gardistes comme la décentralisation intégrale et
progressive, la suppression de la peine de mort, la protection de nos
ressources minières et énergétiques, etc… Il est clair que ce projet doit
être soumis à un référendum populaire.
(ii)
(ii) mise en
place d’une administration électorale dotée de moyens humains et financiers, premier
signe de bonne foi vers la normalisation de la vie démocratique du pays. Un
comité d’experts indépendants, à désigner, devra établir un nouveau code
électoral réellement juste et transparent tenant compte des conditions
politiques et objectives du pays afin
d’éviter le ratage des élections du 23 octobre dernier.
(iii)
stabilisation
économique et financière de notre pays : ceci exige en premier lieu la
suppression de la loi de finances 2014 votée à la hâte par les incompétents et les
irresponsables du Palais du Bardo et la conception d’un plan-programme sur une
durée de deux ans afin de sortir le pays
de son marasme économique. Les nouvelles autorités du pays peuvent faire appel
aux tunisiens et tunisiennes pour le financement des projets de développement
des zones méritant une intervention d’urgence. L’Etat
pourrait émettre des obligations sur
cinq ans à cette fin sans faire appel au FMI et à la Banque mondiale.
(iv)
lancement d’une série de conférences nationales
thématiques sur les principales
problématiques de la Tunisie : éducation, préservation des ressources
minières et énergétiques, décentralisation, etc. Les consensus dégagés de ces
conférences seront imposés aux prochains gouvernements afin d’éviter errements
et perte de temps.
(v)
installation d’une Centrale Républicaine de
Renseignent (CRR) totalement indépendante. Un FBI tunisien est un besoin urgent
car notre pays est vraiment menacé par le terrorisme international
jihadiste surtout que notre voisin du Sud est en train de se « somaliser »
chaque jour un peu plus.
Le futur
exécutif n’a pas le droit à l’erreur car
la situation socioéconomique du pays est explosive, tous les chiffres économico-financiers étant au
rouge : (i) le déficit de la balance commerciale pourrait atteindre 8
Milliards de dinars en 2013, (ii) le dinar a perdu plus de 9 % en 2013,
cette érosion pourrait atteindre 20% si on laisse glisser le dinar par rapport
aux principales devises, (iii) la bourse a perdu plus de 7 % en 2013 et
14% depuis le 14 janvier 2011 et rien n’indique que cette descente aux
enfers s’arrêtera.
La maison
Tunisie brûle et nos politiciens doivent arrêter leurs palabres interminables et
leurs combines partisanes sinon, ils seront coupables de crime de haute
trahison vis-à-vis du peuple, en particulier des plus démunis qui espéraient
tant du changement.
A côté d’un passif
énorme en matière de pouvoir d’achat, d’emploi et de perte de sécurité, les
tunisiens et tunisiennes peuvent se glorifier d’avoir dégagé pour toujours ZABA
et sa mafia – même si l’étranger y était pour beaucoup. Ils ont mis aussi à l’écart les islamistes pour
leur incompétence, leur démagogie et leur accrochage au wagon qataro-salafiste.
Ils ont arraché une réelle liberté
d’expression sans égale dans la région arabe. La période post 14 janvier 2011 a
permis l’émergence d’une société civile forte, battante, intelligente,
revendicatrice et variée. Les partis politiques sous peine de disparaitre ou se
décrédibiliser devraient emboiter le pas à la société civile.