Le recours systématique et sans cesse croissant aux marchés financiers pour prélever des crédits à court terme provoque la dégradation des conditions d’endettement. La proportion de ces dettes est ainsi passée de l’insignifiant en 1987 à 22 % en 2009. En 20 ans l’endettement fut transformé en instrument d’appauvrissement du pays et non en facteur de développement et de création d’emplois. Comment le citoyen peut-il comprendre cette inversion de sens ?
Pourquoi la BCT
s’empresse– t- elle de rembourser dès cette année 577
millions d’euros au titre du service de la dette, sachant que le pays a
renversé le régime ayant sollicité ces emprunts ? Ne faut-il pas vérifier
au préalable l’exactitude des données sur cette question ? Ces crédits
étaient-ils utilisés pour des projets de développement structurant au bénéfice
des populations ou à d’autres fins ? (parc automobile présidentiel d’un
luxe inouï, villas somptueuses, clinique privée au palais de Carthage, avions,
bateaux présidentiels, parc zoo, etc.…). Eu égard aux pratiques malsaines de
Ben Ali, la Tunisie doit suspendre le remboursement de la dette à titre
préventif en attendant de procéder à un audit exhaustif des emprunts contractés
faisant ressortir la part de la dette
odieuse, celle utilisée ou détournée à des fins personnelles par le dictateur.
La stratégie d’ouverture de l’économie
tunisienne à l’investissement direct étranger (IDE), prônée et exécutée via la vente des "bijoux
de famille" (cimenteries, cession d’une
part importante du capital de Tunisie Télécom, concessions de téléphonie,
banques, assurances, tourisme, etc..) essentiellement par Ben Ali sous pression des institutions internationales
risque de poser de sérieux problèmes pour la balance des
paiements de la Tunisie. Des études récentes se basant sur les statistiques de l’INS
montrent que, pour la période comprise entre 2000 et 2008,
les
dividendes exportés ont été multipliés par 3,47 alors que le PIB ne l’a été que
par 1,85. Cette situation résulte d’une
politique de liquidation de tous les projets rentables au profit de
l’investissement direct étranger. Ces IDE non-exportateurs participent à
l’endettement et creusent le déficit de la balance des paiements. Ces IDE
fabriquent l’appauvrissement du pays. Est-ce un hasard ou une pratique mûrement
réfléchie par Ben Ali et son clan ? Les tunisiens se demandent si ces investisseurs étrangers sont des
sociétés-écrans servant d’abri au clan mafieux. Un audit indépendant devra être
mené au plus vite pour connaître la vérité sur
ces IDE. A son insu, le peuple tunisien serait en train de payer environ
2 Milliards de dollars par an en tant que bénéfices exportés des IDE au profit
du clan Ben Ali et lui permettre un exil doré. L’Etat tunisien devrait s’atteler
sérieusement à cette question des IDE, car sont en jeu sa crédibilité et
l’intérêt national. La Tunisie est en droit de nationaliser les entreprises
cédées d’une manière peu transparente aux investisseurs soi-disant étrangers.