19 novembre 2011

Le nombrilisme des chefs, la magouille et la traitrise de certains ont fait d’une minorité une majorité.

Le bilan de la transition n’est plus mitigé comme je l’avais qualifié, il y a quelques mois, mais plutôt catastrophique et inquiétant et ceci pour plusieurs raisons :

Le peuple tunisien, au lieu de se projeter dans le futur, il est en train de discuter de la 6ème Califa !

Les tunisiens ne se reconnaissent plus dans un projet politique mais plutôt dans une aire géographique : le succès aux élections de la Constituante des listes de la  « pétition populaire» en est une démonstration, c’est le retour à la poussière d’individus que Bourguiba a tant combattu.

L’UGTT qui a donné un coup de pouce décisif à la révolte et à la chute du régime mafieux de Ben Ali en appelant à une grève générale le 14 janvier se voit exclu de la Constituante, c’est plus qu’une aberration, c’est une humiliation voire de l’ingratitude !

Ce qu’il faut retenir aussi des élections de la Constituante du 23 octobre qu’entre «24 % et 49 % des voix se sont portées sur des listes qui n'ont pas eu d'élus (outre les votes blancs et les nuls), c'est-à-dire qu'entre le quart et la moitié des voix ont été perdues selon les circonscriptions, voix qui ne sont pas représentées à la Constituante». A cela, il faut ajouter les personnes qui ont boycotté les élections (plus de 45 % de masse électorale).

Ce bilan-inventaire  rapide est plus qu’inquiétant. Tous les progressistes de ce pays en sont responsables.  Le nombrilisme des chefs, la magouille et la traitrise de certains ont fait d’une minorité une majorité. Nous sommes en droit de nous demander si nous avons les politiciens que nous méritons. Il semble évident que la réponse est oui.

L'immobilisme de la population, sa division et son non-engagement grandissant (la multiplicité des partis et des listes indépendantes) font en sorte que la déchéance de la classe politique est en grande partie de la faute de la population, et qu'elle doit en assumer les conséquences ou prendre les décisions requises pour y remédier.

Finalement, il faut obligatoirement revoir nos moyens d'implication dans la politique pour assurer une transition générationnelle dans la gestion des affaires publiques. C'est le thème du changement récurrent en politique à l'heure actuelle, mais ô combien important si l'on veut changer les choses. Où sont les jeunes bourguibistes, démocrates et républicains qui vont faire la Tunisie de demain? Sont-ils coincés derrière les vieux de la vieille? Assez le jeu de cache-cache, faisons face à nos responsabilités de citoyens et réparons nos erreurs.

La question qui se pose maintenant est: nos hommes et femmes politiques glissent-ils lentement et surement et par touches successives de la démocratie au fascisme pour atteindre en douceur des objectifs obscurs ? Telle est la question angoissante qui surgit à voir la lente progression des déclarations diverses et variées mises en place afin de museler nos libertés et nos droits chèrement acquis.