« Simplicité volontaire » est avant tout une
remise en question de notre société de consommation, sans hypothéquer nos
acquis démocratiques, sociaux, sociétaux et culturels.
«Simplicité volontaire» n’est pas la
décroissance de tout pour tous, ni un retour en arrière vers un pseudo bonheur
perdu, mais bien un virage, une bifurcation, que nous devons prendre afin de
sortir de l’engrenage destructeur de la société de croissance.
A l’aide de ses
meilleurs outils que sont le capitalisme, le libéralisme, l’ultra-libéralisme
et autres néo… la société de croissance accumule dramatiquement les crises
environnementales, sociales, économiques, financières, culturelles et politiques.
Devant ce constat, il est urgent de dire à tous les
citoyens et citoyennes qu’il ne s’agit pas de choisir entre «croissance
et décroissance »
mais bien entre une décroissance volontaire et une récession subie.
Les problèmes sociaux et environnementaux de notre système ne
pourront être résolus ni en ajustant quelques paramètres, ni par les seules
initiatives personnelles.
C’est pour tout cela qu’il est essentiel de proposer aux
citoyens un projet politique capable de transformer ce modèle qui met en danger
notre avenir.
« Vivre simplement » désigne un
mode de pensée, un projet de société et un mouvement
politique.
Nous pensons que la société de Croissance est à l’origine de la crise
multi-dimensionnelle “qui éprouve l’humanité” :
·
L’effondrement
environnemental (menace de la biodiversité, gaspillage des ressources,
altération des milieux).
·
La crise
sociale (montée des inégalités, crise de la dette et du système financier).
·
La crise
politique et démocratique (désaffection et dérive de la démocratie).
·
La crise de
la personne humaine (perte de sens, délitement des liens sociaux).
La société de
Croissance n’est ni soutenable ni souhaitable, il faut en sortir. C’est le sens
de la « Vivre simplement » : réfléchir ensemble à de nouveaux projets de société soutenables et
souhaitables.
« Simplicité volontaire »
n’a pas de lien avec des indices de
quantification. Il serait tout autant absurde de
construire une société autour d’une décroissance du PIB qu’il est absurde de
l’avoir construite autour de la croissance de celui-ci. Il ne s’agit ni de
faire croître, ni de faire décroître des indices économiques. C’est pourquoi on
parle d’ “a-croissance”, il faut simplement sortir de la religion de la
Croissance.
Depuis plusieurs années, les Objecteurs de Croissance sont attentifs à
expliquer clairement ce qu’est la « Vivre
simplement », et ce qu’elle n’est pas. Il nous
semble relever de la mauvaise foi de continuer à attribuer à la « Vivre simplement » des
projets de « retour à la bougie », de décroissance de tout pour tous (notamment
pour les pays du Sud de la planète), ainsi que la notion de quantification, le
malthusianisme et toutes les autres caricatures que nous n’avons de cesse de
démentir.
«Simplicité volontaire pour que
d’autres puissent simplement vivre.»
Nous
avançons surtout avec nos mots chantiers : la dotation inconditionnelle d’autonomie, le
revenu maximum autorisé, la gratuité de l’usage et le
renchérissement du mésusage, la relocalisation, le
ralentissement, l’attention aux autres, l’autonomie, la solidarité, la
sérénité, la convivialité et la joie de vivre.
Nos « 8 chantiers du « Vivre
simplement »
1.
Valoriser
l’expérimentation locale, associative et collective, encourager le bon
usage. Faire évoluer le rapport à la propriété et au partage des richesses.
Construire une politique de « ménagement du territoire » au service des
individus.
2.
Inciter la population à privilégier les transports doux (vélo et marche à
pied) ou collectifs en augmentant les dessertes des bus (dont scolaires) et en
pratiquant une politique tarifaire attractive. Aménager les trottoirs et les
rues pour les personnes handicapées. Créer des services de co-voiturage et de
voitures partagées. Mais, surtout, amorcer une réflexion globale sur les
transports.
3.
Développer
une agriculture paysanne (biologique et de proximité) qui
protège l’environnement et enrichit la vie rurale, en facilitant la mise à
disposition de terres cultivables. Rechercher l’autonomie individuelle et
locale par les jardins partagés.
4.
Mettre en
œuvre des plans de réduction de la consommation d’énergie notamment
dans les établissements scolaires, encourager la production locale d’énergie.
Agir pour le recyclage et le tri à la source des déchets ménagers.
5.
Relancer la «
production » de biens basés sur les échanges relationnels et conviviaux .
6.
Encourager une
croissance de la richesse des rapports humains en soutenant la
transmission des savoir-faire traditionnels locaux. Aider les pédagogies
alternatives. Augmenter l’offre des enseignements artistiques. Soutenir les
initiatives d’auto-construction dans le domaine de l’habitat.
7.
Réorienter la recherche
et la formation vers la transition écologique et créer des filières
dans les domaines de l’alimentation, de l’énergie, de l’habitat, des
transports, de l’artisanat et du tourisme écologique.
8.
Permettre aux
citoyens de s’impliquer réellement dans les instances de démocratie participative,
organiser rencontres et débats. Œuvrer contre l’agression publicitaire et
soutenir la mise en place de médias locaux indépendants.
Stratégie de masse critique
Adopter une stratégie de
masse critique suppose au préalable l’abandon d’une «segmentarisation» des
pratiques politiques ; pas question de jouer les uns contre les autres; pas
question de faire l’économie d’une quelconque parcelle d’engagement politique.
La politique n’est pas plus l’affaire des « militants » traditionnels que celle
des « vrais gens ». La stratégie de masse critique est une stratégie de
convergence et de réseau dans laquelle tous les différences doivent être
reconnues comme des apports. Laissons au capitalisme et au libre-échange la
mauvaise foi de confondre « différence » et « concurrence ».
« La stratégie de
masse critique, c’est un processus permanent et évolutif de transformation
sociale. Son but ? La rupture avec le modèle dominant. Son chemin ? Conjuguer
luttes sociales, contre-pouvoirs, alternatives concrètes et combats
institutionnels. A la condition que ces combats divers s’appuient sur la
cohérence d’un projet politique global de sortie du capitalisme et du
productivisme. C’est de l’expérience et de l’analyse de ces alternatives que
les contre-pouvoirs, issus des luttes de résistance, tirent les enseignements
pour proposer des ruptures sociétales et institutionnelles : sans cesse et sans
attendre. Ce qui entraîne à la fois des changements culturels (mise en cause de
l’idéologie dominante) et des modifications législatives permettant des
avancées sociales, traduisant de nouveaux rapports de force dans la société.
Pour les Objecteurs de Croissance, la prise du pouvoir institutionnel n’est pas
prédominante : le préalable, c’est la capacité des mouvements sociaux, à
inventer, organiser, proposer l’organisation sociale à venir.
Concrètement, en attendant un «
Manifeste pour une société du vivre simplement » qui s’adressera autant
aux « gens » qu’aux « militants », la stratégie de la masse critique doit
s’articuler autour d’un texte suffisamment court et explicite pour qu’il serve
de signe de reconnaissance à tous ceux qui s’impliquent déjà dans la sphère la
plus élargie possibles des « alternatives » : une plate-forme de convergence. Elle existe déjà; comme processus en vie, elle peut et doit être
reprise, retravaillée, reformulée, en particulier la troisième partie sur les «
chantiers » de la décroissance. A condition de ne pas en faire un mésusage –
signe de ralliement – mais un bon usage – signe de reconnaissance.
La
désobéissance civile : outil de «viVre simplement» et un enjeu de citoyenneté
Face aux atteintes portées à la démocratie par une oligarchie
toujours plus agressive,
Face aux remises en cause du pacte social et notamment des services publics,
Face à la nécessité de renforcer le répertoire d’action des citoyens, des salariés, des chômeurs, des consommateurs, de tous les sans (logement, travail, dignité, etc.),
Face aux remises en cause du pacte social et notamment des services publics,
Face à la nécessité de renforcer le répertoire d’action des citoyens, des salariés, des chômeurs, des consommateurs, de tous les sans (logement, travail, dignité, etc.),
La question de la désobéissance est posée par des acteurs
sociaux les plus divers et toujours plus nombreux. Ces actes de désobéissance
ne sont en rien un retour au vieil illégalisme.
Ils en appellent à la désobéissance au nom d’une conception plus haute
du droit. La désobéissance
se pratique individuellement ou collectivement :
·
Désobéissance individuelle pour échapper à
l’idéologie du système et à ses engrenages,
·
Désobéissance professionnelle pour
échapper à la casse des services publics, aux logiques de privatisation du
vivant, avec les enseignants désobéisseurs, les médecins solidaires, les électriciens qui rétablissent le
courant, le refus du travail dominical
et des nocturnes commerciaux, etc,
·
Désobéissance institutionnelle avec
des collectivités qui revendiquent leur autonomie et les moyens pour faire
respecter les lois de l’urbanisme et de préservation du domaine public, par
exemple.