Par Mustapha STAMBOULI, un ami d’une France indépendante et non sous «influence» telle qu’elle le fût sous la houlette du général de Gaulle.
Se tromper d’ennemi est un luxe que la France ne
peut se permettre car elle ne possède ni les moyens ou le temps pour corriger
les retombées de ses errements en matière de politique étrangère. La France n’a
pas su agir correctement lors de la crise qui a poussé Ben Ali à la fuite.
Votre collègue Michèle Alliot-Marie
en a
payé les « pots cassés ».
La France est tombée dans un autre guet-apens,
celui de la Libye, piégée cette
fois-ci par le fameux BHL, Bernard-Henri Lévy, médiocre essayiste, philosophe charlatan
et faux chef de la diplomatie française
durant la crise libyenne. Ne vient-il pas de déclarer récemment : "Ces
printemps arabes, c’est bon pour Israël". Au nom de qui et en vertu de
quelle délégation ? La France, à travers l’OTAN, a déconstruit un pays en
le livrant à Al Qaida. Ce pays, même s’il ne fonctionnait pas correctement
selon les critères occidentaux, ne posait pas de problèmes à ses voisins et ne
menaçait personne. La Libye constituait l’Etat de tous les libyens, ce qui
n’est guerre le cas aujourd’hui... Plusieurs milliers de libyens réfugiés puis «coincés»
en Tunisie craignent pour leurs vies et ignorent où s’installer définitivement.
La Libye, à l’heure actuelle, Monsieur Juppé, savez-vous ce qu’elle
devient sinon un pays qu’Israël
programme de découper en six Emirats pour mieux le maitriser ? Oui,
Monsieur Juppé, vous avez fait du bon travail de sous-traitance pour Israël.
Et maintenant, vous vous acharnez contre la Syrie pour l’imploser tout simplement. Savez-vous,
Monsieur Juppé, que dans ce pays vivent 40 communautés en paix malgré un régime,
disons-le, autoritaire et dictatorial. Pourquoi voulez-vous, coûte que coûte, faire
tomber un pays qui garantit l’autosuffisance alimentaire de sa population, respecte
mieux que la France les critères
Maastricht avec un déficit zéro de sa
balance des paiements, un budget de
l’Etat équilibré et une dette extérieure nulle. Normalement, ce pays devrait
être félicité pour ses performances économiques et financières et encouragé
pour se réformer politiquement. Votre diplomatie devrait l’aider à engager un dialogue avec tout mouvement d'opposition en vue
de le stabiliser au lieu de le renvoyer à une «somalisation» annoncée ou de le laisser à merci de la Russie, l’Iran et la
Chine.
Monsieur Juppé, vous êtes à Tunis pour présider une réunion de soutien à
la Syrie. Mais de quelle Syrie s’agit-il ? Celle des voyous et des bandes
armées salafistes, jihadistes que vous combattez actuellement en Afghanistan. Non,
encore une fois, vous vous trompez de route. Achetez une boussole ou engagez un
guide averti pour vous éviter 40 ans d’errements … Pourquoi la France ne prend-t-elle
pas exemple sur l’Allemagne -pour une
fois à juste titre- qui gère d’une manière royale la crise syrienne en
particulier et les bouleversements dans la région arabe en général. Le tandem «Merkozy»
ne fonctionne-t-il plus ? Dommage
pour vous, le pragmatisme allemand a prouvé son efficacité économique et
politique ! L’Allemagne s’est rangée du côté de son allié stratégique
russe, lequel a décidé d’être ferme et réaliste. La Russie n'a pas l'intention de tolérer un remake libyen en
Syrie. Sa
diplomatie pousse Bachar Al Assad à faire des concessions mais pas à
démissionner. Une différence de taille entre cette démarche russe et votre
stratégie de déstabilisation de la Syrie et de sa périphérie.
Monsieur Juppé, par vos
agissements irréfléchis, vous êtes en train de faire du tort à la politique
étrangère française et à la France toute entière, pays des droits de l’Homme et
de la Liberté. Vous allez laisser un héritage pourri à François Hollande, futur
président de la France. Il aura du mal, le pauvre François, à redresser une
diplomatie en faillite et à la dérive. Peut-être, est-ce ce que vous
souhaitez !!
Monsieur le Ministre
des Affaires étrangères de la République française, si vous ne faites pas d'excuses officielles pour avoir causé de
graves préjudices aux peuples
de Libye et de Syrie, alors, vous n'êtes pas le bienvenu à Tunis, vous êtes un faux gaulliste, un authentique sarkozyste et un sous-traitant
d’Israël. C’est bien dommage de ne pas retrouver la bonne route. Vous avez une carrure d'homme d'Etat qui aurait dû rencontrer la roue de l’Histoire. Dommage
encore une fois !
Cette adresse ne se
décline pas comme un exercice de style
mais en tant qu’indignation, révolte contre la bêtise et l’égoïsme humains.
Pourquoi une telle haine envers nous et pourtant nous sommes, comme vous,
des méditerranéens avec en partage au
moins trois mille ans d’histoire. Il est vrai, le président Nicolas Sarkozy a mis
en place l’Union pour la Méditerranée, projet visant à promouvoir
l'intégration économique et les réformes démocratiques dans seize pays voisins
situés au sud de l'UE, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, un mort-né, à moins que vous ayez commencé par
les réformes démocratiques via les révolutions du printemps arabe.
Dans ce cas, il vous reste beaucoup à faire.
L’Algérie, elle, répliquera. Les
algériens, vous le savez, se défendront
comme par le passé, quitte à provoquer une troisième guerre mondiale pour
stopper l’arrogance et l’hégémonie israéliennes et celles des pays - dont le vôtre - qui l’appuient dans cette
folle aventure.