« Les finances publiques doivent être saines, le
budget doit être équilibré, la dette publique doit être réduite, l'arrogance de
l'administration doit être combattue et contrôlée, … La population doit encore
apprendre à travailler au lieu de vivre de l'aide publique. » CICERON, 55 avant JC.
Le projet de loi
de finances pour 2013, premier vrai budget de la Troïka au pouvoir, marque-t-il
un tournant dans la politique fiscale et budgétaire de notre pays ? Ou
serait-il un plagia des anciens budgets
de ZABA sans comprendre ni leur philosophie ni leurs objectifs ?
Ce budget remettra-t-il
la justice au cœur du système fiscal ou continuera-t-il
à saigner les personnes physiques et les
entreprises afin d’équilibrer un budget orienté vers des dépenses non-nécessaires
comme celles des budgets de la présidence, de l’Assemblée constituante ou du
gouvernement pléthorique composé de 80 ministres ?
Cette Loi des finances
aidera-t-elle les collectivités locales qui se débattent dans une crise
financière sans précédent ? Le risque de banqueroute des Municipalités est
à l’ordre du jour si l’Etat ne vient au secours de ces établissements
publics ?
Ce budget
compte-t-il poursuivre la politique suicidaire de recrutement dans la fonction
publique ou cherche-t-elle une stabilisation progressive des effectifs et de la
masse salariale de l’Etat ?
A l’examen du
projet de budget 2013, nous constatons que celui-ci va accentuer massivement le
déficit et s’écarter de plus en plus d’un équilibre des comptes publics.
Comment peut-on
faire un budget sans une référence de planification et de programmation
multi-annuelle ? Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas établi un document
de cadrage sur 3 ans pour exposer les grandes lignes de ses choix économiques
et sociaux afin de permettre à chacun de comprendre les options fondamentales.
Comment les investisseurs peuvent-ils lire ce projet sans une vision sur le
budget économique pour 2013 ?
Comment établir un budget sans évaluer les résultats de l’exercice précédent ? Que d’incohérences et de travail bâclé !!
Comment établir un budget sans évaluer les résultats de l’exercice précédent ? Que d’incohérences et de travail bâclé !!
Plus du tiers du
Budget de l’Etat sera réservé au remboursement de la dette et au renflouement
la caisse de compensation. Alors que reste-il pour l’investissement public,
porteur de croissance ! Le gouvernement compte-t-il trouver les devises
pour rembourser sa dette extérieure, laquelle va atteindre un niveau exceptionnel cette
année de l’ordre de 4,5 milliards de dinars ?
Ce
projet de budget n’est qu’un arsenal de répression fiscale et un bulldozer de
destruction de la croissance surtout après les mesures restrictives décrétées et
décidées par la banque Centrale en matière d’octroi de crédits de consommation
en octobre dernier. Autrement dit, ceci équivaut à des pertes d’emplois
existants et une création ZERO de poste de travail.
Si
le gouvernement persiste dans le déficit budgétaire au-delà du plafond raisonnable – ligne rouge- de 3-3,5 %,
ceci causera fatalement un effondrement
du système et poussera le gouvernement à s’endetter toujours davantage,
mettant en péril la souveraineté de la Nation. Cette ligne rouge de déficit
budgétaire à 3% est le résultat d’une réflexion profonde des spécialistes pour
protéger les équilibres fondamentaux afin d’éviter toute dérive en matière de
la balance des paiements. Le gouvernement compte-t-il vendre aux investisseurs
étrangers toutes nos entreprises et toutes nos richesses pour équilibrer
momentanément le déséquilibre de cette balance ? Chadly Ayari, gouverneur
de la BCT, sait mieux que quiconque que la Tunisie se trouve actuellement dans
une situation critique, voire dramatique
sur le plan de la stabilité des fondamentaux risquant de mettre en péril le
dinar tunisien et sa valeur réelle. Déjà la valeur internationale du dinar est de
loin au delà de sa valeur imposée par la BCT.
La
dette extérieure de la Tunisie ne fait que grimper. Le franchissent des lignes rouges nous inquiète
car : (i) son volume pourrait
atteindre, fin 2012, 5 Milliards de DT, (ii) ses coûts deviennent
de plus en plus chers eu égard aux notes catastrophiques des agences
internationales de notation et la rétractation américaine dans le cautionnement
de nos emprunts et (iii) ses utilisations peu rationnelles et peu utiles pour
la création d’emplois et de richesses pour la Nation. Les IDE non exportateurs
sont responsables en grande partie de cette dérive des balances des paiements.
L’exercice 2013 accentuera ces distorsions et exposera la Tunisie à une grave
crise.
Pourquoi le
gouvernement n’élabore-t-il pas un
budget de combat afin d’équilibrer les comptes et en finir avec les déficits
chroniques destructifs du tout le système économique. Le déficit de l’Etat
c’est des fonds en moins pour l’investissement des entreprises et des ménages, seul
créateur d’emplois. Les tunisiens pourraient accepter de faire l’effort à
condition d’éviter aux générations
futures une lourde dette qui constituerait un véritable impôt à la naissance
dont personne ne voudra.
Seul un budget
équilibré sans endettement pourrait convaincre les pays du G8 à débloquer les
fonds promis de 10 à 15 Milliards de dollars. Sans assainissement des comptes
publics, sécurité sociale et caisses de retraites comprises, les investisseurs
nationaux et étrangers se maintiendront en position d’attente et d’hésitation.
Je terminerai par
cette citation de Henry Louis Mencken, le Nietzsche américain : « L’ennemi
numéro un de tout Etat est l’homme qui est capable de penser par lui-même sans
considération pour les superstitions et les sophismes de la pensée unique.
Presque inévitablement il parviendra alors à la conclusion que
l’Etat sous lequel il vit est malhonnête, insensé et insupportable.
Ainsi, si cet homme est idéaliste il voudra le changer. S’il ne l’est pas, il
témoignera suffisamment de sa découverte pour générer la révolte des idéalistes
contre l’Etat.
Mustapha
STAMBOULI