Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la
résolution 2100 sous le chapitre 7 pour la création d’une d'une force de
maintien de la paix de 12.600 Casques bleus chargés de stabiliser le Mali au
lieu et place des forces françaises et de la force panafricaine Misma. Cette
Mission des Nations unies de stabilisation au Mali (Minusma) sera
déployée effectivement à partir 1er juillet prochain, si les conditions de
sécurité le permettent, et «pour une période initiale de 12 mois».
Cette initiative étonnante, hâtive et incompréhensible alourdira
les finances des Nations Unies et exposera les unités de cette mission à tous
les dangers et les risques y compris celui des enlèvements. Les jihadistes sont
toujours actifs sur terrain, menacent la sécurité des civils et l’unité
nationale malienne.
Comment peut-on installer une mission de ce genre alors que la
paix n’est pas à l’ordre du jour. Cherche-t-on à créer le fait accompli et
créer de facto un territoire hors contrôle de l’autorité centrale de
Bamako ? Jamais dans l’histoire des Nations Unies, une telle initiative
n’a été prise avec cette célérité et avec tels risques.
Il y a des non dits dans cette résolution qui
méritent d'être soulignés. (i) Pourquoi le conseil de sécurité a-t-il oblitéré
la MISMA au lieu de la renforcer ? (ii) La crise malienne n’est pas un
conflit interne. C’est une agression de l’internationale jihadiste contre un
Etat souverain avec l’appui des Etats wahhabites. (iii) La forme de
l’intervention onusienne dans ce conflit n’est nullement appropriée à moins
qu’elle prépare une intervention plus musclée par l’intermédiaire de l’OTAN.
Les maigres performances des missions des Nations au Congo
(Monuc) et en Haïti (Minusta) devraient
inciter le Conseil de sécurité à revoir sa stratégie de pacification du Mali
avant d’envisager sa stabilisation. Le Mali a besoin de moyens colossaux pour
reconstruire son armée nationale afin de maitriser ses frontières et un plan
Marshall pour atténuer la pauvreté et
réduire substantiellement le chômage des jeunes.
La crise malienne est une conséquence directe de
l’intervention absurde de l’OTAN en Libye. Les maliens ont été chassés de ce
pays et sont retournés en Mali pour
renforcer massivement les islamistes d'obédience wahhabite.
La pacification et la stabilisation du Mali exige l'élimination
des "terroristes" et la sécurisation de la zone Sahel-Sahara dans son
ensemble.
Si le Conseil de sécurité cherche réellement à aider le Mali
à retrouver sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, il doit revoir sa
copie et poser la problématique de la sécurité de l’Afrique subsaharienne du
Mali au Somalie. Le Conseil de Sécurité est invité à se préoccuper de l’aide
matérielle et logistique en provenance
des pays golfiques aux islamistes-jihadistes. Sans cette assistance massive,
ces derniers finiront par baisser les
bras.
L’approche de l’éradication du jihadisme international doit
être systémique et dynamique. Le Ministre de la défense malien n’a-t-il pas
déclaré « il faut “éradiquer” ou encore, “éliminer”, les groupes
islamistes présents au Mali. “Nous sommes engagés dans une guerre contre ces
groupes qui sont extérieurs à la population malienne.»
Le président Nigérien est très conscient du danger de cette mafia jihadiste sur la zone soudano
sahélienne « Maintenez la pression, redoublez de vigilance et
continuez à traquer ces terroristes et ces trafiquants de tous genre pour démontrer
définitivement que la terreur ne peut pas avoir droit de cité dans notre
sous-région », a-t-il lancé au cours
d’une brève visite à Gao, ville
constamment menacée par ces Jihadistes narco-trafiquants.
Pour terminer, je dirai ce que j’ai déjà dit Laurent Fabius,
MAE Français : « la responsabilité de la France et de la
communauté internationale est triple :
(i) réussir « proprement » la chasse des jihadistes sans provoquer des
difficultés sécuritaires pour les voisins du Mali, (2) favoriser une
intervention internationale massive pour renforcer l’Etat malien permettant à
ce dernier de devenir apte à défendre son territoire de toute agression venant
de l’extérieur, (3) entamer d’urgence une action contre les pays voyous ayant
soutenu matériellement ces salafistes-jihadistes pour semer la terreur dans un
pays paisible. Ces Etats identifiés doivent être sanctionnés sévèrement et
surtout il faut les obliger à payer toutes les réparations morales et
matérielles au Mali. Ces pays-voyous méritent d’être mis sous mandat onusien,
le temps d’implanter des régimes démocratiques respectant la déclaration des
droits de l’Homme et surtout le principe de non ingérence et la laïcité des
Etats.
Espérant que la Minusma n’est pas un projet obscur pour
rendre le Mali Minus ?! Minusma ressemble étrangement à Minisco au Congo,
une mission inefficace et incompréhensible. Son projet en apparence kantien
risque de se transformer en une réalité
hobbienne. Joao Durbek, chercheur s’est posé, à juste titre, cette question « L’ONU poursuit-elle son chemin allant
de Kant à Hobbes ? Tout laisse croire que la stratégie du Conseil de
sécurité a des visées à long terme au profit des grandes puissances comme la
France et les Etats Unies afin de barrer la route à la Chine et aux pays
wahhabites qataro-saoudiens.
Mustapha STAMBOULI