La Tunisie vit un désordre presque total : un
gouvernement incapable de gouverner, un président absent, une Constituante bloquée
par son incompétente et une opposition qui se cherche. Le peuple doute de la capacité de la
classe politique pour redresser la situation politique, économique, sociale et
surtout sécuritaire. Le peuple est complètement déçu et il risque de
rejeter toute la classe politique.
Tout est donc à recommencer. La Tunisie ne survivra que si
elle réinstalle l’autorité de l’Etat et implique toutes les compétences en vue
de trouver les solutions appropriées pour un pays à la dérive tant sur le plan
sécuritaire qu’économique. Il ne manque qu’une formulation politique claire et
un engagement résolu et sans faille de la part des acteurs politiques. Mais ces
conditions, qui seraient si simples à remplir dans n’importe quel pays au
Monde, s’apparentent, en Tunisie, à un chemin de croix, tant l’incompétence du
gouvernement provisoire/ pléthorique est flagrante et tant l’opinion, écrasée
de soucis quotidiens de survie, perdue.
Il faut être aveugle pour ne pas constater l’échec de la
classe politique. Ceci, étant, comment peut-on sortir de cette impasse avec le
minimum de dégât ?
On est tenté de dire, et si on effaçait tout et on revient à
la case départ. Quels seront les scénarii possibles garantissant la
pérennité de l’Etat et assurant une transition qui nous amènera in fine à des
élections libres et l’adoption d’une Constituante acceptée par le peuple
tunisien.
(i)
Remettre le pays à
l’institution militaire qui se chargera d’organiser une conférence nationale
souveraine avec sa garantie. Faute de consensus au bout d’un mois, cette
institution procédera à la mise en place d’un exécutif intérimaire en attendant
un consensus. Si au bout de trois mois, aucun accord n’est enregistré,
l’institution militaire désignera un panel d’une trentaine de personnalités
pour faire la synthèse entre la Constitution de 59 et la dernière version de la
constitution en cours de finalisation. Ce panel devrait remettre son projet au
bout de deux mois afin de le soumettre à référendum. Si le blocage persiste au
niveau de la Conférence nationale, l’institution militaire fera appel aux
Nations Unies pour organiser des élections libres sous sa supervision avec un
code électoral préconisant le vote à deux tours sur les personnes et non sur
les listes.
(ii) Si le scénario 1 n’a pas été accepté par toutes les composantes
des Forces Vives de la Nation, il ne restera qu’un scénario préconisant de
remettre le pays aux Nations Unies afin de lui éviter l’implosion et permettre gestion
non partisane de l’ultime transition. C’est une solution douloureuse mais elle
nous évitera perte de temps et banqueroute.
(iii)
Ne rien faire, c’est opter pour
une intervention déguisée du FMI et des institutions de Bretton Woods qui sauront
comment imposer un exécutif à travers le trichement et l’intervention des
puissances étrangères –Etats Unis, la France et l’Allemagne.
Personnellement, je préfère la première démarche, plus
volontaire et moins humiliante pour la République. Ne rien faire, c’est autoriser
la faillite à s’installer avec son lot de catastrophes : effondrement de l’Etat,
de l’économie et surtout de la sécurité.
A nous de choisir : sortir par la grande porte sans
intervention de quiconque ou l’acceptation de l’un des 3 scénarii.
Le peuple attend un acte républicain de la part de la classe
politique qui pourrait redonner aux tunisiens et tunisiennes le goût et la
volonté de l’engagement politique. Sinon, une seule alternative s’offrira au
peuple : faire sa révolution, une vraie révolution citoyenne quelques
soient les coûts, les épreuves et les sacrifices.
Mustapha STAMBOULI