Vous êtes
mis en orbite pour occuper le poste de chef de gouvernement sans que personne
ne sache exactement ce que vous pensez de ce qui s’est passé en Tunisie depuis
presque trois ans. Le peuple a le droit de vous questionner sur des
problématiques-clés afin d’évaluer vos
capacités à redresser le pays et de le sortir de l’ornière. La Tunisie traverse
une crise aigue et exceptionnelle pouvant détruire les principaux acquis
républicains si rien n’est fait.
Aussi nous
sollicitons vos réactions sur six questions fondamentales. Les réponses de
chacun de vous esquisseront vos profils politiques et la pertinence de vos
solutions proposées pour mettre fin au calvaire tunisien.
- L’échec de la présente transition – assassinat politique, effondrement de l’économie et de la monnaie nationale, fragilisation de la sécurité, érosion de l’autorité de l’Etat, non respect des engagements en matière de rédaction de la Constitution et le report continu des élections- renvoie à l’échec de la première - Mohamed Ghannouchi à la Kasbah, l’acceptation du principe de la Constituante, code électoral inadapté-. Ces faits ont plombé le présent et handicape également le futur de la Tunisie. Alors, quelles appréciations portez-vous sur le bilan de trois ans de bégaiements et d’errements?
- Le blocage politique vécu par la Tunisie résulte de l’incapacité de la classe politique à s’entendre sur un projet de société. L’initiative du quartet n’a pas été à la hauteur de la crise pour deux raisons : i- aucun bilan ou analyse de l’échec de la transition établi par le dialogue national, ii- aspect non contraignant du dialogue national. Ces deux défaillances ont laissé les mains libres aux faucons pour saboter le dialogue national. Si ce processus de concertation nationale était à refaire, que proposeriez-vous ?
- L’actuel gouvernement projette : i- l’implantation des facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie dans certaines régions de l’intérieur du pays sans aucune étude de faisabilité et de concertation avec les professionnels de la santé et de la planification territoriale, ii- l’intégration des imams et des personnels auxiliaires des mosquées dans la fonction publique, iii- l’interdiction aux administrations et établissement publics d’externaliser certaines tâches et l’intégration des personnels des entreprises sous-traitantes dans ces établissements publics ou parapublics. Ces décisions hâtives déguisent à peine une campagne électorale et minent le prochain gouvernement. Quelle lecture faites-vous de ces projets ?
- Le projet de la loi de finances 2014 se lit comme une punition collective et comme un blocage du prochain gouvernement. Que proposez-vous pour déminer ce projet de loi de finances inique?
- La Tunisie est devenue ingérable de par l’inefficacité de son système politique centralisateur. Des voix s’élèvent pour exiger la mise en place d’un pouvoir local fort et autonome afin de revitaliser le processus de développement socio-économique et d’impliquer les citoyens et citoyennes dans la gestion des affaires publiques. Comment vous positionnez-vous par rapport à ce constat et à cette demande ?
- Le « printemps arabe » a déstabilisé la région au lieu d’engendrer une meilleure gouvernance, prospérité et démocratie. Les contre-révolutions sont en marche partout. Le terrorisme financé par certains pays golfiques, sous-traitants d’Israël, ouvre une voie royale à l’installation de l’Occident dans la région et favorise le retour des facho-dictateurs. Ainsi, la boucle serait bouclée. Dans ces conditions, quels actes envisagez-vous pour faire barrage à l’emprise terroriste-impérialiste à court terme et à plus long terme ?
Un homme d’Etat est identifiable par son courage, son dévouement, son franc- parler et surtout par sa sincérité.
Mustapha STAMBOULI