La comédie de la discussion-approbation des articles de la
Constitution promise est achevée avec son lot de contradictions et diversions. C’est un véritable fourre-tout où on
trouve la chose et son contraire. Cette Constitution si elle est approuvée donnera du fil à retordre au tribunal
constitutionnel. Il n’était pas difficile de faire approuver tous les articles
en espace de deux semaine eu égard au mode d’approbation. Il suffisait d’avoir
50% des voix +1 voix pour qu’un article passe. Les islamistes à eux seuls
peuvent adopter tout le contenu de la constitution sans avoir besoin d’un
soutien extérieure.
La défection de plusieurs députés du parti islamiste est une
manœuvre politicienne pour faire croire que ce parti a fait des concessions au
profit des laïcs au détriment de son
unité. Cette stratégie a donné ses fruits puisque l’opposition a joué le jeu et
a adopté presque l’ensemble des articles.
Les islamistes sont certains que l’opposition démocratique dans son ensemble votera positivement sur le
texte de la Constitution en première lecture alors que le parti au pouvoir et
ses satellites comptent s’abstenir voire voter contre. Quelle idiotie de la
part des nos représentants républicains à la Constituante ? Le gourou
gagne doublement : une constitution signée par les trois présidents de la
Troïka et une forte opposition à cette constitution dans son propre camp. C’est une victoire
éclatante sans conteste. Qui peut mieux faire ? Le gourou a bel et bien
gagné sur toute la ligne.
L’opposition démocratique sortira-elle indemne de ce
piège ? Il est certain que le peuple tunisien se rendra rapidement compte que
l’opposition a trahi en votant en première lecture sur ce torchon alors qu’elle
pouvait gagner beaucoup si elle était arrivée à faire passer le projet de la Constitution
au référendum populaire.
Sur un autre plan,
MEJO peine à constituer son
équipe gouvernementale : tout prouve qu’il est incompétent et incapable de
déchiffrer la problématique dramatique du pays. MEJO n’est qu’un junior qui
cherche à jouer avec les grands sans avoir les attributs nécessaires : une
maturité politique et un réseau d’hommes et de femmes compétents et patriotes. Tout
laisse croire que MEJO n’est qu’un remplaçant de circonstance, le temps
nécessaire pour les islamistes de reprendre l’initiative gouvernementale avec
les succès incontestables sur les dossiers constitutionnels et électoraux.
Pourquoi Ben Jeddou tient-il à son portefeuille de l’Intérieur
alors qu’il il a échoué comme son prédécesseur ? Il n’a rien fait pour mettre au clair les
multiples assassinats politiques. Il est invité à partir de son propre gré pour
préserver son futur politique. Chercher à s'imposer coûte que coûte plombera
forcément la prochaine transition et échouera les éventuelles élections. Cette
question de BJ a fragilisé énormément MEJO qui se trouve incapable de trancher.
Alors peut-il gérer un gouvernement de crise s’il n’est pas capable de trancher
? C’est grave, pourtant, il n’est pas un gaucher !
Il n’est plus exclu maintenant que le premier ministre
démissionnaire retrouve son poste de Chef
de gouvernement car l’échec de MEJO est
certain, même si « tartour » l’autorise à se présenter devant la Constituante. Il est à craindre que cette
dernière ne donne pas sa confiance au gouvernement MEJO, manière d’effacer tout
le processus de himar watani et retrouver une légalité confortée par
l’approbation de la Constitution et la formation de l’ISIE. Les centrales syndicales peuvent toujours
organiser à volonté des grèves générales …
Je crains que l’opposition tunisienne ait adopté la
stratégie de Thomas Watson ancien PDG d’IBM : « Si vous voulez
réussir, il vous faudra doubler votre pourcentage d’échec. ».
Personnellement, ayant perdu tout espoir dans la classe
politique tunisienne, je ne peux que
proposer au peuple tunisien cette citation d'Alain, philosophe français : " résistance et obéissance, voila les
deux vertus du citoyen : par l'obéissance il assure l'ordre ; par la
résistance il assure la liberté ".