"Un fou a jeté une pierre dans un puits ; mille sages n'ont pu la
retirer." Proverbe arabe.
Les tunisiens et tunisiennes ont réagi d’une seule voix pour
dire non au président provisoire qui a annoncé, le 21 juin 2012, l’ouverture
unilatérale des frontières tunisiennes à tous les ressortissants maghrébins.
Marzouki fait mieux que les européens en matière de suppression des
frontières: annulation des visas, liberté
de circulation, droit de posséder des biens immobiliers, droit au travail et droit
de vote aux élections municipales.
En disant non à cette démagogie irresponsable d’un président non
élu et sans prérogatives significatives, les tunisiens font savoir qu’ils ont
assez avec cette manière de gérer et manager le pays. Ce n’est pas de la
xénophobie ou de la «stupidité/méchanceté»
de la part des tunisiens quand ils refusent cette initiative absurde. Les
tunisiens ne souhaitent pas voir leur pays se transformer en une plateforme logistique
pour les salafistes-jihadistes et les mafieux de tout bord.
Ouvrir nos frontières sans visas et sans passeports aux
ressortissants de l’Afrique du Nord, à un moment où le système sécuritaire
tunisien est perturbé et forcément déstabilisé par les troubles des salafistes
tunisiens, constitue une faute grave et impardonnable. Comment est-il possible
de la part d’un président de songer à une telle initiative en ce moment
précis ?
Aucun tunisien n’est contre l’unité Maghrébine dans le cadre d’une
confédération ou d’une autre forme d’union type union européenne. Il
faudrait satisfaire un ensemble de
préalables avant d’arriver à cette décision d’autant plus qu’un pouvoir
provisoire n’a pas le droit d’engager le pays sur le long terme, surtout en
matière de souveraineté : (1) la concertation avec nos frères maghrébins est une obligation morale, diplomatique et de
bon sens, (2) des évaluations fines par des études d’impacts d’une politique de
libre circulation des citoyens maghrébins afin de prendre une décision en toute
connaissance des causes, (3) consultation des populations maghrébines sur ce
projet constitue un préalable non négociable.
L'unité du Maghreb
représente un choix stratégique vital pour gagner les enjeux
géoéconomiques et géopolitiques pour cette région. Les directions politiques
des cinq pays doivent œuvrer à réunir les conditions adéquates et à créer le
climat propice pour transcender les différents obstacles politiques qui entravent encore la réalisation de l'unité
du Maghreb des peuples. L'avenir de cette région, riche par ses réserves
énergétiques et humaines, doit être conçu et réalisé selon une vision globale
et une méthode systémique afin de pouvoir construire un Maghreb homogène au niveau des orientations et des
objectifs politiques, et également pour élargir l'édifice économique de manière
à asseoir une complémentaire intelligente. Il n’y a pas de place à
l’improvisation et au discours démagogique et populiste pour des fins
électoralistes.
Marzouki, en prenant cette décision sans consulter quiconque,
est-il en possession de toutes ses facultés ? C’est une question à
clarifier sans délai par la Constituante ! Dans tous les cas de figures,
cette personne doit être écartée des affaires publiques et des responsabilités afin d’éviter à la Tunisie des difficultés insurmontables.
Rien ne m’étonne si Marzouki n’est pas au courant du taux de
chômage dans le pays qui a atteint 23 %
avec un million de chômeurs dont 300
mille diplômés et 100 mille ayant une spécialité ! Que font les dizaines
des conseillers à la présidence ?
Cette provocation vise-t-elle à saper le moral de la Centrale syndicale (UGTT) ? Elle, qui
a présenté sa feuille de route, il y a une quinzaine de jours, pour sortir le
pays de son impasse par des mécanismes de concertation !
Non, ce n’est pas sérieux ! Les tunisiens sont déprimés et
désespérés au point qu’ils songent quitter ce pays pour immigrer ailleurs et
laisser la place aux immigrés maghrébins.
Autoriser les maghrébins à participer aux élections municipales n’est-elle
une agression envers tous les tunisiens patriotes et fiers de leur Tunisie
indépendante ? Trop c’est trop !
Marzouki, l’éternel candidat à la présidence dérape sérieusement et
mérite un congé de longue durée. Le tunisien moyen se demande si Marzouki n’est
pas en réalité un islamiste caché sans barbe car ses prises de décisions
versent dans le registre islamiste : destruction de l’Etat national. Son
projet de limogeage de Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale
et sa décision d’ouvrir les frontières nationales aux maghrébins ont un seul
but : saper la «tunisianité» de la Tunisie et les acquis de la République.
Le dinar tunisien est réellement menacé et la sécurité nationale est en jeu.
Dans ce cas, le peuple est en droit de dire non à ces décisions dangereuses,
complètement farfelues et irresponsables.
L’Algérie, notre voisin de l’Ouest,
est de son droit d’interpréter à sa manière cette prise de décision
unilatérale de Marzouki d’ouvrir les frontières tunisiennes aux
algériens ! Alger doit se méfier d’une telle manœuvre géopolitique car
l’Algérie est menacée par un printemps arabe - un complot sioniste-. Les
officiels golfiques ne cachent pas leur
déception du fait que l'Algérie n'ait pas chuté lors des élections législatives
du 10 mai 2012. Qatar veut faire parvenir coûte que coûte les islamistes au
pouvoir dans tous les pays arabes et imposer son Riyal à tous les pays nouvellement «re-islamisés» !
Les tunisiens ont bien compris le dessous de cette décision hâtive
d’ouverture des frontières. Ils refusent que leur pays devienne la Turquie de l’Afrique
du Nord pour exécuter des mandats obscurs ! En tout cas, les autorités algériennes
ont clairement repoussé cette initiative «tartourienne» visant l’application du
passage des frontières tuniso-algériennes «sans passeport» décidée par la Troïka
au pouvoir en Tunisie. En ripostant à cette initiative inamicale, Alger
boudera-t-elle le prochain sommet de l’UMA ? Probable ! Espérons que cette
affaire s’arrête à ce niveau !
Marzouki joue-t-il son n-ième one-man-show ou est-il une
marionnette manipulée par le président des présidents ? C’est à lui de
s’expliquer rapidement car le peuple tunisien en a marre de ces
politiciens d'opérette qui complique, chaque jour un peu plus, la vie des
tunisiens et tunisiennes !
Mustapha STAMBOULI