Alors que la cheffe du gouvernement annonce un réel décollage pour 2026, il est essentiel de nuancer cette vision. Cet éditorial plaide pour une compréhension plus approfondie des dynamiques déjà en cours en Tunisie, soulignant les réformes et défis structurels qui façonnent le présent et l’avenir du pays.
Affirmer que le décollage de la
Tunisie commencera à partir de 2026, comme l’a déclaré la cheffe du
gouvernement, revient à sous-estimer la richesse des dynamiques déjà en
mouvement dans le pays. Cette vision réductrice risque de gommer les profondes
transformations opérées au cours des dernières années, tant sur le plan
économique, social que politique. L’histoire de la Tunisie, dans ses évolutions
récentes comme dans les périodes passées, est marquée par des efforts continus,
des réajustements stratégiques et des innovations qui, loin de s’inscrire dans
une perspective linéaire, façonnent déjà un avenir plus complexe et plus
prometteur que ce qui pourrait être réduit à une échéance précise.
En effet, plusieurs dynamiques
essentielles traversent le pays. L’évolution des infrastructures, la
diversification des secteurs économiques et l’intensification des échanges
internationaux témoignent d’une Tunisie en mutation constante. Ces transformations
ne sont pas isolées dans le temps, mais s’inscrivent dans un processus
cumulatif dont les effets positifs se feront sentir progressivement. Par
exemple, les réformes éducatives en cours, ainsi que les investissements dans
la formation professionnelle, créent les bases d’un marché de l’emploi plus
résilient et mieux adapté aux exigences du XXIe siècle.
Cependant, ces évolutions, bien
qu’indéniables, se heurtent encore à des défis complexes. La fragilité des
finances publiques, la compétitivité limitée de certaines entreprises locales
et les disparités régionales persistent comme des obstacles majeurs à une
croissance inclusive. Mais loin d’être un frein, cette complexité appelle à une
approche plus subtile et à des réformes profondes qui, si elles sont menées
avec vision et cohérence, peuvent conduire à des progrès durables.
Le « décollage » annoncé ne peut se
résumer à une date fixe, comme 2026. Il doit être perçu comme un processus
dynamique, marqué par des étapes successives où chaque avancée, qu’il s’agisse
de la stabilité macroéconomique, de la confiance des investisseurs ou de
l’innovation locale, contribue à reconfigurer l’économie du pays. Ces progrès
ne se limitent pas à la croissance chiffrée, mais incluent également des
améliorations en matière de résilience sociale, de qualité des services publics
et de gouvernance. L'investissement dans les technologies, la digitalisation
des services administratifs et l’ouverture à de nouveaux partenariats
internationaux sont autant de leviers qui, s’ils sont utilisés avec prudence,
peuvent accélérer l’émergence d’un modèle plus prospère et plus équitable.
Cela étant dit, pour que ce
processus de transformation soit véritablement inclusif et porteur d’espoir
pour la population, il est essentiel que la gouvernance tunisienne mise sur
l’adhésion collective. Cela implique une pédagogie économique pour expliquer
les choix publics, une gestion transparente des ressources et un dialogue
constant entre les autorités et la société civile. Si ces conditions sont
réunies, la Tunisie pourra effectivement se préparer à un avenir plus
prometteur, où chaque citoyen pourra se sentir partie prenante du projet
national.
Ainsi, plutôt que de s’arrêter à une
échéance figée comme le 2026, il convient de considérer la Tunisie comme un
système en constante évolution, où les progrès, bien que variables selon les
secteurs et les régions, se construisent à travers des réformes continues et
des ajustements réguliers. 2026 peut, certes, être une étape, mais elle ne sera
qu’un jalon parmi d’autres dans un chemin de transformation plus long et plus
nuancé.
En somme, plutôt que de se fixer une
date de « décollage » comme un objectif unique, il est primordial de penser à
la Tunisie comme un projet à long terme, fondé sur des bases solides, un
dialogue ouvert et une dynamique inclusive. La véritable réussite résidera dans
cette continuité des efforts et dans la capacité à répondre aux aspirations des
Tunisiens, aujourd’hui et demain.
Mustapha STAMBOULI, 06/11/2025
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