Le combat contre la réaction ne fait que commencer. Croire
qu’une manif, un sit-in ou un discours pourrait changer la situation, c’est
méconnaitre le fond du problème. Nous sommes embarqués dans un processus de
résistance de long terme pour éliminer la réaction de tout genre de ses
racines.
C’est une révolution culturelle que nous devons mener pour
aboutir dans un avenir, espérons-le, proche au stade de la libération totale. N’oublions
pas que nous sommes tous porteurs du virus de la réaction.
Notre comportement à la maison est réactionnaire qu’il faut changer.
Notre conduite dans le quartier est anti-citoyenne qui pourrit le milieu. Regardons
nos villes, elles sont devenues une décharge publique à ciel ouvert. Qui parmi
nous a-t-il respecté intégralement les plans du permis de construire ? Peu
de gens qui déclarent tous leurs revenus quand ils remplissent la déclaration d’impôts.
La réaction est bien cela. Commençons par dégager en nous ce comportement
anti-citoyen et réactionnaire. Ceci faciliterait notre combat contre la mafia réactionnaire
politique.
Si nous refusons la saleté, le « débrouillardisme»,
la combine et le non respect de la loi, nous deviendrons des citoyens et des citoyennes. A ce moment précis, nous dégagerons rapidement la saleté politique
en très peu de temps. On ne peut pas prier tout en étant sale. Les ablutions
conditionnent les prières. L’intégrité conditionne la révolution.
Notre passé récent est là pour orienter. Bourguiba voulait
faire rapidement sa révolution sociétale mais il a réussit à moitié. Il est
vrai que Bourguiba a amorcé un changement de mentalité et de comportement
exceptionnel en très peu de temps. Il a mis les fondements d’un Etat
contemporain ouvert sur les évolutions enregistrées par l’humanité malgré la
résistance des conservateurs. La femme au travail à côté de l’homme, la
contraception, la régulation des naissances, l’éducation et la santé pour tous
et toutes constituent l’amorce d’une révolution culturelle.
Malheureusement Bourguiba n’a pas trouvé les moyens pour rendre aux citoyens la charge de la chose publique. Il a fait des tunisiens et tunisiennes des assistés qui réclament toujours plus. Cet état de fait a favorisé l'immobilisme politique et la mise à l’écart des citoyens.
Malheureusement Bourguiba n’a pas trouvé les moyens pour rendre aux citoyens la charge de la chose publique. Il a fait des tunisiens et tunisiennes des assistés qui réclament toujours plus. Cet état de fait a favorisé l'immobilisme politique et la mise à l’écart des citoyens.
Le coup d’Etat de Ben Ali est une conséquence directe de ce
blocage politique. Bourguiba avait l’autorité é et les moyens de mettre les
citoyens au centre de la décision politique par l’introduction de la démocratie
directe et le pouvoir local. La nomenklatura politique voulait aller vite sans
tenir compte du rythme de la volonté populaire. On avait abouti d’une amorce de
révolution culturelle à une dictature obscure de ZABA.
Le ratage du changement du 14 janvier et l’installation des
islamistes au pouvoir sont une conséquence de notre ignorance et l’absence de
prise de conscience de notre citoyenneté. « La Révolution commence en
soi-même » !
Gandhi disait : « Vous devez être le
changement que vous voulez voir dans ce monde ».
Mustapha STAMBOULI