La dérive observée en matière de liberté de la presse en Tunisie s’inscrit dans le droit fil de la volonté du pouvoir d’instituer un nouvel ordre contre-révolutionnaire basé sur l’information soigneusement filtrée, cqfd un ordre à la ZABA.
Si les partis politiques républicains et la société civile n’agissent pas maintenant, les conséquences seront désastreuses, non seulement pour la liberté de la presse mais pour la liberté tout court.
S’il est normal que la loi reconnaisse les libertés, elle doit définir aussi des limites pour les garantir. Les délits de presse devront être clairement arrêtés (incitation à la haine et à la violence, aux crimes ou aux délits : meurtre, pillage, incendie, etc.) instaurant des responsabilités individuelles et collectives à la fois (depuis le journaliste jusqu’à l’éditeur de publication). Inventer des délits non inscrits dans la loi est une imposture voire un fait relevant d’une dictature.
Le journalisme basé sur le pluralisme, la liberté d’expression, constitue un des piliers de la démocratie. L’information et la liberté de la presse exigent un détachement intégral de l’État et son engagement à renoncer à la mise sous-tutelle des médias, fussent-elles publiques. L’exemple britannique est là pour nous convaincre. Les ex-exilés, aujourd’hui au pouvoir ont bien profité de cette liberté d’expression en Grande- Bretagne et ils n’ignorent en rien sa signification et son impact dans la construction et la préservation d’un modèle démocratique !
Il nous faut une presse entièrement indépendante pour garantir une information non partisane et non truquée, une information pour une réelle émancipation des mentalités et du pays. Chacun a le droit de s’exprimer dans tous les domaines sans censure, seul garde-fou contre la dictature et le pouvoir personnel.
Dans ce contexte et suite à notre constat sur ces accrocs à la loi, lesquels maintiennent le pays dans une situation d’incertitude, j’en appelle à l’émergence d’une presse citoyenne qui pourrait constituer une solution contre les dérives autoritaires et l’ingérence de l’argent sur l’information.
Une presse libre et indépendante ne relève pas d’un luxe que seuls les pays riches peuvent s’offrir. Au contraire, il faut la considérer comme condition essentielle à l’existence d’une réelle démocratie.
Mustapha STAMBOULI