Marzouki
nourrit l’espoir de solutionner les
problèmes du pays par ses visites aux pays du Maghreb et que la perspective de l’unité
maghrébine résoudra tous nos maux. De plus, il a l’illusion que l’expulsion de
l’ambassadeur de la Syrie nous drainera des
centaines de milliards de dollars. Il
se trompe évidemment et lourdement; les faits sont là : économie en déroute, disparition et délocalisation des emplois au Maroc, régions du Nord
Ouest à l’agonie. Face à cette catastrophe, le président provisoire se plait et se perd dans des déclarations burlesques, jurant d’ «aller chercher la solution» comme un Rambo promet de récupérer le butin des voleurs. Réactions et prises de position se multiplient et
le discréditent chaque jour davantage. Tout cela serait risible si ce n’était aussi grave. La déception sera à la
mesure de l’espérance et nul ne sait ce qui adviendra du pays.
Le fond
du problème réside dans l’absence de débat réel en Tunisie. Les médias sont systématiquement
fermés aux opinions jugées non conformes à la pensée dominante. A titre d’exemple,
le journal La Presse n’est pas "pressé" de
publier un article traitant de la première transition que lui ai adressé il y a
un mois.
Tout est
donc à recommencer. A ceci près que l’évidence de la crise n’autorise plus le
moindre atermoiement. La Tunisie ne s’en sortira que si elle réinstalle
l’autorité de l’Etat et implique toutes les compétences en vue de trouver les
solutions appropriées pour un pays à la dérive tant sur le plan sécuritaire
qu’économique. Les esprits y sont prêts. Il ne manque qu’une formulation
politique claire et un engagement résolu et sans faille de la part des acteurs
politiques. Mais ces conditions, qui seraient si simples à remplir dans
n’importe quel pays au Monde, s’apparentent, en Tunisie, à un chemin de croix,
tant l’incompétence du gouvernement provisoire/ pléthorique est flagrante et
tant l’opinion, écrasée de soucis quotidiens de survie, perdue.
Les
démagogues et charlatans ont promis le soleil de minuit au peuple grâce aux
pétrodollars qataris. Cependant vers quels désastres nous acheminerons-nous si
nous devenons dépendants de la mafia golfique ? Pour échapper à cette perspective dangereuse, il
nous faut miser sur un réveil de la population sous l’effet de ses difficultés croissantes et de son abandon par le pouvoir provisoire et sur un sursaut de conscience des
responsables des partis d’opposition et des médias indépendants.
La crise
de la Tunisie est une crise des élites. Elles ont été placées au sommet de l’Etat
pour se servir et non pour servir. Vivre sur la bête implique que celle-ci
demeure en vie, évidence oubliée. Alors disons-le clairement à tous ceux qui
pourraient agir et ne le font pas : vous êtes coupables de non-assistance à
pays en danger!