Le multipartisme, s’il témoigne de la
bonne santé/volonté démocratique d’un pays, d’une soif de
participation citoyenne à la construction de ce dernier, reflète également le
désarroi et le manque de confiance dans l’offre politique existante, ce qui, à
notre avis, correspond au cas de la Tunisie. Compte tenu de la dimension de
notre pays, du nombre assez modeste d’électeurs et électrices,de l’immaturité
relative, du peu de préparation des tunisiens – résultats de l’oppression
passée – nous estimons qu’un Front Républicain regroupant les courants
politiques progressistes est nécessaire pour faire face à la montée
des mouvements populistes favorisés par une situation de crise de société
et des frustrations cumulées depuis plusieurs décennies et de l’ingérence wahhabites
des pays du Golfe . Les résultats des élections du 23 octobre dernier
confirment bien ce désordre politique.
Partant du constat que la politique
menée actuellement dans notre pays ne donne pas les résultats escomptés,
qu’elle n’est pas à l’écoute des tunisiens et tunisiennes et ne répond pas non
plus à leur aspiration collective, nous avons souhaité, avec et autour de
personnalités authentiques du Bourguibisme et du Hachadisme et des valeurs de
la République, créer un Front ouvert aux partis politiques partageant avec nous
les mêmes objectifs et idéaux et aux citoyens et citoyennes de tous horizons,
quelle que soit leur origine sociale ou territorial. Cette initiative vise
aussi à rassembler toutes les sensibilités républicaines et progressistes,
contribuant ainsi à l’émergence d’un courant politique puissant, convaincu,
capable de résister aux courants politiques cherchant à balayer les acquis de
notre héritage avant-gardiste commun et de rayer à jamais de notre mémoire
collective Tahar Haddad, Abou Kacem Chebbi, Farhat Hached, Habib Bourguiba et
tant d’autres figures ayant participé à la construction de la Nation Tunisienne
ainsi que la route du progrès et l’espérance démocratique amorcés par le
soulèvement populaire.
Refusant le fanatisme, le fatalisme,
le cynisme ou l’indifférence, notre ambition est de proposer aux tunisiennes et
aux tunisiens une alternative pour asseoir une République unie, citoyenne,
juste et surtout solidaire.
La crise des valeurs que nous traversons
depuis maintenant un quart de siècle, a changé la donne. Alors qu’une nouvelle
opportunité apparaît sous nos yeux, cette crise doit nous inciter à revoir
profondément notre façon de faire l’action et la pratique politique.
Face à une classe politique qui pratique
le déni de réalité et dont les pratiques divisent, nous croyons, au contraire,
que les défis auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés sont si graves que
c’est par le rassemblement de toutes nos énergies, au service de la Tunisie et
de l’intérêt des générations futures, que nous pourrons à nouveau retrouver la
maîtrise de notre destin collectif.
Orphelins aujourd’hui d’une certaine
idée du Bourguibisme et du Hachedisme, celle d’une nation unie, ouverte au
Monde et passionnément ancrée dans les cinq principes républicains que sont la
liberté, la solidarité, l’égalité, la justice et la dignité, nous souhaitons
placer l’exigence de justice et de sécurité au cœur de notre projet. Nous
croyons en une République Solidaire, juste qui additionne les acquis et avancés
républicains.
La Tunisie réconciliée à l’intérieur
sera plus forte à l’extérieur, surtout en ces moments difficiles où la Nation
Arabe est menacée dans son intégrité territoriale, pour peser davantage
sur la scène arabe, africaine et internationale et offrir à nouveau au Monde un
message universel sur la dignité.
L’adhésion au Front Républicain doit être vue comme une opportunité
pour le combat contre le conservatisme et
l’obscurantisme.
Notre mouvement refuse de se mettre sous le parapluie
des puissances impérialistes et qui est orienté vers l’apanouissement d’une
nation tunisienne diversifiée mais homogène, une et indivisible.
Pour la majorité des patriotes consultés, il y a une
convergence de perception. Etre membre d’un Mouvement politique, signifie partager
un idéal et une vision commune. C’est aussi croire aux objectifs à atteindre et
aux moyens que l’on se donne pour les réaliser. La structure politique que l’on
crée caractérise et matérialise cet idéal.
La consolidation de notre bloc en un grand mouvement
politique fort et solidaire sera un signal à tous qui confirmera que le
réformisme a des beaux jours devant lui et que les réformateurs n’ont pas perdu
leur lucidité et leurs objectifs communs.
Cette union autour du Front Républicain sera notre
arme pour le combat d’émancipation que nous menons. Nous osons croire et
compter sur la compréhension des uns et des autres afin de nous appuyer dans
cette initiative.
Le lancement officiel de ce Mouvement
fédérateur aura lieu le 24 Mars 2012 lors du grand meeting qui sera organisé à
Monastir, ville résistante à l’obscurantisme et capitale de l’opposition.
L’avenir appartient à ceux qui osent le
penser. Vive la République citoyenne, solidaire et démocratique.
Mustapha STAMBOULI, républicain