Cette campagne diffamatoire contre les symboles de la
société civile dénote que les organes d’information sont bâillonnés ou du moins
sous contrôle. Face à cette censure imposée d’en haut se pose la question du pourquoi :
pourquoi le pouvoir veut-il faire taire les voix de la société civile, en
particulier celles des femmes ? Madame Emna Mnif n’est, hélas, que la
nième victime d’une série de femmes-militantes agressées et/ou diffamées par des
nervis cherchant à réduire au silence l’intelligence, le militantisme, les
convictions exprimées par nos concitoyennes dont certaines, élues du peuple.
Ces agressions indignes visent non seulement les personnes elles-mêmes mais
aussi les personnes qui leur ont fait confiance. Ceci annonce une guerre civile
unilatérale. Ces faits nous rappellent malheureusement l’Algérie où les intellectuelles
furent pourchassées, violées, assassinées ou condamnées à l’exil. Cette
stratégie prouve que ces intégristes refusent la démocratie et cherchent à
vider le pays de son intelligentsia pour avoir la voie libre en vue d’instaurer
une dictature théocratique, projet voué à l’échec.
Ces pratiques fascistes nous obligent à nous organiser d’urgence
pour contrecarrer ce projet fondé sur la terreur et le silence.
Les partis politiques d’opposition doivent clarifier leur
position au plus vite et cesser leurs atermoiements et leurs discours sur une
supposée modération des islamistes. Nous posons cette question à l’opposition :
quelle voix islamiste s’est élevée publiquement pour condamner ces agissements,
ces intimidations, ces diffamations et ces agressions ?
Entretenir le confusionnisme et l’attentisme renforce le
camp adverse et l’encourage à défier la société civile et ses représentants et
défenseurs chaque jour davantage. La preuve, chaque jour est émaillé d’une nouvelle violence, le but
est de banaliser/benaliser le crime donc de neutraliser les réactions.
Le ciblage des personnalités attaquées n’est en rien dû au
hasard. Elles ont été toutes en première ligne dans les contestations et
manifestations citoyennes avant et après la Révolution.
Nous assistons en direct à une contre-révolution en marche
dirigée par les jihadistes avec l’appui des forces obscures golfiques.
Les partis politiques occupés par des calculs quant à une
possible victoire électorale lors des prochaines élections se leurrent et font
perdre du temps à la démocratie.
Mobilisons-nous toutes et tous d’urgence, partis et société
civile, avant que le processus ne devienne irréversible et ne nous entraine
dans une guerre civile sans fin et sans merci à l’instar de l’Algérie, il y a
plusieurs décennies.
Pour terminer, nous apportons notre soutien entier et sans
faille à Madame Emna Mnif et à toutes les femmes agressées, vilipendées
physiquement ou moralement. Espérons que leur détermination à défendre la République
et leurs convictions sortent renforcées de ces actes et faits odieux.
Mustapha STAMBOULI