Saint-Just n'a-t-il pas justement dit : "Tous les arts ont produit des merveilles. L’art de gouverner n’a produit que des monstres."
Sur les ondes de Shams FM, Mohamed Abbou, un élu du CPR à la Constituante, a déclaré, à plusieurs reprises : « Celui qui descendra dans la rue le 24 octobre, et qui exprimera son intention de renverser le pouvoir par la violence, je suis navré de le dire, mais il sera passible de la peine de mort, selon les dispositions de l’article 72 du code pénal » et ajouta « Celui qui parle de fin de légitimité le 23 octobre, souhaite que le pays sombre dans le chaos et l’anarchie». En d’autres termes, tous ceux qui s’aventureront à sortir pour manifester et appeler le 23 octobre prochain au départ des constituants et de l’exécutif sont passibles de peine de mort.
Voilà comment un secrétaire général d’un parti au pouvoir et de surcroit un constituant, représentant du peuple tunisien, envisage-t-il de résoudre l’illégitimité du pouvoir à partir du 22 octobre prochain ?!
Des propos minables et indignes d'un constituant. Un
psychanalyste dirait que ces propos dévoilent une peur extrême allant à la
psychose maniaco-dépressive. Il ajouterait que le sujet se trouve au moment de
son interview dans une période où il se sentait « high » en éprouvant
un sentiment d’euphorie. Notre constituant a perdu son «self-control» et s’est
comporté d’une façon imprudente !
Comment peut-on admettre d’un militant d’un parti censé véhiculer les valeurs humanistes prononcer de tels propos ? Est-il l’objet d’un chantage quelconque pour oser dire et répéter de telles monstruosités ? Cherche-il à prouver à son gourou qu’il est l’homme de la situation qui pourrait remplacer Mustapha Ben Jaafar à la présidence de l’ANC ? En effet, lors du bizutage, on demande toujours aux postulants de réaliser un exploit ! Merci, pour ces performances ! La connerie comme la lâcheté n'a pas de limite !
Dans une démocratie qui se respecte Mohamed Abbou devra s’excuser
sans délai au peuple tunisien pour ces propos incendiaires et contre
productifs. Il devra être exclu de son
parti pour de telles déclarations. La commission de discipline de la
Constituante doit l’auditionner et présenter son cas à l’Assemblée Constituante
en séance plénière pour statuer sur ce dérapage verbal.
Même le Général ZABA n’avait pas utilisé de telles menaces
pour intimider la population la veille de son dégagement.
Abbou a commis l’irréparable ! Il doit disparaitre de
la scène politique et publique définitivement car ses propos sont dignes d’un néo dictateur
fasciste.
Je dirai à Abbou que je serai le premier le 23 octobre
prochain pour occuper l’ANC et demander paisiblement le départ des constituants
et de l’exécutif. Le peuple tunisien est encore dans un contexte
révolutionnaire et constitue l’unique légitimité dans le pays à partir du 23
octobre prochain. J’invite Abbou, s’il a
le courage, de s’adresser aux manifestants et répéter ses propos devant la
foule qui sera certainement nombreuse ce jour de vérité !
Si le peuple est obligé de sortir dans la rue, c’est parce
que la classe politique est incompétente voire irresponsable. Comment est-il
possible d’aller au 23 octobre sans une nouvelle feuille de route claire
comportant des engagements fermes de la part de tous –majorité et opposition.
Nous avons proposé, il y un mois, jour pour jour, la mise en place d’un
processus de Conférence Nationale Souveraine des Forces Vives de la Nation afin
de résoudre la question épineuse de la légitimité juridique et morale de la
présente transition. Le Parti Jamhouri s’est inspiré de cette proposition et il
tente maladroitement de la «vendre» sans comprendre l’esprit ni les exigences
de fond et de forme de cette proposition.
Si rien n’est fait d’ici une semaine, le peuple tunisien n’aura
pas d’autre choix que la rue et la guillotine !
Mustapha STAMBOULI