L'instauration de l'horaire continu
implique des préalables, notamment en ce qui concerne la logistique, la
restauration des fonctionnaires et l'adaptation du temps administratif au temps
scolaire. Avons-nous pris toutes les
précautions pour réussir cette réforme capitale ?
Le régime de la semaine des cinq jours avec
deux jours de repos (samedi et dimanche) a été retenu officiellement. Son
application a commencé à partir de ce
lundi 17 septembre. La décision
instituant ce changement précise que le fonctionnaire est redevable de 2000
heures de travail par an. En plus du régime de 5 jours de travail, les
autorités ont décidé d’instaurer l’horaire continu de 8h30 à 17h00 avec une
petite interruption entre 12h45 et 14h00. Des aménagements spécifiques au
niveau des horaires de travail ont été prévus pour la journée du vendredi,
l’Eté et le mois de Ramadhan.
Une
consultation en ligne sur l'horaire administratif avait été réalisée en début d’année à partir
d'un sondage effectué auprès des fonctionnaires. Elle a montré que la majorité des
fonctionnaires était prête à appliquer l'horaire continu !
Le projet d’application de l’horaire continu dans les
administrations et les entreprises publiques survivra-t-il longtemps ? Avons-nous préparé les conditions objectives
pour la pérennisation de ce système ? Pourquoi ce gouvernement se
presse-il à mettre la semaine de 5 jours et l’horaire continu sans prévoir les
mesures d’accompagnement ?
L’instauration
de ces innovations dans les administrations publiques constitue une action
importante dans la réforme de la fonction publique et s’inscrit dans le cadre
des chantiers de modernisation des établissements publics, en vue de répondre
aux mutations sur le plan économique, social et urbain. Cette reforme
importante et courageuse doit faire l’objet d’un débat national et d’un suivi
continu des impacts de ce changement radical sur la vie personnelle et
professionnelle. Il suscite déjà de
nombreuses polémiques chez les fonctionnaires et les citoyens. La mise en place
d’un observatoire de l’horaire continu est une obligation pour permettre aux
décideurs d’avoir un tableau de bord pertinent afin de renseigner le pouvoir
public sur les impacts de ces nouveaux horaires sur (i) l’évolution de
l’efficacité de l’Administration et les entreprises publiques, (ii) l’impact
sur la création d’emploi dans le secteur tertiaire, (iii) impact sur les
dépenses courantes des administrations et la consommation d’énergie, (iv)
impact sur la qualité de vie des fonctionnaires et tant d’autres éléments
pertinents.
Cette
reforme est-elle acceptée par les fonctionnaires et les usagers des
Administrations ? Ce changement d’horaire va-t-il permettre une
amélioration de l’efficacité et de la qualité de service ?
Cette
reforme n’est pas seulement un changement technique des horaires de travail
mais une approche visant à transformer notre modèle de consommation et nos
habitudes. Est-ce le moment pour introduire une telle réforme ? Nos
sociétés de transport sont-elles équipées en matériel roulant pour résorber
deux grosses pointes dans la journée ? Les infrastructures de restauration
en ville sont-elles suffisantes pour permettre à chacun de manger une collation
saine et rapidement ?
Il est admis qu’un employeur,
en l’occurrence l’Administration, peut aménager l’horaire de travail de
ses salariés, à condition toutefois que la durée du travail ne s’en trouve ni
diminuée, ni allongée. Ceci étant, l’autorité publique ayant décidé de telles
mesures est-elle consciente des difficultés qui vont surgir de ce mode
d’organisation ? Tout n’est pas encore tout
à fait au point, il s’agit maintenant d’observer et rectifier le tir au fur et
à mesure pour éviter le blocage et le rejet de ce système d’horaire.
L’observatoire doit être mise en place rapidement pour
qu’elle fournisse dans une année une première évaluation de cette
reforme et fournir des informations pertinentes sur : (i) l’état des lieux de cette réforme un an après l’instauration
de l’horaire continu, (ii) ressortir les avantages induits par l’instauration
de l’horaire continu, (iii) identifier les difficultés qui entravent un
fonctionnement normal et optimal de ce nouveau système horaire et proposer des
mesures de corrections.
Un échec de l’expérience classera définitivement ce dossier.
Aucun autre gouvernement n’osera l’ouvrir une prochaine fois !
Mustapha STAMBOULI