Le gaz de schiste est le sujet-phare en Tunisie et pratiquement dans tous les pays de la planète. Il fait couler beaucoup d’encre en attendant qu’il
coule ses saloperies !
Shell
se prépare à l'exploitation du gaz de schiste en Tunisie. Plus particulièrement dans la région kairouanaise. Cette annonce suscite, à juste titre, beaucoup de réactions, eu égard aux impacts environnementaux
défavorables qui pourraient être causés par
ce gaz.
Le
ministre de l’Industrie, a précisé, dans une interview accordée, mercredi 19
septembre 2012, à Express FM, qu’en application du contrat liant Shell
et le gouvernement tunisien, le groupe effectuera des travaux de prospection
dans la zone allant de la région Kairouanaise jusqu’à El Djem en passant la
région de Sfax. La multinationale utilisera des
techniques de forage sur une profondeur de plus de 4500 mètres par fragmentation hydraulique de la roche. Ce ministre
est-il au courant des retombés néfastes sur le sol, la nappe phréatique, la
santé des humains et de la biodiversité ? Nous proposons à ce ministre cette
information-formation sur les méfaits de telles exploitations.
L'extraction
du gaz de schiste suscite déjà une opposition catégorique à travers le monde. Parmi
les risques, nous pouvons citer trois à titre indicatif :
- Risque d'émissions de méthane et de fuites de sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz explosif et toxique, très dangereux pour la santé humaine et animale.
- Usage de grandes quantités d'eau pour procéder à l'extraction. Pour chaque gisement exploité, l'extraction du gaz de schiste nécessite des MILLIONS de litres d'eau dont la majeure partie devient contaminée. Besoin de vastes bassins de récupération de l'eau contaminée dont le mode de disposition reste incertain.
- Injection de solvants chimiques dans le sol pour fractionner le schiste et en extraire les bulles de gaz. Risque de contamination des sols et de la nappe phréatique. Dommages à la surface des sols et aux équipements routiers en raison de la circulation continue de camions citernes.
2500 produits chimiques non conventionnels et dangereux (Benzène, toluène, plomb, cuivre, diesel) sont généralement utilisés par
l’industrie des gaz de schiste
Aux Etats-Unis, les démocrates de la Chambre des représentants américaine ont publié un rapport dressant "l’inventaire le plus complet" de ces produits nécessaires à l’extraction par fracturation hydraulique des gaz non conventionnels.
Aux Etats-Unis, les démocrates de la Chambre des représentants américaine ont publié un rapport dressant "l’inventaire le plus complet" de ces produits nécessaires à l’extraction par fracturation hydraulique des gaz non conventionnels.
En
France, devant l’ampleur de la mobilisation citoyenne, le gouvernement a
fait marche arrière et a finalement suspendu les travaux de prospection de gaz de schiste.
Le
gouvernement tunisien manie la langue de bois sur ce sujet. Il est en
train d'endormir tout le monde par des déclarations rassurantes ! Ainsi,
la société civile et les habitants des régions concernées par cette destruction
massive de la biodiversité doivent s’organiser en "coordination nationale" pour
défendre ces régions d’un tel désastre.
Nous nous interrogeons sur le silence mortel des partis d’opposition !
Pourquoi ne prennent-ils pas position pour condamner l’octroi des permis de
recherche de gaz de schiste, sachant que de telles exploitations sont nuisibles
et dangereuses pour les habitants, la biodiversité et la nappe phréatique.
L’article
du Professeur Mohamed Larbi
Bouguerra sous le titre « Gaz de
schiste : Trésor empoisonné ou nouvel eldorado pour la Tunisie?»
publié dans le journal électronique « Leaders » constitue une incontestable
référence. Il se présente comme une synthèse historique
et problématique très
bien documentée, et fort intéressante concernant
l’exploitation du gaz de schiste. Ce travail de recherche documentaire prouve
encore une fois que le bilan avantages/inconvénients est pratiquement négatif
et défavorable sur tous les plans (humain, écologique, aménagement du
territoire). Il pousse à l’attente voire au renoncement à ce type d’exploitation.
Si avec ce travail fouillé, la classe politique au pouvoir comme dans l’opposition
n’arrive à prendre position sur cette question gravissime alors dans ce cas, il
y a problème qu’il faut le résoudre par tous les moyens. Qui est derrière ce
silence mortel de nos politiciens ? Je propose au Professeur Bouguerra d’organiser
une série de conférences à travers le pays pour apporter ce savoir à la connaissance
de la société civile qui aura la responsabilité par la suite de défendre la
cause.
Grâce à la dynamique de sa société civile, le Centre du pays dira non à ce marché honteux qui
consacrera définitivement le massacre du territoire en
accélérant sa désertification déjà amorcée par une exploitation massive des
nappes phréatiques. Si le gouvernement persiste dans son entêtement, la région
du Centre pourrait revendiquer l’autonomie de sa décision en attendant que le
pays soit mieux dirigé. C’est une question de vie ou de mort. Cette gestion du
territoire du seul point de vue énergétique est catastrophique et irresponsable aboutira in fine (dans
10-15 ans) à un déplacement massif des
populations rurales vers le Littoral accentuant ainsi l’appauvrissement de la
région intérieure du Centre. Non et mille fois non à cette absurdité apocalyptique.
Mustapha STAMBOULI