23 septembre 2012

Exploitation du gaz de schiste : le centre du pays est réellement menacé !


Le gaz de schiste est le sujet-phare en Tunisie et pratiquement dans tous les pays de la planète. Il fait couler beaucoup d’encre en attendant qu’il coule ses saloperies !

Shell se prépare à l'exploitation du gaz de schiste en Tunisie. Plus particulièrement dans la région kairouanaise. Cette annonce  suscite, à juste titre,  beaucoup de réactions, eu égard aux impacts environnementaux défavorables  qui pourraient être causés par ce gaz.

Le ministre de l’Industrie, a précisé, dans une interview accordée, mercredi 19 septembre 2012, à Express FM, qu’en application du contrat liant Shell et le gouvernement tunisien, le groupe effectuera des travaux de prospection dans la zone allant de la région Kairouanaise jusqu’à El Djem en passant la région de  Sfax. La multinationale utilisera des techniques de forage sur une profondeur de plus de 4500 mètres par fragmentation hydraulique de la roche. Ce ministre est-il au courant des retombés néfastes sur le sol, la nappe phréatique, la santé des humains et de la biodiversité ? Nous proposons à ce ministre cette information-formation sur les méfaits de telles exploitations.

L'extraction du gaz de schiste suscite déjà une opposition catégorique à travers le monde. Parmi les risques, nous pouvons citer trois à titre indicatif :


  • Risque d'émissions de méthane et de fuites de sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz explosif et toxique, très dangereux pour la santé humaine et animale.
  • Usage de grandes quantités d'eau pour procéder à l'extraction. Pour chaque gisement exploité, l'extraction du gaz de schiste nécessite des MILLIONS de litres d'eau dont la majeure partie devient contaminée. Besoin de vastes bassins de récupération de l'eau contaminée dont le mode de disposition reste incertain.
  • Injection de solvants chimiques dans le sol pour fractionner le schiste et en extraire les bulles de gaz. Risque de contamination des sols et de la nappe phréatique. Dommages à la surface des sols et aux équipements routiers en raison de la circulation continue de camions citernes.

2500 produits chimiques non conventionnels et dangereux (Benzène, toluène, plomb, cuivre, diesel) sont généralement utilisés par l’industrie des gaz de schiste 

Aux Etats-Unis, les démocrates de la Chambre des représentants américaine ont publié  un rapport dressant "l’inventaire le plus complet" de ces produits nécessaires à l’extraction par fracturation hydraulique des gaz non conventionnels.

En France, devant l’ampleur de la mobilisation citoyenne, le gouvernement a fait marche arrière et a finalement suspendu les travaux de prospection de gaz de schiste.

Le gouvernement tunisien manie la langue de bois sur ce sujet. Il est en train d'endormir tout le monde par des déclarations rassurantes ! Ainsi, la société civile et les habitants des régions concernées par cette destruction massive de la biodiversité doivent s’organiser en "coordination nationale" pour défendre ces régions d’un tel désastre.

Nous nous interrogeons  sur le silence mortel des partis d’opposition ! Pourquoi ne prennent-ils pas position pour condamner l’octroi des permis de recherche de gaz de schiste, sachant que de telles exploitations sont nuisibles et dangereuses pour les habitants, la biodiversité et la nappe phréatique.


L’article du Professeur Mohamed Larbi Bouguerra sous le titre « Gaz de schiste : Trésor empoisonné ou nouvel eldorado pour la Tunisie?» publié dans le journal électronique «  Leaders » constitue une incontestable référence. Il se présente comme une synthèse historique et problématique très bien documentée, et fort intéressante concernant l’exploitation du gaz de schiste. Ce travail de recherche documentaire prouve encore une fois que le bilan avantages/inconvénients est pratiquement négatif et défavorable sur tous les plans (humain, écologique, aménagement du territoire). Il pousse à l’attente voire au renoncement à ce type d’exploitation. Si avec ce travail fouillé, la classe politique au pouvoir comme dans l’opposition n’arrive à prendre position sur cette question gravissime alors dans ce cas, il y a problème qu’il faut le résoudre par tous les moyens. Qui est derrière ce silence mortel de nos politiciens ?  Je propose au Professeur Bouguerra d’organiser une série de conférences à travers le pays pour apporter ce savoir à la connaissance de la société civile qui aura la responsabilité par la suite de défendre la cause.

Grâce à la dynamique de sa société civile, le Centre du pays dira non à ce marché honteux qui consacrera  définitivement le massacre du territoire en accélérant sa désertification déjà amorcée par une exploitation massive des nappes phréatiques. Si le gouvernement persiste dans son entêtement, la région du Centre pourrait revendiquer l’autonomie de sa décision en attendant que le pays soit mieux dirigé. C’est une question de vie ou de mort. Cette gestion du territoire du seul point de vue énergétique est catastrophique et irresponsable aboutira in fine (dans 10-15 ans) à un déplacement massif  des populations rurales vers le Littoral accentuant ainsi l’appauvrissement de la région intérieure du Centre. Non et mille fois non à cette absurdité apocalyptique.

Mustapha STAMBOULI