29 décembre 2012

Tunisair en danger : stop aux discours, vive les actes …


Lors d’une conférence de presse tenue récemment, le PDG de la compagnie aérienne nationale tunisienne a annoncé que Tunisair a cumulé, à la fin du mois de juin 2012, un déficit de 72 millions de dinars. L’effectif «pléthorique» de 8500 agents,  le vieillissement de la flotte d’avions et une organisation peu efficace sont les principales causes de cette descente aux enfers. Plus de 1700 employés du groupe seront licenciés durant la période 2013-2014, pour alléger les charges salariales et  Tunisair ne remplacera pas les agents qui partiront à la retraite au cours de cette même période et s’abstiendra également d’embaucher de nouveaux employés. Un plan «antisocial» est en route pour corriger des recrutements de complaisance durant l’ère ZABA. Les besoins en investissements de la société sont énormes : plus 1,5 Milliards de dinars pour renouveler la flotte. Aucun indice n’indique que l’Etat tunisien cherche à éviter la faillite de Tunisair.


Le sort de Tunisair serait-il celui de toutes les compagnies publiques aériennes européennes qui ont fait faillite et qui ne trouvent pas preneur, même pas golfique. L’offre des compagnies à vendre est énorme poussant les puissantes compagnies comme Emirates, Qatar Airways et tant d’autres à laisser couler ces compagnies, une stratégie payante qui permet à ces « monstres » de récupérer le trafic, le personnel qualifié au moindre coup.

Seule une participation massive et populaire dans le capital de Tunisair pourrait sauver cette dernière. Le vieillissement de la flotte de la compagnie, la 5ème liberté accordée à Qatar Airways et la mauvaise gestion de Tunis Air durant plusieurs décennies rendent l’assainissement de l’entreprise publique quasi impossible d’autant plus que le pouvoir fait la sourde oreille aux cris de détresse émanant des responsables et du personnel de notre compagnie aérienne nationale. Seul un sursaut patriotique pourrait sauver un symbole de la souveraineté nationale. Si rien n’est fait, un pan de souveraineté tunisienne sera avalé par le minuscule Emirat… Question : quel bénéfice nos gouvernants avisés tirent-ils de cette disparition de Tunis Air ? En attendant, la flotte tunisienne met en danger la vie de ses passagers pour non-renouvellement de ses appareils obsolètes, en panne régulière selon les usagers et de l’aveu même du personnel. Le pouvoir attend-il un accident gravissime pour réagir ? Les victimes potentielles et leurs ayant droit le poursuivront en justice pour négligence et sabotage.

Les grandes puissances ont imposé un ordre mondial du transport aérien lors de la  cinquième conférence mondiale sur le transport aérien qui s’est tenue à Montréal sous l’égide de l’OACI en mars 2003. Le maitre-mot était de libéraliser  le transport aérien international au plus vite. Les pays golfiques ont bien compris le message et ont dressé une stratégie expansionniste afin de récupérer une grande partie du trafic mondial grâce à la manne pétrolière. La région arabe et l’Afrique sont restées à la traine et sont à présent menacées par une OPA golfique sur leurs compagnies aériennes nationales.
Royal Air Maroc, Air Algérie et Tunisair se trouvent dans une situation critique face à des crises financières sans précédent. Pourquoi ces trois compagnies ne forment-elles pas une alliance stratégique pour faire barrage aux compagnies agressives ? A travers cette alliance, ces trois compagnies maghrébines  augmenteront leurs capacités techniques et entreront en compétition avec les compagnies aériennes golfiques qui cherchent coûte que coûte la liquidation des symboles maghrébins.

Il serait donc recommandé aux compagnies aériennes maghrébines  d’entreprendre une étude de faisabilité et d’opportunité du «mariage aérien maghrébin» pour faire face à l’hégémonie golfique. Il faut agir vite avant que la machine destructrice ne broye toute notre capacité et expertise dans ce domaine.

Mustapha STAMBOULI