Lors d’une conférence de presse tenue récemment, le PDG de
la compagnie aérienne nationale tunisienne a annoncé que Tunisair a cumulé, à
la fin du mois de juin 2012, un déficit de 72 millions de dinars. L’effectif
«pléthorique» de 8500 agents, le
vieillissement de la flotte d’avions et une organisation peu efficace sont les
principales causes de cette descente aux enfers. Plus de 1700 employés du
groupe seront licenciés durant la période 2013-2014, pour alléger les charges
salariales et Tunisair ne remplacera pas
les agents qui partiront à la retraite au cours de cette même période et
s’abstiendra également d’embaucher de nouveaux employés. Un plan «antisocial»
est en route pour corriger des recrutements de complaisance durant l’ère ZABA.
Les besoins en investissements de la société sont énormes : plus 1,5
Milliards de dinars pour renouveler la flotte. Aucun indice n’indique que
l’Etat tunisien cherche à éviter la faillite de Tunisair.
Le sort de Tunisair serait-il celui de toutes les compagnies
publiques aériennes européennes qui ont fait faillite et qui ne trouvent pas
preneur, même pas golfique. L’offre des compagnies à vendre est énorme poussant
les puissantes compagnies comme Emirates, Qatar Airways et tant d’autres à
laisser couler ces compagnies, une stratégie payante qui permet à ces
« monstres » de récupérer le trafic, le personnel qualifié au moindre
coup.
Seule une participation massive et populaire dans le capital
de Tunisair pourrait sauver cette dernière. Le vieillissement de la flotte de
la compagnie, la 5ème liberté accordée à Qatar Airways et la mauvaise gestion
de Tunis Air durant plusieurs décennies rendent l’assainissement de
l’entreprise publique quasi impossible d’autant plus que le pouvoir fait la
sourde oreille aux cris de détresse émanant des responsables et du personnel de
notre compagnie aérienne nationale. Seul un sursaut patriotique pourrait sauver
un symbole de la souveraineté nationale. Si rien n’est fait, un pan de
souveraineté tunisienne sera avalé par le minuscule Emirat… Question :
quel bénéfice nos gouvernants avisés tirent-ils de cette disparition de Tunis
Air ? En attendant, la flotte tunisienne met en danger la vie de ses
passagers pour non-renouvellement de ses appareils obsolètes, en panne
régulière selon les usagers et de l’aveu même du personnel. Le pouvoir
attend-il un accident gravissime pour réagir ? Les victimes potentielles
et leurs ayant droit le poursuivront en justice pour négligence et sabotage.
Les grandes puissances ont imposé un ordre mondial du
transport aérien lors de la cinquième
conférence mondiale sur le transport aérien qui s’est tenue à Montréal sous
l’égide de l’OACI en mars 2003. Le maitre-mot était de libéraliser le transport aérien international au plus
vite. Les pays golfiques ont bien compris le message et ont dressé une
stratégie expansionniste afin de récupérer une grande partie du trafic mondial
grâce à la manne pétrolière. La région arabe et l’Afrique sont restées à la
traine et sont à présent menacées par une OPA golfique sur leurs compagnies
aériennes nationales.
Royal Air Maroc, Air Algérie et Tunisair se trouvent dans
une situation critique face à des crises financières sans précédent. Pourquoi
ces trois compagnies ne forment-elles pas une alliance stratégique pour faire
barrage aux compagnies agressives ? A travers cette alliance, ces trois
compagnies maghrébines augmenteront
leurs capacités techniques et entreront en compétition avec les compagnies
aériennes golfiques qui cherchent coûte que coûte la liquidation des symboles
maghrébins.
Il serait donc recommandé aux compagnies aériennes
maghrébines d’entreprendre une étude de
faisabilité et d’opportunité du «mariage aérien maghrébin» pour faire face à
l’hégémonie golfique. Il faut agir vite avant que la machine destructrice ne broye
toute notre capacité et expertise dans ce domaine.
Mustapha STAMBOULI