À travers un virage diplomatique audacieux, la Tunisie sous la direction de Kaïs Saïed affiche sa volonté de se libérer des influences extérieures et de redéfinir ses partenariats internationaux. En réponse aux défis mondiaux et régionaux, le président tunisien a clairement marqué son intention de diversifier les alliances du pays, en particulier avec des puissances non occidentales telles que la Chine, la Russie et l’Iran. Ce choix, bien que risqué, repose sur des principes de souveraineté et de non-ingérence, offrant à la Tunisie une position plus autonome dans un monde géopolitiquement complexe. Cependant, ce tournant ne se limite pas à une simple réorientation des relations internationales. La Tunisie entend également jouer un rôle de modérateur entre l'Est et l'Ouest, en cherchant des solutions pacifiques pour stabiliser la région du Maghreb, notamment en Libye, et contribuer à un équilibre mondial plus juste. Cet article explore les implications de ce choix stratégique et son potentiel pour la Tunisie à devenir un acteur clé de la diplomatie internationale.
Le 22 juillet 2025, au Palais de
Carthage, un entretien marquant a eu lieu entre le président tunisien Kaïs
Saïed et Mossad Boulos, un haut conseiller du président américain Donald Trump
pour les affaires arabes, du Moyen-Orient et de l’Afrique. Bien que la réunion
ait abordé des questions variées, telles que la situation alarmante en
Palestine, les menaces terroristes et les tensions dans le monde arabe, la
déclaration finale de Kaïs Saïed a attiré une attention particulière. Dans une
position claire et ferme, le président tunisien a indiqué la volonté de la
Tunisie de réorienter ses partenariats stratégiques. Il a affirmé que la
Tunisie choisit désormais de s’inscrire dans une démarche d’indépendance et de
souveraineté, loin des influences occidentales traditionnelles.
Une Diplomatie Tournée vers l’Est
Ce message ne se contente pas de
remettre en cause les orientations diplomatiques passées ; il marque un
tournant radical dans la politique extérieure tunisienne. Loin de rompre
brutalement avec l’Occident, la Tunisie choisit de diversifier ses alliances,
en cherchant à établir des relations plus équilibrées et stratégiques avec des
puissances non occidentales. Le rapprochement avec la Chine, la Russie et
l’Iran s’inscrit dans une logique pragmatique qui vise à ouvrir de nouvelles
voies de coopération économique, technologique et politique. Dans un contexte
où la mondialisation modifie les rapports de force, la Tunisie semble choisir
de ne plus être prisonnière d’une relation asymétrique avec ses partenaires
traditionnels.
La Recherche de Souveraineté
Ce virage diplomatique n’est pas
seulement motivé par des considérations géopolitiques, mais aussi par un besoin
de renforcer la souveraineté nationale. La Tunisie veut se libérer de
l’influence exclusive des grandes puissances occidentales et reprendre le
contrôle sur ses choix stratégiques. La déclaration de Kaïs Saïed souligne que
la priorité du pays est désormais d’œuvrer dans l’intérêt de son peuple, en
écoutant ses aspirations et en répondant à ses besoins. Cette approche plus
autonome et moins dépendante des centres de pouvoir traditionnels s’inscrit
dans un désir de rééquilibrage des relations internationales.
Une Nouvelle Vision des Partenariats
Internationaux
Le choix de l’administration Saïed
de s’orienter vers de nouveaux partenaires économiques et politiques n’est pas
anodin. La Chine, la Russie et l’Iran, chacun dans leur domaine, offrent à la
Tunisie des alternatives aux modèles occidentaux, avec des opportunités de
développement dans des secteurs clés comme les infrastructures, l’énergie et la
sécurité. Ce nouveau partenariat ne constitue pas une rupture brutale, mais
plutôt un redéploiement stratégique qui, tout en restant ouvert à des
coopérations avec l’Occident, tend à donner à la Tunisie davantage de liberté
de manœuvre sur la scène internationale.
Un Choix Risqué mais Nécessaire
Dans un monde où les tensions
internationales se multiplient et où les rapports de force sont en pleine
recomposition, le positionnement de la Tunisie semble audacieux, mais il est
aussi porteur de grandes opportunités. Ce rééquilibrage, bien qu'il comporte
des risques, permettra à la Tunisie de réaffirmer son rôle en tant qu’acteur
indépendant et acteur clé dans la région arabe et au-delà. Il s’agit d’un choix
réfléchi, visant à sortir de la dépendance envers un Occident perçu comme
distant et souvent indifférent aux réalités locales.
La Tunisie : Un Modérateur entre l’Est et l’Ouest
Au-delà de sa politique de
diversification des alliances, la Tunisie aspire également à jouer un rôle plus
actif dans la stabilité mondiale. En raison de sa position géographique
stratégique et de son histoire d’équilibre diplomatique, elle pourrait se positionner
comme un pont entre l’Est et l’Ouest. La neutralité tunisienne ne doit pas être
perçue comme un retrait, mais comme une posture proactive visant à stabiliser
les relations internationales et à éviter les catastrophes géopolitiques. En
ouvrant un dialogue entre les puissances en présence, la Tunisie pourrait
offrir des solutions créatives pour gérer les tensions mondiales, tout en
préservant sa propre souveraineté.
La Stabilité de l’Afrique du Nord : Un Enjeu
Crucial
La stabilité de la région arabe, et
en particulier de l’Afrique du Nord, est un enjeu majeur pour la Tunisie. La
situation en Libye, voisine et dévastée par des conflits internes, constitue un
défi central. La Tunisie pourrait, par ses relations renforcées avec les
puissances orientales et occidentales, jouer un rôle clé dans la médiation des
conflits régionaux. En facilitant un dialogue inclusif entre les factions
libyennes et en travaillant avec des partenaires extérieurs, la Tunisie
pourrait contribuer à stabiliser la région et à réduire les tensions qui
affectent l’ensemble du Maghreb.
Conclusion : Une Diplomatie Réinventée
Ce virage stratégique marque une
volonté de réinventer la diplomatie tunisienne et d’ouvrir le pays à de
nouvelles opportunités tout en affirmant ses principes de souveraineté et de
non-ingérence. Bien que cela implique des ajustements délicats dans ses relations
avec ses partenaires traditionnels, le choix de Kaïs Saïed met en évidence la
détermination de la Tunisie à suivre sa propre voie. Cette approche pourrait
permettre au pays de jouer un rôle clé non seulement dans la région, mais aussi
à l’échelle mondiale, en agissant comme un acteur modérateur entre l’Est et
l’Ouest, et en contribuant à la stabilisation de l’Afrique du Nord et au
maintien de l’équilibre international.
Mustapha STAMBOULI, 23/07/2025
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire