17 juin 2012

Le Big-Bang tunisien a eu lieu !


Après tant d’hésitation, de bégaiement et de tiraillement, Béji Caïd Essebsi a mis en œuvre notre stratégie de rassemblement des forces Bourguibistes-républicaines et progressistes. Un mouvement politique ouvert  à tous les tunisiens et tunisiennes qui croient en une Nation tunisienne, moderniste qui préserve les acquis sociétaux installés par Bourguiba, symbole de cette Nation tunisienne.
 BCE a répondu oui à notre appel du 6 juin 2011 que nous résumons comme suit : « En tant que fils spirituel de Bourguiba et eu égard à votre parcours et votre engagement, ne pourriez-vous pas prendre l’initiative de rassembler dans un front uni toutes les sensibilités républicaines et progressistes, contribuant ainsi à l’émergence d’un courant politique puissant, convaincu, capable de résister aux courants politiques cherchant à balayer à jamais de notre mémoire collective Tahar Haddad, Abou Kacem Chebbi, Farhat Hached et tant d’autres figures ayant participé à la construction de la Nation tunisienne ainsi que la route du progrès et l’espérance démocratique amorcés par la Révolte populaire".
Ce mouvement politique appelé « NIDA TOUNES » fera certainement le contrepoids avec les islamistes en perte de vitesse à cause de leur incapacité de rétablir l’ordre et le redémarrage de l’économie nationale. Ce parti-mouvement sera sûrement laïc, progressiste en harmonie avec l’Islam tolérant Maliko-Hanafite tunisien.
Nous avons plaidé pour un Big-Bang, BCE a répondu favorablement. Nous le remercions pour son courage, sa détermination et son patriotisme.
Le Centre et la gauche progressiste n’ont aucune chance de battre la coalition salafo-islamiste du prédicateur en chef nahdaoui. Mais rassemblés avec les bourguibistes le Centre républicain et les indépendants de la société civile constituent une majorité dans le pays. Dans neuf mois, au plus tard, ce front pourrait devenir la majorité réelle. C’est la chance de la Tunisie.
Donc, nous proposons une alliance immédiate par fusion du parti républicain et celui du Nidaa Tounès pour former un mouvement fédérateur-réceptacle ouvert qu’on pourra appeler «Unité Nationale». Naturellement, un accord sur les objectifs, les fondamentaux et le contenu d’un programme de gouvernement doit être établi et signé avant toute fusion.
La scène politique a trouvé désormais son équilibre voire sa stabilité. D’après un sondage sur Facebook, Nidaa Tounès revendique plus d’un million de sympathisants et futurs adhérents-militants. Cette future formation pourrait arracher plus de 70 % des sièges dans le futur parlement.
Après mûre réflexion, nous demandons à nos amis destouriens plus particulièrement à Kamel Morgène, leader du parti initiative,   de ne pas rater cette occasion pour rejoindre ce mouvement de rassemblement afin de défendre, à l’intérieur de cette coalition, les idées et la méthode de Bourguiba et ne pas laisser ce patrimoine manipulé et tripoté par d’autres. Il ne faut pas jouer les vierges et les puristes : face au péril islamo-salafiste, plus il y aura d’alliés, mieux ça vaudra.
De notre part, nous  insistons sur cette idée de Big-Bang et du rassemblement de toutes les forces progressistes. Maintenant que BCE a clairement énoncé sans ambigüité et ambivalence dans son discours du samedi 16 juin  le triptyque bourguibien (clairvoyance, transparence et fondamentaux).
Béji Caid Essebsi a raison de rappeler les trois points cardinaux de ce mouvement :
(1)     L’article premier de la Constitution ce 1959 est intangible et ne doit pas subir aucun changement : « La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain: sa religion est l'islam, sa langue l'arabe et son régime la république.»
(2)     Le code tunisien du statut personnel est acquis non négociable.  Le CSP est l’acte phare le plus connu et reconnu du président Habib Bourguiba. Conscient du conservatisme prévalant à l’époque, celui-ci devança la Constituante pour libérer la femme et lui restituer sa dignité. Cet acte fondateur posa la première pierre en vue d’édifier une société plus juste et égalitaire et en phase avec son époque pour mieux accompagner le développement économique du pays. Bourguiba décrit le CSP comme étant «une réforme radicale» qui allait faire du mariage «une affaire de l’État, un acte qui doit être supervisé par le droit public et la société dans son ensemble».
(3)     Nation : la nation tunisienne fonde notre identité commune. Elle est riche d’une histoire de plus de trois mille ans et des luttes dont le peuple tunisien est fier, lesquelles ont forgé sa volonté de vivre ensemble. La Nation se vit à travers des symboles qui doivent être maintenus et enseignés comme l’hymne national, la  lutte pour l’indépendance, la liberté et la démocratie, les sacrifices de nos martyrs, le drapeau national.
BCE doit avoir le courage de Bourguiba pour favoriser  l’émergence d’une nouvelle équipe capable d’affronter les défis majeurs de la Tunisie à savoir : la préservation des acquis avant-gardistes et la consolidation de l’unité nationale menacée par les courants salafistes. Les hommes et les femmes de demain doivent : (1) défendre l’école publique menacée et la réformer pour l’adapter aux exigences modernistes, (2) procéder d’urgence à la restructuration des caisses de retraite, elles aussi menacées de faillite, (3)mettre à niveau et renforcer les services publics au bénéfice de tous et non les privatiser (4)  décentraliser le pouvoir exécutif afin d’instaurer une démocratie locale, participative et citoyenne, (5) réviser notre politique étrangère pour mieux ancrer la Tunisie dans son milieu naturel Afro-méditerranéen, (6) faire de l’emploi et la lutte contre l’exclusion la priorité des priorités par respect de la dignité humaine. Sans cette vision progressiste et humaniste, ce nouveau ne sera qu’un parti de plus et échouera fatalement.
Mustapha STAMBOULI