Depuis les deux derniers évènements majeurs de la région
arabe : coup de balai « Sissien» des islamistes en Egypte et
l’assassinat de Brahmi, le Gourou islamiste ne sait plus où donner la tête. Son
gouvernement et sa Constituante sont contestés par toute l’opposition
institutionnelle et la société civile. Ses rencontres Marathon avec les grandes
organisations nationales et les ambassades influentes n’ont rien donné de
concret. Même sa rencontre avec l’autre gourou tunisois, a échoué malgré tous
les efforts de l’affairiste et amateur de la politique fiction.
La rencontre de BCE avec Ghannouchi a fait «La une» de
tous les journaux. El Khirigi cherche coûte que coûte à briser les accords
entre le Front Populaire et Nidaa Tounès en offrant Carthage pour BCE et quatre
portefeuilles pour ses proches lieutenants. Une offre éphémère, juste pour rebattre
les cartes et perturber l’opposition. En gardant l’incompétent de la Kasbah et
l’inutile ANC, le patron de Mont-plaisir ne fait rien sauf faire taire
l’ambassadeur américain et l’Union européenne.
En tout cas, la rencontre BCE-Ghannouchi n’engage personne
que ces derniers. Nous sommes certains que la teneur de cette rencontre
hypocrite de deux vieux chevronnés dans le double discours, est vide de tout
contenu sérieux. Ghannouchi connait parfaitement le point faible de BCE, alors
il l’utilise à fond sans rien donner in fine. Le temps joue en défaveur de
toute la classe politique qui sera rejetée dans un mois ou deux au moment où
l’Etat ne serait plus en mesure à faire face à ses engagements financiers
internes et externes. BCE a peur de cette éventualité de rupture qui fera
naitre une nouvelle classe politique plus compétente qui n’aura pas peur de
prendre toutes les mesures pour redresser les finances publiques et l’économie.
Même avec le refus de BCE de la proposition du kheriji, ce
dernier a déjà gagné la partie en occupant toute la classe politique et les
intellectuels à analyser cette maudite rencontre. BCE est à mille lieues
de l’art de négociation. BCE ne fait qu’à sa tête, alors que le gourou est
assisté par l’internationale islamiste.
Savez-vous pourquoi El Kheriji a-t-il accepté la reprise de
la palabre nationale ? Certains disent que cette décision est une
conséquence directe de la réunion parisienne de deux vieux. Non, absolument
non, El kheriji a accepté malgré lui de reprendre les négociations avec les
autres partis en vue de former un gouvernement consensuel suite aux dernières déclarations alarmistes en provenance de l’ancien patron
de la Banque Centrale concernant le risque d’une faillite de la Tunisie au mois
de septembre prochain. Le gourou cherche à balancer la patate chaude aux
nouveaux titulaires des départements à caractère économique et financier qui seront
forcément de l’opposition.
Ghannouchi pourrait lâcher dans ce marché des dupes tous les
départements techniques et ne garder que le ministère de l’Intérieur et celui
de la Justice. Le moment venu, après le passage à vide, il lui est facile de
descendre ce gouvernement à travers l’ANC et prolonger ainsi la transition à
l’infini. L’opposition est-elle en train de participer à la mise en place de
cette stratégie sans le savoir ? Nous invitons l’UGTT et l’UTICA à rester à
l’écart de ce processus inutile pour pouvoir intervenir par la suite afin de
rectifier le tir.
Les deux vieux loups ont un ennemi commun : les
indépendants et la société civile qui devient le plus grand «parti»
d’opposition. Reprendre l’initiative n’est pas pour trouver une solution à la
crise politique tunisienne mais tout simplement à faire oublier et marginaliser
le mouvement Tamarrod qui continue à faire peur malgré ses hésitations. La
solution à la décomposition politique ne pourra plus venir des partis
politiques ni même de la société civile : la banqueroute de l’Etat offrira
du coup une solution forcée par la chute du régime et l’installation d’une
nouvelle légitimité imposée par la rue et probablement par l’institution
militaire comme en Janvier 2011. Dans l’urgence, les partis politiques et les
grandes organisations nationales seraient obligés de mettre en place un nouveau
pouvoir formé de technocrates indépendants et la réactivation de la
constitution de 1959 qui servirait de base pour gérer la prochaine transition.
Le blocage politique vient essentiellement d’une trilogie :
(i)
des positions ambigües du
Mont-Plaisir née du coup de balai de Sissi en Egypte,
(ii) de l’alliance prématurée entre l’Union pour la Tunisie et le
Front Populaire qui fait peur aux autres partis politiques et particulièrement
celui des islamistes,
(iii) de la fausse bonne idée consistant à dire que seul l’UGTT est en
mesure de coiffer un dialogue national entre tous les belligérants.
Pourquoi tout monde s’accorde-t-il hypocritement à dire que
l’UGTT est neutre et qu’elle est capable d’assurer une impartialité envers tous
les partis ? Désolé, le Centrale syndicale n’a jamais été neutre depuis la
nuit des temps, elle défend toujours une couche sociale bien déterminée, des
régions spécifiques, des politiques antilibérales, etc. Comment peut-on
continuer à nier des évidences ? L’UGTT n’est nullement neutre comme
d’ailleurs, l’UTICA qui est une entité défendant la classe des nantis, les
zones prospères et les politiques prévoyant le minimum d’Etat. L’UGTT comme
l’UTICA sont des lobbying au vrai sens du mot : ils ont des partenaires et
des ennemis. La seule organe neutre et patriotique est sans conteste
l’institution militaire qui n’a qu’un seul objectif consistant à préserver
l’intégrité de la Nation et de la République. Alors pourquoi ne pas confier à
cette prestigieuse institution, aidée par la BCT (volet économique) et la LTDH (libertés), l’organisation d’un
dialogue national sous forme d’une conférence nationale souveraine. L’UGTT et
l’UTICA doivent se trouver avec l’ensemble de la classe politique pour trouver
un consensus général sur tous les points litigieux et un agenda clair.
Pour terminer et à notre connaissance, aucun régime n’a
survécu à une faillite-banqueroute. Cette catastrophe éclipserait à jamais les trois gourous et obligerait
tout le monde à trouver dans l’urgence la feuille de route la plus opportune
pour les circonstances.
Mustapha STAMBOULI