01 décembre 2011

Khalil Aloulou «Je me cherche, encore et toujours» ou hommage au peintre – émérite

Artiste-peintre singulier, Khalil Aloulou vient de s’éteindre à 69 ans, laissant derrière lui une oeuvre picturale des plus particulières.
Pour lui, l’art est une recherche perpétuelle qui n’a ni fin ni début. Cette idée générique a donné à son oeuvre artistique sa particularité et son énigme durant toute son expérience . Dix ans après cette déclaration, Aloulou croyait qu’il se cherchait toujours. Interviewé par Ali Baklouti, il répondait : «Je me cherche encore
et je ne cesse d’apporter de temps en temps des retouches à mes ébauches. Parfois même, j’en arrive à tout gratter et à repeindre de nouveau». De ce fait, on ne peut pas classer l’oeuvre d’Aloulou qui, parfois, semble être figurative, elle prenait du réel son argument, parfois abstraite expérimentale invitant à la contemplation, et même expressionniste, minutieusement réalisée ou lettriste dont les graphismes jouaient un tournant d’expression. Aloulou ne se limitait pas à une seule expression et n’épousait pas un carcan stylistique défini ou définitif comme il n’utilisait pas un seul type de format de toile. Il ne cessait pas d’innover et de s’investir dans son oeuvre, tout en variant les manières et les factures plastiques. Cela a fait de l’artiste un chercheur de personnalité artistique authentique ramenant ces sensations et ces sentiments au premier plan d’une toile dite, après un effort : tableau. C’est ce que Ridha Najar a mentionné quand il écrivait : «La peinture d’Aloulou, le plus souvent rugueuse et agressive, tente de peindre l’homme «du côté des racines» en remontant aux origines de la matière vivante, de la Vie donc, et du Temps» . 

En fait, l’importance de l’oeuvre de Khalil Aloulou réside dans l’essence du fondamental existentialiste que l’artiste cherche à extérioriser, en tant que simple reflet de la vie d’un homme, mais comme nécessité intérieure. quelles que soitent la nature et l’expression plastique de l’artiste Aloulou, nous nous sentons interrogés à penser l’art et ses multiples fonctions dans une société qui vient de recouvrer son indépendance. Le mérite d’Aloulou reste toujours cet acharnement à un art qui ne se dévoile pas rapidement, qui ne raconte pas, n’illustre pas, n’obéit pas à la facilité et ne se donne pas à l’opportunisme quelle que soit la situation de l’artiste. Tout cela fait de «Si Khalil» un artiste manifestant contre l’hypocrisie et la mesquinerie. Ce peintre qui a souhaité que la décentralisation soit plus effective et plus poussée, que la peinture devienne accessible aux masses, et c’est lui-même qui a demandé et depuis longtemps que Sfax puisse avoir une galerie d’art. Il a eu l’occasion d’êtres parmi les fondateurs de l’ex-Ecole des beaux-arts de Sfax, convertie à présent en Institut supérieur des arts et métiers, comme il a été parmi les précurseurs qui ont exposé à l’inauguration de la galerie municipale à Sfax en 1998.



Extrait de l'article Dr Fetah Ben Ameur (Maître-assistant à l’ISAMS, Chercheur en histoire de l’art tunisien et arabe Critique d’art et membre du bureau de l’Union des plasticiens tunisiens). Pour lire l'intégralité de l'article paru au journal numérique "Leaders"