Hier 7 avril, une scène du temps des années de
fer et de plomb du dictateur inculte ZABA, mise en scène et produite par le pouvoir
nahdhaoui, exécutée par la même junte
policière de répression, a eu lieu Avenue Habib Bourguiba. Les victimes, cette
fois-ci, sont des jeunes diplômés en chômage venus de toutes les régions du
pays pour dénoncer, suite à un appel lancé par leur Union, l’immobilisme du
gouvernement et son insouciance quant à leur seule revendication légitime :
le travail. Ces jeunes n’ont fait que scander dans l’Avenue Habib Bourguiba :
"l’emploi, un droit", " Pas de peur, pas d’effroi, le pouvoir
est au peuple"…
Prétextant
que cette avenue est interdite aux manifestations depuis peu, la police antiémeute a brutalement réprimé
et agressé physiquement les manifestants en utilisant tout son arsenal pour briser
cette manifestation pacifique. On déplore une cinquantaine de blessés. Les
forces de police ont eu recours aux matraques et au gaz lacrymogènes pour
disperser les manifestants.
Nous condamnons avec force cette dérive policière
et
nous rejetons toute la responsabilité de
cette répression policière excessive sur le
premier responsable de la sécurité qui a certainement donné l’ordre à la police d’utiliser
la violence pour mater la manifestation des jeunes chômeurs. Rappelons que le
Ministère est à l’origine de ce désordre eu égard à son interdiction abusive et
provocatrice des manifestations Avenue Habib Bourguiba, symbole de la
libération de la Tunisie de la dictature de Ben Ali et de son appareil de
répression.
Cette démonstration de force de la part de la junte policière
est un prélude, une répétition pour le 9 avril, jour « J » .
Nous soutenons, sans réserve, l’Union des
diplômés chômeurs ainsi que la Centrale syndicale (UGTT) dans cette grave crise
avec le gouvernement et nous appelons toutes les forces vives de la Nation à
condamner ces actes de violence prémédités de la part du pouvoir dans le but
d’intimider les organisateurs de la grande manifestation du 9 Avril.
Le pouvoir politique
est autiste. Ce comportement antirépublicain
annonce un durcissement et une fascisation du pouvoir, preuve de son échec
cuisant à gérer le pays.
Nous mettons en garde ces apprentis de la
politique contre une mise en place progressive
et ordonnée d’une dictature fasciste. L’échec patent et humiliant de la Troïka
pour trouver des solutions aux problèmes
économiques et sociaux de la Tunisie et particulièrement à ceux du chômage, n’autorise nullement l’autorité provisoire à humilier le peuple
tunisien à travers ses jeunes chômeurs.
Nous comprenons les désillusions de la «fausse
victoire» nourrissant les frustrations
du nouveau pouvoir mais nous refusons le complot contre nos acquis de libertés
et de démocratie.
L’Assemblée Nationale Constituante (ANC) doit condamner ce dérapage
contraire à l’esprit du changement démocratique du pays, dénoncer sans ambigüité le comportement non
républicain de l’appareil policier et diligenter immédiatement une enquête
indépendante sur les évènements du 7 avril courant afin d’arrêter les
responsabilités et punir les coupables. Faute de quoi, l’ANC érodera un peu
plus sa légitimité et s’isolera à jamais. Nous interpellons la
Constituante par ces mots adaptés de Paul Verlaine: « Dites, qu’avez-vous
fait, vous que voilà, de la jeunesse ?»
Mustapha
STAMBOULI, républicain