
Aux dires de Houssine Dimassi, ministre des finances
démissionnaire, la question d’indemnisation des ex-prisonniers politiques est principalement
à l’origine de sa démission : «Ces dépenses étrangleront les finances
publiques vu le grand nombre des bénéficiaires et le niveau des
indemnisations». Houssine Dimaasi critique une loi expéditive qui ne tient pas compte
des difficultés économiques et financières dans lesquelles se trouve le pays.
La Ligue tunisienne des droits et libertés (LTDL) estime que
la fourchette des personnes emprisonnés sous la dictature de Ben Ali est de l’ordre
30 à 45 mille personnes. C’est énorme !

Le montant global de ces indemnités peut se chiffrer à trois
milliards de dinars et non un milliard de dinars comme le prétend le présent
gouvernement provisoire. Aucune étude sérieuse n’a été réalisée sur cette
question. Il n’est pas étonnant que l’estimation grossière de l’administration
soit multipliée par pi (3,14) en définitive. Cette somme colossale, si elle est
disponible, doit être utilisée en priorité pour la création d’emploi par la
formation qualifiante, le désenclavement des zones d’ombre et la dotation des
« zones marginalisées » des commodités de vie comme l’eau, l’électricité ou le logement digne pour tous.

L’ANC serait-elle sourde pour ne pas tenir compte des
avertissements et des avis des spécialistes qui tirent la sonnette d’alarme ?
: «Les équilibres budgétaires de l’Etat sont en danger ». Passer outre ces
avertissements constitue une faute grave qui pourrait coûter cher à la Tunisie
qui verra sa note souveraine dégringolée pour toucher le plancher.
Pourquoi voulez-vous que les familles tunisiennes paient
entre 500 et 1000 pour indemniser ces anciens prisonniers d’un régime
dictatorial ? On peut comprendre si le gouvernement rapatrie l’argent volé
par ZABA estimé à 20 milliards de dollars US et qu’il s’en sert pour créer un fonds
d’indemnisation des ex-prisonniers. Le plus triste et révoltant, le
gouvernement Jebali serait tenter d’épuiser les réserves des fonds spéciaux consacrés
aux événements exceptionnels et d’urgence telles les inondations, sécheresse,
catastrophe naturelle.
La gestion des affaires publiques par le régime provisoire
se caractérise par l’opacité, l’incompétence avec une forte dose d’arrogance et
de mépris des tunisiens de tunisiennes.
Dans les pays réellement démocratiques, le principe de transparence accède aujourd’hui
à un statut relevant de la sacralité. La
transparence s’associe à cinq éléments qui sont la légalité, la
moralité, la véracité et l’intelligibilité, le contrôle et la
responsabilité, l’honneur. Les gens qui nous gouvernent aujourd’hui sont à
à mille lieux de ces valeurs.
Il n’est pas étonnant si la société civile déclare et
organise la désobéissance civile pour faire respecter la dignité des tunisiens
et des tunisiennes.

Beaucoup de commentateurs qualifient cette question
d’indemnisation de choquante et inapproprié. Nous, nous disons que c’est une goujaterie ! Le 23
octobre prochain, jour de la fin de la légitimité électorale, il ne serait pas
étonnant que le peuple à travers le prochain gouvernement de la dernière
transition procèdera à une enquête pour détournement de fonds publics qui
viserait l’exécutif et l’ANC.
Mustapha STAMBOULI