La
désignation à la hussarde par le « Dialogue National » de MEJO pour
occuper les fonctions de Chef de gouvernement nous rappelle étrangement
l’installation de ZABA à Carthage par un certificat médical magouillé. Deux méthodes pas très orthodoxes !
ZABA placé au sommet de l’Etat suite à un coup
d’Etat médical, MEJO quant à lui, investi par un process « hiwariste».
MEJO comme ZABA a la cinquantaine au moment du fait :
jeune et beau en comparaison avec les
vieux de 87 et de 2013 ! En 1987,
l’Occident avait besoin de
sécurité dans sa zone d’influence, aujourd’hui, d’énergie surtout solaire pour ses usines et ses
Métropoles. Deux cheminements en apparence dissemblables mais qui démontrent l’identité de l’objectif et de la stratégie : imposer
diplomatiquement un homme aux plus hautes fonctions techniques pour bien
maitriser les dossiers, le parachuter par la suite Premier ministre –passage
obligatoire pour ZABA pour avoir les rênes du pouvoir, MEJO, pour mettre en
œuvre la feuille de route du commanditaire. La Kasbah lui offre tous les
pouvoirs puisqu’il deviendra Chef du gouvernement avec toutes les prérogatives
de la fonction sans aucun contrôle - donc un autocrate désigné.
ZABA a été
formé, formaté par les services secrets occidentaux pour faire de lui un homme
efficace dans la sécurité militaire et civile. MEJO, quant à lui, a été mis à
niveau par les multinationales de l’énergie pour faire de lui un grand connaisseur
des énergies surtout non conventionnelles.
N’oublions
pas qu’une grande partie de la classe
politique avait soutenu ZABA après son coup d’Etat et son installation à
Carthage. Il n’est pas inutile non plus de rappeler les déclarations des uns et
des autres. Le gourou islamiste n’avait-t-il pas dit aux dires du Tartour :
« J’ai confiance en Allah et en Ben Ali ». Et Tartour lui-même : « Le
climat politique qui règne en Tunisie est fondamentalement différent de celui qui prévalait jusqu’au 6 novembre
87. C’est un climat empreint de détente et du sentiment qu’un lourd fardeau a
disparu. Le changement intervenu depuis est vécu dans la liesse … ».
Comment deux hommes ayant des responsabilités politiques et civiles dans
l’opposition pouvaient-ils soutenir publiquement un homme des services secrets
étrangers comme ZABA ?
26 ans après, le même phénomène se reproduit lors de la
désignation de MEJO à la primature : "Enfin la fumée blanche: Jomâa
-plébiscité- chef du gouvernement", titrait le journal Le Temps.
"Enfin le Mehdi attendu est venu", titre de son côté le journal
Attounsia. Au-delà du ridicule et des références empruntées à divers
monothéismes, (union sacrée) …, l’establishment et ses relais médiatiques
thuriféraires n’ont guère évolué depuis le ras-le-bol populaire.
Ceci côté
cour, regardons côté jardin !
Que peut faire un gouvernement dont le plan d’action est
balisé par : i- une loi de finances truffée de pièges et de bombes à retardement, ii- une
feuille de route trop exigeante élaborée par le dialogue national, iii- un
cadrage macro-économique strict établi par le FMI & Cie ? Comment
Mehdi Jomaa compte-t-il réviser cette
maudite loi de finances sachant que la Constituante ne sera pas trop
accommodante surtout si la Constitution est approuvée par voie de vote interne
sans passer par le référendum ? Non, l’objectif de la désignation de MEJO à la primature n’est qu’un
stratagème pour offrir à ce dernier
l’occasion de se faire connaitre au grand public et se préparer pour le
prochain mandat en tant que Chef de
gouvernement à part entière ou président de la Eépublique en utilsant un processus de désignation similaire. Un contrat à durée limitée débouche forcément sur
CDI !
La phase actuelle, profondément politique, suppose un homme
ou une femme très expérimenté (e) politiquement. Or que lit-on sur le cv de
Joma ? Des performances techniques dans la mécanique ! Le politique se résume à
un passage dans le gouvernement dégagé sous la pression populaire et à une
rencontre fortuite avec le sixième Calife ! De qui se moque-t-on ? Le peuple
accepte le départ des islamistes mais il n’a pas encore dit son dernier mot sur
cette mascarade de nomination bénie par l’ambassadeur d'’Allemagne et la
Communauté Européenne.
En définitive, cette mascarade émanant du faux pouvoir nous
met tous mal à l'aise… Comment Mehdi Jomaa accepte-t-il d’être introduit chez
tartour par le gourou ? Ali Laarayedh a démissionné parce que le peuple s’est
révolté contre sa politique et sa loi de finances : une autre fuite sans exil
et sans honneur. Jomma aurait dû conditionner son acceptation de la
responsabilité à la mise à bas de cette loi par la « deconstituante. Rien ne va
arrêter le peuple dans sa contestation tant que ce minable « traité
d’oppression» ne sera pas aboli.
Mustapha STAMBOULI