17 décembre 2012

Le Drame tunisien : «l’effet de ciseaux » est-il une fatalité ?


Mohamed Mabrouk, économiste et professeur universitaire a publié un commentaire pertinent à partir des publications de l’Institut National de la Statistique (INS) sur le dérapage du financement extérieur de la Tunisie. Le transfert de devises au est passé de quelques centaines de millions de dinars à plus à 3,5 milliards de dinars en 2011 avec une forte probabilité de dépasser les 4 Milliards en 2012. L’origine de ce  dérapage est constituée essentiellement par les dividendes exponentiels des IDE non exportateurs ou exportateurs partiellement. Pour faire ressortir cette absurdité héritée du régime de ZABA et poursuivie par l’actuel pouvoir, Mabrouk a retracé aussi l’histogramme des recettes en devises qui sont devenues négatives à partir de 2011. Ces recettes ont atteint les 2 milliards en 2005 et sont devenues négatives (-1,3 Milliards en 2011 avec possibilité de descendre à – 2 milliards en 2012).
La Tunisie vit une situation chaotique et risque « l’effet de  ciseaux » qui aboutira à l’effondrement financier du pays.

La faillite est inévitable et il faut se préparer au pire. Le phénomène d’exportation des devises au titre des bénéfices des IDE, surtout après la cession de plusieurs entreprises tunisiennes à des pays golfiques est devenu insupportable et crée un réel déséquilibre aux agrégats économiques du pays. Il est fort probable que la BCT ne sera plus en mesure de trouver des devises pour boucler le trou de la balance des paiements particulièrement après la dégradation de la note de la dette de la Tunisie à «BB+», par l’Agence de notation internationale Fitch Ratings, accompagnée de perspectives négatives. L’avenir est sombre et la machine infernale ne va s’arrêter sans casse.

Une authentique révolution est une exigence historique pour mettre fin à cette gestion calamiteuse des affaires publiques. Des réformes structurelles sont nécessaires en particulier concernant les avantages accordés aux IDE non exportateurs, source de blanchiment d’argent sale et fuite des capitaux vers l’étranger. L’appauvrissement de la Tunisie est amorcé et aboutira in fine à faire des tunisiens et tunisiennes des esclaves du système mafieux international.

Pourquoi le gouverneur de la BCT minimise-t-il la dégradation de la note de la dette de la Tunisie à «BB+» par l’Agence de notation internationale Fitch Ratings ? Aurait-il la même réaction si la note avait été améliorée par la même agence ? Cessons de justifier l’injustifiable. Tous nos paramètres financiers et économiques sont au rouge et nous risquons la banqueroute à n’importe quel moment en raison de nos politiques incohérentes et d’un exécutif incompétent dans son ensemble.

Qu’attendons-nous pour sortir le pays de l’impasse ? Le défi est surmontable si nous osons mettre un processus de conférence nationale souveraine en place qui aurait pour charge d’installer un exécutif compétent et un agenda de sortie de crise. Le temps est compté.

Nous donnons une liste non exhaustive des  Mesures à prendre d’urgence avant  la banqueroute annoncée et la faillite à la grecque :
(i)         Supprimer la Caisse de compensation et cibler les aides aux familles nécessiteuses,
(ii)       Suspendre le remboursement de la dette),
(iii)     Réduire substantiellement les frais de fonctionnement des administrations,
(iv) Dévaluer officiellement le dinar au moins de 20% pour réduire substantiellement les importations inutiles,
(iv)       Supprimer les avantages pour les IDE non exportateurs réduisant ainsi le déficit de la balance des paiements,
(v)         Introduire une fiscalité plus juste mais stricte,
Les niches pour réduire les dépenses sont nombreuses et faciles à identifier, Il suffit d’avoir la volonté et bien expliquer au peuple la stratégie de sortie de crise.

Mustapha Kamel Nabli est en mesure d’apporter des idées neuves et de mener les réformes sans atteindre la rupture.

Nous lançons un appel solennel à tous les patriotes ayant une compétence-expérience certaine en matière politico-économique à l’instar de Mansour Moalla, Rachid Sfar, Ahmed Ben Salah, Mustapha Filali et tant d’autres pour lancer une initiative salvatrice afin d’éviter à la Tunisie la faillite et la banqueroute ? Il faut dépasser maintenant le stade du constat et de l'inventaire pour aller vers les solutions ! A notre avis, une conférence nationale souveraine des Forces Vives de la Nation mettrait fin à ce désordre et installerait une dernière transition, porteuse d’optimisme et de solutions pérennes.

La Tunisie est en danger. Nous sommes tous responsables de ce qui pourrait arriver à notre pays. Le peuple ne pardonnera jamais aux responsables du chaos et à tous ceux qui ont participé à ce désordre généralisé et intégral par leur silence mortel.

Mustapha STAMBOULI